Annaba
Un mois aux us et coutumes atypiques
Avec une relative accalmie de la mercuriale, c’est toujours ce mois où la pure tradition est perpétuée dans tous les sens du terme.

Le Ramadhan est le plus attendu et adoré par les Annabis. Il s'agit d'un mois sacré et béni où l'on observe le jeûne dans le respect des valeurs et des traditions ancestrales qui recommandent la piété et la foi islamique. Si la fièvre des préparatifs s'est emparée des familles, avant son arrivée, c'est parce que son le jeûne se veut être un moment d'expression religieuse, de réflexion et de rapprochement de Dieu et les croyants. À Annaba, à l'instar des autres régions du pays, les préparatifs de ce mois béni ont été dépassés, cédant la place à la spiritualité religieuse. En effet, des journées réservées aux courses pour préparer le F'tour. Après la rupture du jeûne, place à l'accomplissement de la prières surérogatoire (Tarawih). À peine la prière terminée, les mosquées vidées des fidèles qui, après avoir accompli leur devoir, vaquent aux veillées ramadhanesques. Les uns habitués des places et placettes publiques où ils s'y rendent pour siroter une boisson chaude en ce temps frisquet, tout en s'abandonnant à des palabres avec des proches ou des amis. Les autres, adeptes des jeux de cartes et de dominos, créant ainsi une ambiance typiquement ramadhanesque. rappelant ainsi, les années d'antan où les soirées avaient une saveur d'une autre dimension. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui préfèrent veiller en famille ou rendre visite à leurs intimes. Une occasion de consolider les rapports et les liens familiaux, comme recommandé par l'islam. Outre cela, il y a l'aspect culturel qui est l'activité privilégiée des chanteurs et des musiciens de différents genres de musiques avec le malouf et le chaâbi, très prisés dans la ville de Lalla Bouna. Si le Ramadhan et ses nuits sont perpétués dans la pure tradition, c'est parce que les Annabis veillent jalousement à leur préservation. Ni l'usure du temps, encore mois l'évolution, n'ont pu prendre le dessus sur les pratiques ancestrales de la société annabie. Ce mois qui reste sacré dans les faits et les gestes accomplis par les ménagères. Ces dernières qui, tout au long de ce mois, ne laissent rien au hasard. À peine la première semaine du mois sacré écoulée qu'elles entament les préparatifs du repas du 15éme jour. Une tradition transmise de génération en génération pour célébrer la moitié du mois sacré «Leïlet ennouss». Elle intervient cette année avec une clémence des prix. Tout est à la portée de toutes les bourses. Avec l'abondance des produits à des prix accessibles, les ménagères ont un large choix pour préparer un repas copieux, dont la «Chakchoukha» qui reste le plat phare à Annaba. Pour cela, une animation particulière s'est déjà installée dans les commerces, les marchés des fruits et légumes ou autres espaces commerciaux, créant une ambiance exceptionnelle où se mêlent le spirituel et la convivialité. Il s'agit là de l'aspect traditionnel et culinaire où certains faits marqueront l'évènement durant lequel se regroupent la grande famille et les amis pour la rupture du jeûne.
Ce repas vient bien entendu enrichir la table de l'Iftar, avec une multitude de plats copieux et savoureux préparés soigneusement e t où la consommation de la viande devient une obligation, au même titre que la chorba frik «El Djari» et le «bourek». Sans oublier les friandises traditionnelles, notamment la «zlabya» symbole de la dégustation gourmande pendant le Ramadhan. Et comme les jours passent à la vitesse du son, certaines familles ont d'ores et déjà amorcé les préparatifs du 27e jour, «Leïlat El qadr» (la nuit du Destin), et l'achat des vêtements de l'Aïd El Fitr. Réputée pour ses âmes charitables et caritatives, Annaba vit, depuis le premier jour du Ramadhan tout se passe, de la manière la plus agréable tant sur le plan spirituel que sur le plan temporel où la foi des musulmans se traduit par ces actes de générosité et d'entraide, de solidarité envers les couches vulnérables, dans la préservation la plus stricte de leur dignité. En somme, une fois de plus, le Ramadhan est vécu et conçu par les Annabis, comme une fête, une célébration et bien plus, car c'est un événement ponctuel qu'il faut entretenir dans la pure tradition.