Deux ans fermes pour injures contre son papa

Autant l’inculpée s’avançait vers la vérité, autant la magistrate se réjouissait. Des comportements de ce genre, avaient un écho favorable du côté du tribunal.
Ce grave délit n’est jamais le bienvenu pour nos juges du siège. La jeune fille inculpée dans ce dossier n’était pas bien dans sa peau. La juge était en forme.
Elle demande à la détenue si elle était prête à rendre compte de ses actes ce jour ou non. Akila acquiesça, et se dit disposée à être jugée aujourd’hui «car, dira-t-elle, je n’ai pas dormi en détention, et à chaque fois que je pense à ce que j’ai fait, j’en perds le sommeil et, sans compter, l’appétit.» À la 1re question pourtant, la jeune Akila allait emprunter un chemin qui n’était pas le sien : «Dites-moi un peu à quel moment votre coup de poing est parti sur le visage de votre père ?» Interrogea la juge qui ne s’attendait pas à la réaction du père :
—-Quoi ? Quoi ? Si elle avait levé la main sur moi, elle aurait regretté d’être venue au monde, en 2005 ! Elle m’a seulement dit qu’elle allait m’abattre si je ne donnais pas mon accord pour son prochain mariage !» s’écria le papa, révolté par les assertions de la fille qui faisait non de la tête depuis le début.
—-Calmez- vous, hadj, jj’ai posé la question à l’inculpée, et c’est à elle, seule, de répondre», coupa le président ravi de la démarche suivie qui allait donner ses résultats, et plus vite que l’on y pensait... Puis, elle attendit la fameuse et libératrice réponse de la jeune fille qui ne tarda pas :
«Ma mère n’a jamais parlé de coups au visage ou dans n’ importe quelle autre partie du corps.
D’ailleurs, elle vient de vous le confirmer. Certes, j’ai prononcé des mots durs à son encontre, mais j’ai vite saisi le fait que je n’aurais jamais dû lâcher de tels mots horribles. Je regrette amèrement, et si je dois retourner, eh bien ! Soit ! Au moins, j’aurais apaisé ma conscience et donc, je pourrais dormir tranquille et débarrassée d’un poids lourd à supporter. Pardon ! Maman, je sais que tu as bon cœur, et que tu me pardonneras, mon geste fou, celui d’avoir agressé papa !» pleure l’inculpée, qui n’a pas jeté un œil en direction du paternel durant tout le monologue qu’il vient de réciter. C’est là le signe des regrets, annoncés peut-être à temps pour réparer les gros dégâts commis par la «gamine» et par le père.
La juge est restée bouche-bée devant ce déluge de mots débités par Akila, à un rythme infernal et presque sans ponctuation. Elle est restée interdite car à entendre la petite fille, on aurait cru à une dispute entre gamins ! Avant de se trouver nez à nez avec la jeune inculpée, la présidente regarda bien la tête du père visiblement abattu par ce qu’il lui arrive à soixante – huit ans ! Elle le dévisagera durant une poignée de secondes puis lâchera sans trop réfléchir «Hadj, a-t- on attiré votre attention pendant le dépôt de plainte au commissariat ? Vous a-t-on dit le risque que vous preniez en poursuivant votre enfant ? Attention !
Le ministère public suit les plaintes de toutes natures !
Le paternel bouge la tête de haut en bas, signe évident qu’il a bien compris la question... Il confirma tous les propos déversés devant la police.
Passant la parole au parquetier qui se contentera de parcourir quelques passages des articles 287, 297 et 299 du code pénal, et réclamera une peine d’emprisonnement ferme.
Prenant toutes les précautions du monde, l’avocat pria la présidente d’accepter les regrets et excuses de l’inculpée, que les murs ont réveillée. Elle refuse d’excuser tout ce qu’ avait fait la gosse, et réclamé une forte peine d’emprisonnement, certes, «mais assortie du sursis ! « Vous aurez fait acte de magnamité !» souffla le conseil. Après quoi, le juge prit les dispositions qu’il fallait, décida de juger sur le siège, et infligea une peine d’emprisonnement ferme de deux ans à l’inculpée, coupable de coups et blessures volontaires à l’encontre de son papa, qui a confirmé la plainte !