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Ahmed Bensaâda, à L’Expression

«L’Algérie dispose d’atouts majeurs»

L'auteur et analyste politique, Dr Ahmed Bensaâda, décortique pour nous certains aspects des résolutions ayant sanctionné le 7e forum d'Alger des pays exportateurs de gaz (Gecf), ainsi que la déclaration historique d'Alger autour de l'industrie du gaz. Notre interlocuteur estime que le gaz a encore beaucoup de temps devant lui, et que la transition énergétique risque de s'allonger encore pendant longtemps. Il va sans dire, pour Dr Bensaâda, que les énergies dites propres n'ont pas donné satisfaction, pour moult raisons. Écoutons-le.

L'Expression: L'Algérie vient d'abriter un sommet historique du forum des pays exportateurs de gaz. Quelle lecture faites-vous de cet évènement majeur?
A.Bensaâda: L'Algérie a réussi son pari. Le sommet a été un succès grandiose. Ce sommet intervient à un moment très important en ce début du XXIe siècle, sur fond de conflits armés majeurs, dont celui russo-ukrainien, qui a induit de graves répercussions sur les différentes sources d'approvisionnement, notamment sur la sécurité des approvisionnements énergétiques, dont les approvisionnements en gaz. Donc, ce sommet après celui de Doha de 2022, se situe dans une conjoncture géopolitique internationale très particulière, tant pour les pays membres du forum et les pays consommateurs de gaz, notamment les Européens, que pour l'Algérie qui dispose d'une très grande expérience et renommée, en tant que pays producteur et exportateur principal de gaz, et qui dispose d'une importante fenêtre sur le Bassin méditerranéen. Une position géostratégique confortable qui devrait conférer à l'Algérie un rôle primordial dans l'approvisionnement des différents pays du pourtour, pour combler les déficits annoncés en termes de quantités de gaz exprimées sur le marché européen, en particulier. Il s'agit, en fait, des quantités de gaz russe manquantes à cause de l'embargo occidental. L'Algérie a investi des parts de marchés ailleurs en Turquie et même au-delà. Le sommet en définitive, pourrait être le cadre idoine pour fructifier

À votre avis comment le forum pourrait-t-il apporter des perspectives pour les pays membres, en particulier l'Algérie?
En fait, l'Algérie est déjà investie dans un rôle historique de fournisseur énergétique fiable et sérieux, en direction de l'Europe. L'Algérie a entamé très tôt son industrie gazière et elle dispose aujourd'hui, d'un arsenal d'infrastructures, moyens, de ressources humaines qualifiées et très prisées ailleurs, de compétence et un savoir-faire indéniable, qui la projettent déjà dans le futur. Le sommet d'Alger vient de reconnaître son rôle pionnier dans l'industrie gazière mondiale. Sa major vient d'être sacrée par le forum, en lui décernant la médaille de mérite du Gecf. C'est vous dire. L'Algérie dispose d'atouts majeurs incontournables. Elle est dotée de deux gazoducs la reliant à l'Europe, via l'Italie et l'Espagne, sans compter son arsenal flottant de méthaniers et autres qui lui procurent une aisance parfaite, quant à conquérir de nouveaux marchés. Aussi, si on prend l'exemple du projet de gazoduc Algérie-Nigeria, malgré les interférences et le chahutage des parties tierces, dont notre voisin du mal, il reste le plus fiable et le moins coûteux en termes d'investissements et de sécurité.

Justement, le Nigeria, par la voix de son ministre de l'Énergie en visite en Algérie, a réitéré l'engagement de son pays à poursuivre le projet du gazoduc algéro-nigérian. Qu'en pensez-vous?
En fait, c'est très clair. Des deux projets, l'un qui passe par l'Atlantique via une multitude de pays et de situations géopolitiques particulièrement tendues, et l'autre qui passe par un seul pays, le choix est très clair. Il faut rappeler que le projet de gazoduc algéro-nigérian est le plus viable, à tous points de vue. D'abord, il est totalement sécurisé, plus économique et extrêmement prometteur, car il ne présente aucun risque et ne nécessite pas d'investissements déraisonnables pour les deux pays, l'Algérie et le Nigeria. De plus, on note une plus grande cohésion et entente entre les deux pays sur ce projet. Les déclarations officielles les plus récentes sur ce projet, faites dans la capitale algérienne, en marge de ce 7e forum du Gecf, faisant foi.

Quels avantages pourraient en tirer l'Algérie et ses partenaires?
L'Algérie pourrait consolider davantage son statut de producteur et de fournisseur de gaz, en devenant un hub gazier mondial incontournable. En fait, tout le monde est gagnant dans cette histoire. Les Européens vont être approvisionnés en quantités considérables de gaz, via le Nigeria, qui pourrait écouler facilement ses impressionnants stocks, en bénéficiant des infrastructures déjà existantes de l'Algérie. Donc, il y a un gain de temps et de coûts. Aussi, des projets comme celui du Nigeria pourraient aider l'Algérie à exporter du gaz qui n'est pas le sien. Et ce sera tant mieux.

Le président Tebboune a justement évoqué cette question, pour la première fois, appelant ouvertement les pays occidentaux à reconnaître le rôle et la qualité du gaz, en tant que ressource propre. Qu'en est-il exactement?
En fait les énergies propres, telles que l'éolien, le solaire, l'électrique, etc. n'ont toujours pas donné de grandes satisfactions pour le moment. Elles ne peuvent toujours pas remplacer les énergies fossiles, qui ont encore de beaux jours devant elles. Mais dans cette transition qui va tarder, j'en suis sûr, et où les énergies fossiles comme le charbon et le pétrole sont polluants, le gaz apparaît comme la ressource la plus propre et la mieux indiquée pour piloter cette étape transitoire, pendant encore des décennies à venir. En fait, la demande sur le gaz va croître et perdurer encore longtemps, à cause de la croissance mondiale annoncée, dont celle de la Chine qui va englober plus des 20% de la demande mondiale et les pays émergents. Donc, l'Algérie a tout à fait raison, dans ce volet précis, de défendre la filière du gaz comme énergie du futur et d'insister sur les intérêts des pays producteurs et exportateurs de gaz. L'Algérie a également raison de plaider en faveur d'une pratique plus juste et plus équitable des prix du gaz au sein des marchés mondiaux. Il faut savoir que les investissements consentis par les pays dans l'industrie gazière sont assez importants et très lourds. D'où cette injonction qui intervient, à mon sens, à très juste titre. Donc, ce sommet a consacré le dialogue et la concertation autour des volets de la coopération entre les membres du forum Gecf, en vue d'ériger le gaz en tant que ressource accessible pour les pays consommateurs en Europe, notamment. Mais le sommet d'Alger a surtout mis l'accent sur la nécessité de reconnaître, par les pays occidentaux, le gaz comme étant une énergie propre et amie de la nature, qui devra accompagner la transition énergétique future.

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