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LE PRÉSIDENT DU HCI FAIT (DÉJÀ) PARLER DE LUI

Trois phrases et mille dégâts

Dans tous les cas, il a failli à tout et dans tout et ses propos ont l'air d'une bombe qui ne manquera pas de faire quelques dégâts.

Bouabdellah Ghlamallah qui a été nommé, il y a trois mois à peine, président du Haut Conseil islamique, et sans même ôter les chaussures, a mis les deux pieds dans le plat. Inconscience? Mauvaise appréciation des choses ou seulement propos d'un vieillard fatigué? Dans tous les cas, il a failli à tout et dans tout et ses propos ont l'air d'une bombe qui ne manquera pas de faire quelques dégâts.
Déjà, et en attendant celle des personnes accusées qui ne doit pas tarder à mon avis, une première réaction est là: le fils de feu Boudiaf (Allah yarahmou) a interpellé Ghlamallah pour «l'aider» à rouvrir le dossier de l'assassinat de son père.
Mercredi dernier, à une question sur l'école algérienne, l'ex-ministre des Affaires religieuses et non moins actuel président du HCI, a répondu à côté. Mais le problème n'est pas là. Il aurait critiqué l'entraîneur de l'Equipe nationale de football, par exemple, ou parlé de Boko Haram en guise de réponse à cette question que l'on aurait, au mieux, souri, au pire, dit quelque chose de pas bien sur la désignation de certains à des postes supérieurs et puis on aurait vite oublié car cela n'aurait pas été la première fois. Certainement pas.
Mais au lieu de cela, l'invité du forum d'El Chaâb a répondu à peu près ceci: «L'école fondamentale commençait à porter ses fruits. Vous n'avez qu'à voir ceux qui ont passé le bac en 2008 et en 2009, s'il y en a un qui a échoué qu'on me dise où il est. Et au moment où l'école était réellement nationale et contribuait à la construction nationale, ceux qui ont ramené le président Boudiaf lui ont fait dire que l'école était sinistrée, moins d'une semaine après, ils l'ont tué.» Trois petites phrases qui comportent énormément de problèmes et soulèvent autant de remarques. Erreurs, fausses informations, diffamation, mauvaise analyse, propos hors sujet avec, s'il en est, faillite au devoir de réserve et j'en passe.
Commençons par le début. «L'école fondamentale commençait à porter ses fruits.» Première phrase, première contrevérité. Tel un mauvais arbre, l'école fondamentale n'a jamais porté de fruits et on veut pour preuve qu'elle fut vite enterrée. Si elle avait porté ses fruits je doute qu'on l'ait suivie de mille réformes depuis. Mais lorsqu'on a été ministre, aussi longtemps que Ghlamallah (15 ans), je crois que cela devient un réflexe que de vouloir défendre les actions du gouvernement, même lorsqu'elles sont reconnues par leurs pro-
pres initiateurs comme leurs pires échecs.
Ensuite, et pour soutenir sa première idée, il avance: «Vous n'avez qu'à voir ceux qui ont passé le bac en 2008 et en 2009, s'il y en a un qui a échoué qu'on me le ramène.» Autre phrase, autre non-sens. D'abord, on perçoit chez l'orateur une conception totalement déplacée de la réussite de l'école. Il juge excellente l'école où tout le monde réussit, ce qui est une vision atrophiée de l'école et de son rôle. Ensuite, ceux qui ont passé le bac en 2009 étaient au nombre de «245 929 candidats, et seulement 110 759 ont eu leur bac» avait alors déclaré M. Khaldi, alors SG du ministère de l'Education nationale. Soit, un taux de réussite de 45,04%. L'année 2008 avait connu, quant à elle, un taux de réussite de 53,19%. Alors, en faisant un petit calcul, ceux qui n'ont pas réussi leur bac en 2008 et 2009 avoisinent les 250000 élèves, soit près de la moitié des inscrits, en disant que s'il y a un seul qui a échoué qu'on lui dise où il est, l'ex-ministre des Affaires religieuses ne semble pas parler de notre pays ni de notre continent ni même de notre monde. Pourquoi a-t-il dit cela? Allez comprendre. De toute façon, une idée fausse soutenue par une autre qui est tout aussi fausse, cela donne une aberration, un non-sens, du n'importe quoi. Un responsable du Haut Conseil islamique devrait éviter de tenir de tels propos. Pour lui d'abord et pour l'institution qu'il représente.
La troisième phrase est la meilleure sur le plan de la construction, du sens et surtout des implications. «Et au moment où l'école était réellement nationale et contribuait à la construction nationale, ceux qui ont ramené le président Boudiaf lui ont fait dire que l'école était sinistrée, moins d'une semaine après, ils l'ont tué». D'abord, signalons que l'école n'était pas réellement nationale parce qu'une «école nationale» de ce prisme-là, cela ne veut absolument rien dire. Elle ne participait pas non plus à la construction nationale car, elle était en recul et vraiment sinistrée. D'ailleurs, l'insuffisance du taux de réussite était imputé à l'école fondamentale «Ce recul des résultats du bac est essentiellement dû au fait que les candidats ont eu un parcours scolaire particulier, expliquait Khaldi. Ce sont les derniers élèves de l'école fondamentale, la plupart d'entre eux étant des recalés durant l'examen de passage au secondaire pour l'année 2005». Ceci d'une part, d'autre part, quelle relation a donc fait Ghlamallah dans sa réflexion pour passer de l'école à Boudiaf (Allah yarahmou)? Est-ce qu'il n'avalait pas que feu Boudiaf disait de l'école qu'elle était sinistrée? Elle l'était. Tous les Algériens le savaient et tous le disaient haut et fort. Il n'y a, apparemment, que l'actuel président du HCI qui la voyait autrement. Et puis, même si on lui concède qu'elle ne l'était pas, juste pour lui faire plaisir, en quoi cela interpelle-t-il Boudiaf? Mais il n'y a pas que Boudiaf, il y a aussi ceux qui, dit-il l'ont ramené et l'ont tué. Sait-il seulement combien d'écarts de langage, de raisonnement, de tenue, de réserve, d'éthique, etc... a-t-il commis en disant cela? Une diffamation à l'endroit de deux ou trois personnes dont il n'est même pas besoin de dire les noms tellement elles sont clairement identifiées puisque tout le monde sait qui a ramené Boudiaf. L'ont-ils briefé sur l'école? Tout le monde sait aussi que feu Boudiaf ne se faisait pas briefer par ceux auxquels Ghlamallah fait allusion. Accusation gratuite? Jusque-là, toutes ces erreurs et tous ces écarts ne sont pas très graves. Ce qui l'est cependant, ce sont les derniers mots de Ghlamallah. «Ils l'ont tué!» en réalité il a dit «ils l'ont sinistré» (nakbouh!). D'abord ce n'est pas correct de parler d'un ancien président de notre pays de la sorte en disant qu'ils l'ont sinistré. Ensuite, pour ce qui est de l'accusation d'assassinat, je crois que les propos sont tellement clairs et compréhensibles que la justice devrait s'autosaisir pour écouter celui qui semble détenir quelques secrets à propos du sujet. Bien entendu, si cela aide à connaître la vérité c'est tant mieux, mais s'il s'agit de propos d'un vieillard fatigué, qu'il quitte la scène publique au moins. Au moins cela!

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