Le Conseil des ministres adopte le projet de Constitution
Esquisse de l’Algérie nouvelle
Le nouveau texte de la Loi fondamentale va atterrir à l’APN avant qu’il ne soit soumis à référendum le 1er novembre prochain.

Chose promise, chose due. Le président de la République, qui avait fait de l'amendement de la Constitution un des chantiers majeurs de son début de quinquennat, est sur le point de gagner son pari. La démarche a été minutieuse. Les jalons de ses projets ont été posés pas à pas. Sans précipitation. Le sillon a été tracé pour servir de repère à cette Algérie, confisquée, de retrouver le cours du fleuve dont elle a été détournée. Terminé les mandats qui ouvrent la voie à une présidence à vie. Les garde-fous mis en place la bannissent. La limitation immuable du mandat présidentiel à un seul mandat, renouvelable une fois, comme l'a souhaité le président de la République au lendemain de son élection, met fin à toute tentation de pouvoir autocratique. Le nouveau locataire du palais d'El Mouradia avait annoncé la couleur dans la foulée de son investiture, le 12 décembre 2019. «Je me suis engagé clairement pour mettre en place une nouvelle Constitution qui prémunira le pays contre toute forme d'autocratie...», avait écrit Abdelmadjid Tebboune dans une lettre adressée au début du mois de janvier 2020 à Ahmed Laraba, président du Comité d'experts chargé de formuler des propositions pour une révision constitutionnelle. Le coup de starter de ce grand chantier était donné. Des personnalités: Mouloud Hamrouche, Ahmed Taleb El Ibrahimi. Abdelaziz Rahabi... Des responsables de partis politiques et des figures emblématiques de la révolution algérienne, le colonel Youcef El Khatib, ont été associés à ce projet d'édification d'une nouvelle République. Un Comité d'experts chargé de formuler des propositions, qui a été créé le 8 janvier, dans le cadre de la concrétisation de cet engagement, a remis la mouture de l'avant-projet sur les amendements, le 24 mars dernier. 2 500 propositions ont été formulées par, entre autres, des personnalités nationales, des partis politiques, des syndicats, des associations civiles, des enseignants universitaires... Le président Tebboune avait appelé, lors de la rencontre gouvernement-walis (12 et 13 août), à se préparer pour le référendum de révision de la Constitution, «afin de garantir les meilleures conditions et les moyens matériels et psychologiques à même de permettre au citoyen d'avoir son mot à dire sur l'avenir de son pays». Le projet de révision de la Constitution entre dans sa dernière ligne droite, après un long parcours. Le nouveau texte de la Loi fondamentale sera soumis à référendum le 1er novembre. Une date à la charge symbolique puissante, exceptionnelle, qui coïncidera avec le 66e anniversaire du déclenchement de la révolution. Sans cesse triturée depuis l'accession du pays à l'indépendance, au gré des dirigeants qui se sont succédé à sa tête, la prochaine Constitution doit connaître un certain répit. Son cheminement n'a pas été un long fleuve tranquille. Il sera à l'image de luttes politiques impitoyables, rythmées par les étapes tragiques traversées par le pays et l'ivresse du pouvoir. Le texte de projet de la nouvelle Constitution, adopté hier en Conseil des ministres, constitue une des étapes ultimes qui doit permettre de tirer un trait définitif sur les tentations du pouvoir absolu et tourner définitivement la page sombre de ce passé récent, pour se projeter dans la modernité, l'alternance au pouvoir, la justice sociale...