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Un art que la patine des siècles a rendu plus sublime

Et lorsqu'il n'y aura plus aucune trace de ceux qui, par leur pouvoir ou leur argent, dominaient le monde, lorsque le corps de tous les puissants d'aujourd'hui ne sera que poussière, et enfin lorsque l'oubli effacera des mémoires jusqu'à l'existence de ceux-là, on continuera toujours à vivre sous l'enchantement merveilleux de cet art musical.

Mokhtar Hadj Slimane est venu à l'écriture comme par hasard. Et comme le hasard fait...Vous devinez le reste... Surtout qu'il ne me faut pas provoquer l'ire de ceux qui m'ont à l'oeil et qui s'affolent à chaque fois que je rends hommage aux patriotes de ce pays...Mes jours sont comptés, semble-t-il. J'ai l'habitude... Je voulais simplement souligner que cet auteur n'est pas sans me rappeler l'intrigue mise en scène dans Le Bourgeois gentilhomme, une comédie-ballet de Molière. En termes décodés, histoire d'éclairer à bon escient mes irascibles «lecteurs bien intentionnés», suivons Mokhtar Hadj Slimane: «Un jour, ma fille m'a demandé de l'aider à faire un exposé sur un sujet encore indéfini. Je lui ai dit d'accord, nous allons en faire un sur notre musique andalouse.» Sitôt dit, sitôt fait et c'est ainsi que l'idée de commettre un livre sur la musique classique tlemcénienne est allée son petit bonhomme de chemin. Avec les chaleureuses félicitations du professeur de sa fille, qui n'est tout autre que Tewfiq Belghabrit, un avis autorisé, et les encouragements de l'élite de la capitale des Zianides, ne voilà-t-il pas que notre bonhomme décide de prendre résolument en charge un talent insoupçonné?
L'auteur, de ce qui deviendra plus tard La musique andalouse à Tlemcen, vous avouera le plus normalement du monde que rien ne le prédestinait à accéder à ce statut, encore moins à écrire un ouvrage dédié à l'ethnomusicologie. S'il n'est donc pas musicologue, il a un argument à faire valoir et de taille convient-il de souligner, car il n'est pas tlemcénien pour rien: «Il y a en mon for intérieur un très grand amour pour cette musique qui constitue pour moi, et pour d'autres comme moi, une identité sociale qu'il faudrait préserver, défendre et promouvoir.» S'agissant du contenu de son livre, il avertit dès le départ que La musique andalouse à Tlemcen n'est ni une oeuvre dans laquelle il défend une thèse ni une approche conçue pour faire jaillir une nouvelle théorie sur la question.
«Plus modeste que moi tu meurs», il ira jusqu'à rappeler à votre bon souvenir son surtitre ainsi décliné: «Recueil d'informations élémentaires sur la musique andalouse à Tlemcen.» Cette modestie clairement affichée est, cependant, battue en brèche par la préface de l'ouvrage que signe mon ami Mohammed Souheil Dib: «Cet ouvrage a le double mérite, d'une part, de s'inspirer de nombreux documents constituant le fonds d'archives de différentes associations musicales, ou de «kunnash» appartenant à des personnes sérieusement instruites en matière d'ethnomusicologie et, d'autre part, de présenter une intéressante synthèse spécifiquement circonscrite à l'école musicale de Tlemcen, à travers des figures qui ont marqué de leur sceau le patrimoine esthétique musical de la vieille cité zianide.» En tentant d'aller aux sources de cette musique ancestrale, Mokhtar Hadj Slimane n'a pas su éviter un écueil, et de taille convient-il de souligner. Surtout lorsqu'il décrète que ce patrimoine nous viendrait du «fin fond de l'histoire arabe» alors qu'il aurait été plus juste de faire la part belle à la quintessence des trois fonds civilisationnels et culturels: arabe, berbère et ibère qui en ont été les éléments constitutifs, fondateurs et moteurs.
Certes, l'argumentaire développé a tenté un soupçon de reconnaissance toutefois vite chahuté par la présentation de Ziryab comme étant «le principal créateur de la forme actuelle de la musique andalouse». En affirmant cela sans ambages, l'auteur omettra de souligner, par conséquent, le rôle joué par Ibn Bajja dans ce cadre précis et les traditions musicales de notre pays héritées de saint Augustin connu, pourtant, pour avoir été l'auteur de plusieurs traités sur la musique. Les emprunts faits à l'historien tlemcénien Ahmed Mohammed Al Maqqari, au fondateur de la sociologie moderne Abderrahmane Ibn Khaldoun ou à l'ethnomusicologue tunisien Mahmoud Guettat ne peuvent nullement occulter cette différence criarde qui existe entre les musiques classiques de l'Occident et de l'Orient musulmans.
D'autres omissions sont à signaler, dans le même ordre d'idées. La similitude entre les écoles de Tlemcen et d'Alger, nous la devons plus particulièrement à l'appartenance des deux villes au royaume des Zianides et au fait que de nombreux andalous de Cordoue d'abord (tombée en 1260) et Grenade ensuite (1492) s'y installèrent. Cela souligné, c'est plutôt Alger qui influença Béjaïa et non le contraire, la capitale des Hammadites ayant longtemps appartenu au royaume des Hafsides de Tunis avant d'être conquise par les descendants de Yaghmoracen.

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