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IL VEUT REDONNER SA «GRANDEUR» À L'AMÉRIQUE

Jusqu'où ira trump?

A cause de son positionnement populiste et de son discours de campagne menaçant et provocateur, Donald Trump a inquiété plus d'un. Son élection l'a rendu arrogant et périlleux. Mais son action, dès la première semaine, en a fait un acteur politique des plus dangereux dont le monde devrait se méfier.

Beaucoup de choses interpellent déjà, aux Etats-Unis. Sur le plan interne, tout ce qu'il a entrepris jusque-là pose problème. Son inadmissible acharnement à gommer les efforts de son prédécesseur, comportement jusque-là propre aux pays sous-développés, suscite quelques énervements. Sa manière ostentatoire de réserver son premier décret à l'annulation de la réforme d'Obama dans le domaine de la santé, n'est certainement pas du goût de tout le monde, surtout qu'à la place il n'a rien proposé. Sa haine assumée vis-à-vis de la presse et des immigrants vivant sur le sol américain, déstabilise plus d'un de son entourage et le dédain dont il a fait preuve à l'égard des millions de manifestants n'annonce rien de bon.

De mauvais candidat à très mauvais président
Sur le plan externe, non plus, les choses ne sont pas meilleures. Cet incroyable mépris avec lequel il a fait renoncer son pays au Traité transatlantique, cet étonnant manque de respect dans son discours concernant le Mexique, cette manière grotesque de parler de la Chine et de son commerce, ce dédain de l'Europe, ces flèches décrochées à l'endroit de l'Allemagne, ces messages adressés aux mouvements populistes du monde... tout cela pose problème tant aux Américains qu'au reste du monde.
Donald Trump a basculé, en l'espace d'une seule semaine, de mauvais candidat à très mauvais président. Pour l'Amérique et pour le monde, la différence est de taille. Il a beau avoir réussi dans les affaires, cela n'en fait pas un homme capable de présider à la destinée d'un pays comme les Etats-Unis. L'homme n'est pas à la hauteur du poste... il ne fallait peut-être pas le laisser, tout simplement. J'en vois qui, à la lecture de ces mots, se mettent à faire la moue. Et la démocratie? disent-ils. Eh bien, la démocratie, certes, on ne trouvera personne pour s'y opposer. Pas même ceux qui la piétinent jour et nuit. La démocratie, oui, on est tous avec mais, au vu de ce qui se passe de nos jours, je crois que même la démocratie devrait apprendre à trier dans le registre de ses prétendants. Sinon, elle nous en sortira des comme ça. La preuve!
Au regard de ce qui se fait et se défait ces jours-ci de l'autre côté de l'Atlantique, deux questions, deux grandes questions se posent. La première c'est jusqu'où pourrait aller Trump dans sa manière de gouverner? Et la deuxième c'est jusqu'où s'étendra son effet, l'effet Trump, dans le monde? Pour ce qui est de la première question, la réponse peut être très importante parce qu'elle pourrait nous donner des indications sur les limites qu'il pourra s'imposer ou que devront lui imposer ses collaborateurs et les institutions de son pays. La réponse à la seconde question, quant à elle, nous éclairerait sur le devenir du monde dans les prochaines années. En gros, on peut dire que Trump a commencé une véritable déconstruction du travail de ses prédécesseurs. Tant que cela se résume aux gesticulations adressées aux électeurs et destinées à préserver le capital «vote», comme c'est le cas du rejet de la réforme Obama de la couverture de santé, de l'invective à l'adresse des journalistes, des services de renseignements... cela ne concerne que les Américains eux-mêmes et, disons-le, cela ne regarde personne d'autre. Sur ce plan-là, peu nous importe si la démocratie va devoir s'accommoder des mauvais cuisiniers ou si elle va s'avérer capable de les mettre dehors.

Jusqu'où pourrait-il aller?
Mais Trump ce n'est pas seulement cela, c'est aussi tout le désastre qui va avec. Les attaques répétées à l'encontre du Mexique, de la Chine, de l'Europe, des musulmans, des Arabes, des immigrants... et là, c'est déjà autre chose car on est tous concernés. Sur ce plan-là, on se demande s'il va pouvoir aller réellement plus loin que les paroles? Certes, il est passé à l'acte avec la signature de la décision de sortie du TTP (Traité transatlantique de partenariat), mais oserait-il réellement aller plus loin sur les autres points de ses promesses? Certes, il a imposé par force menace à certains constructeurs automobiles de relocaliser en Amérique, mais que pourrait-il faire de plus? Le bon sens dit qu'il ne ferait pas grand-chose! Il est facile de déceler dans le discours de Trump, comme dans celui de tous les populistes, trois éléments essentiels auxquels il s'attache de manière visible: un nationalisme maladif, une idée de supériorité par rapport aux autres et le reproche aux «impurs» d'avoir souillé «la nation». Ce sont les mangeoires de tous les mouvements populistes de nos jours. Des Le Pen aux Trump en passant par tous les autres. Et la liste est longue malheureusement. Les agissements du nouveau locataire de la Maison-Blanche s'inscrivent autour de ces thèmes, tout comme ses discours de campagne d'ailleurs, qui ont gravité autour des mêmes thèmes. Rappeler les entreprises pour produire américain, appeler les Américains à consommer américain, c'est là une ancienne forme du nationalisme que reprend Trump, sans trop savoir qu'elle est dépassée, écrasée sur l'autoroute de la mondialisation par l'interminable flux des marchandises et des hommes. Vouloir rendre l'Amérique encore plus grande et plus forte que jamais, est un des slogans de Trump durant sa campagne et durant son discours d'investiture. Si ce désir demeure légitime pour chaque président, il faut cependant remarquer qu'il existe un cycle de vie par lequel les pays et les nations passent forcément, depuis le début, à la croissance, à la maturité jusqu'à la décadence. Les Etats-Unis sont, au minimum, arrivés au stade de maturité actuellement. Aller plus loin sera désormais difficile. Dans un contexte de compétitivité qu'ils n'arrivent pas à maîtriser, les Américains s'essoufflent et ce n'est pas par des décisions de galerie, comme celles prises par Trump, que l'on peut changer les choses.

Sur le plan économique
Le mur qu'il veut construire avec le Mexique, la promesse d'interdiction du territoire américain aux musulmans, l'expulsion des immigrés... tout cela sert à épancher une grande soif d'accuser les autres d'avoir souillé le pays, sa culture, son histoire...etc. Lorsqu'on a imposé le libre-échange au point d'en faire un paradigme mondial, on ne peut pas, on ne peut plus l'arrêter sur un coup de tête ou par une signature. Le libre-échange est, en quelque sorte, l'autoroute de la mondialisation qui, mine de rien, rapporte aux Etats-Unis des milliers de milliards. Se rétracter, c'est courir au suicide. Trump ne pourra pas, en principe, imposer au monde sa perception des choses. Du moins pas de cette manière car il y va de l'intérêt de chacun et de tous à la fois et si Trump s'attache à l'intérêt de son pays, on ne voit pas ce qui empêcherait les autres responsables de faire de même. Ce qui inquiète dans tout cela, c'est la manière musclée utilisée par le nouveau président des Etats-Unis. Certes, lorsqu'on est à court d'arguments, on utilise la force, mais pas dans ces choses quand même! Obliger les entreprises à produire en Amérique est une grande erreur. Il faudrait être en mesure de leur assurer les conditions de leur compétitivité, ce qui nécessite un ensemble de paramètres comme la réaction rapide aux changements de l'environnement, la flexibilité, l'innovation, l'accès à la technologie, la réduction des coûts, etc. D'ailleurs, c'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'invitation lancée aux chefs d'entreprise auxquels Trump a promis de «réduire les réglementations fédérales de 75%, peut-être davantage». Encore une gesticulation qui ne veut rien dire, ou presque. Or, si l'environnement des affaires aux Etats-Unis aide par endroits (innovation, technologie...), il n'en demeure pas moins que, sur d'autres plans, comme les coûts surtout, il sera très difficile à Trump et à quiconque d'autre que lui d'assurer un niveau compétitif à ces entreprises. Dans un pays où le revenu mensuel moyen par habitant dépasse les 4200 dollars, c'est-à-dire 2,5 fois celui de la Corée du Sud, 4 fois celui du Mexique, 9 fois celui de la Chine et 30 fois celui de l'Inde. On voit mal comment dans ces conditions, les entreprises produisant aux USA pourraient être compétitives. Aussi, l'effet du populisme et des promesses vides passé, il se pourrait que beaucoup d'entreprises trouvent la parade pour aller voir ailleurs! Sur le plan des relations iternationales, le nouveau président accumule trop d'erreurs stratégiques. De son attaque frontale de la Chine, à son mépris dit et redit du Mexique, à ses propos malvenus sur les musulmans et sur l'Europe, tout n'est que, au mieux, paroles en l'air, au pire, agissements inconscients et même dangereux.

Sur le plan des relations internationales
Si le Mexique a pu attirer un ensemble de constructeurs automobiles, c'est parce qu'il a des atouts à faire valoir par rapport à ses concurrents. Ses atouts sont toujours là, ils continueront à attirer et serviront à produire dans une bonne qualité et à meilleurs coûts. Finalement, Trump n'aura fait qu'empêcher quelques entreprises de profiter d'un territoire compétitif et les confiner dans un autre beaucoup moins intéressant. Mais en attendant que Trump se réveille, le Mexique pourrait souffrir d'abord du manque à gagner causé par ces décisions déplacées et, ensuite, il aura à peiner aussi à cause des dépenses engagées pour améliorer la situation des entreprises installées au Mexique et celles qui allaient y venir. La construction du fameux mur est un geste de mépris qui aura sans doute des conséquences dans les relations entre les deux pays. Quant à faire payer le mur au Mexique, cela relève de la folie, tout simplement. Quand on connaît les intérêts des Américains dans les pays arabes, on comprend mal le comportement du nouveau président. Entretenir des propos sur les Arabes et les musulmans, comme il l'a fait, devra jeter ces derniers dans les bras des Chinois et des Russes. Ce qui ne devrait pas manquer de le faire réfléchir à ses propos avant de se laisser aller aux discours de souk. Le seul problème c'est que les Arabes ne font rien pour se défendre. Ils préfèrent applaudir leurs bourreaux. Quant à provoquer la Chine dans une question aussi sensible que la mer de Chine, le mieux que l'on puisse souhaiter c'est que le président américain se rétracte et comprenne la nature du terrain sur lequel il s'est aventuré. On ne parle pas à la Chine comme on parle au Mexique. Ses conseillers devraient le lui dire. Ils l'ont certainement déjà fait. Sans doute que Trump ne croit qu'en la force, cela donne d'ailleurs une bonne idée sur sa propre vie, mais il est déjà arrivé dans l'histoire des hommes et des nations que le bâton se retourne contre son bonhomme. Alors attention où l'on met les pattes! Quel sera l'effet Trump? C'est surtout du côté de l'Europe qu'il faut regarder. Les mouvements populistes européens se sont rencontrés pour constater que, de nos jours, dans le sillon de ce qui s'est passé en Amérique et devant le recul des valeurs et des hommes, leur idéologie insalubre peut vaincre. Beaucoup de mouvements sont donnés partants avec de bonnes chances pour les prochaines élections. En Autriche, en Allemagne, en France, aux Pays Bas,... la cloche du populisme sonne dans le ciel européen. Il faut juste attendre quelque temps pour voir.

De Quoi j'me Mêle

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