Conflit en Ukraine
L’accord de paix tarde à se faire

Frustré par la lenteur des discussions autour d’un cessez-le-feu en Ukraine entre la Russie et les alliés atlantistes, le président américain Donald Trump a agité, fin mars, la menace d’une taxation du pétrole russe à l’exportation tant que son homologue Vladimir Poutine continuera à repousser l’accord proposé par les émissaires américains aux rencontres en Arabie saoudite. Moscou a, en effet, posé des exigences relatives, notamment à une levée des sanctions occidentales pour laquelle l’Union européenne renâcle. En outre, Trump a averti le président ukrainien Volodymyr Zelensky qu’il aurait de « gros, gros problèmes » s’il s’avise de rétropédalage sur l’accord consenti des terres rares dont Washington entend s’emparer. Autant de motifs qui ont contraint le président républicain à afficher publiquement son énervement lors d’un entretien accordé, le 30 mars, à la chaîne NBC, et au cours duquel il a évoqué des droits de douanes « secondaires » sur l’exportation d’or noire russe. Sa promesse répétée durant la campagne électorale en novembre 2024 avait été centrée sur la promesse de mettre fin en peu de temps à la guerre en cours entre la Russie et le camp atlantiste, mais les propositions émises par ses émissaires à Riyadh ont semblé beaucoup trop floues pour convaincre les belligérants à souscrire aux exigences du locataire de la Maison- Blanche. Sous la forte pression des Américains, Kiev avait concédé un arrêt sans condition aucune des combats durant un mois, mais Moscou a balayé la proposition, préférant miser sur un moratoire relatif aux sites stratégiques, puis sur une trêve en mer Noire pour la reprise des livraisons de céréales ukrainiennes. Cependant, la Russie avait assorti cette offre par une condition préalable de levée des sanctions, farouchement contestée par les alliés européens des États-Unis.
Ultime coup de tonnerre, le président Poutine a appelé, le 26 mars, à la mise en place d’une « administration transitoire » en Ukraine, sous l’égide des Nations unies, afin d’organiser une élection présidentielle démocratique rendue nécessaire par la fin de mandat étalée de Zelensky. Il s’agit là, dit le Kremlin, d’un pré requis pour de véritables négociations autour d’un accord de paix et de sécurité dans la région d’Europe de l’Est. Déçu par le jugement russe selon lequel Zelensky n’est pas un personnage « crédible », Donald Trump s’entête et affirme que Moscou devra discuter avec lui, qu’il « l’aime ou ne l’aime pas ». Le fait est que Poutine répète à l’envi qu’il reste ouvert « à tout contact » tandis que son porte-parole, Dmitri Peskov, souligne qu’il n’y a « aucun » nouvel échange entre les deux chefs d’État, depuis, et que « rien n’est prévu pour l’instant ». Il est vrai que Trump a d’autres chats à fouetter tant il est persuadé d’une prochaine volte-face de Zelensky sur les terres rares ukrainiennes : « Je vois qu’il essaie de se retirer de l’accord sur les terres rares », constate Trump qui veut se les approprier. « S’il le fait, il aura des problèmes. De gros, gros problèmes », prévient-il, en ajoutant : « Il veut devenir membre de l’Otan. Eh bien, il ne sera jamais membre de l’Otan. Il le comprend, donc il cherche à renégocier l’accord. » Sur le terrain, les combats continuent et l’armée russe avance chaque jour, lentement mais sûrement…