Visées et manipulations
En affirmant à Antony Blinken son intention d’attaquer Rafah, « avec ou sans le soutien des Etats-Unis », le Premier ministre Netanyahu confirme le dessein de la droite ultra-orthodoxe sioniste de rendre impossible la création d’un Etat palestinien. Cette droite s’efforce, depuis des décennies, d’accroître les colonies dans les territoires palestiniens occupés, diviser les factions palestiniennes et, depuis le 7 octobre, mener un génocide contre la population de Ghaza. Tirant profit de l’absence d’une instance palestinienne unifiée et donc de l’inutilité des négociations de paix, Israël a entrepris une guerre d’extermination, censée légitimer le rôle d’un Netanyahu largement discrédité au sein de l’opinion sioniste. Aussi, l’objectif est utopique tant la résistance de Ghaza s’avère héroïque, face à une communauté internationale réduite à l’impuissane par l’allié américain. Si Netanyahu espérait parvenir à une nouvelle Nakba, le refus catégorique de l’Egypte et de la Jordanie le contraint à déchanter. Les Palestiniens de Ghaza n’iront nulle part et tenter de faire croire, comme le fait Blinken au Moyen-Orient, que la population civile est « victime » du Hamas relève de la manipulation tant il est évident que cette population s’identifie entièrement au mouvement de résistance contre l’agression barbare sioniste, soutenuepar la machine de guerre américaine.
Sans doute, les crimes abominables qui se déroulent à Ghaza et en Cisjordanie occupée vont-ils laisser une empreinte indélébile dans la mémoire des Palestiniens et, avec eux, des peuples arabes et musulmans. Cela est d’autant plus vrai que tous les plans concoctés par le médiateur autoproclamé que sont les Etats-Unis ont échoué, à cause du régime d’apartheid sioniste conjugué à une politique d’extermination, d’une part, et du statut de Washington qui est juge et partie prenante du génocide en cours, d’autre part. Les échecs cumulés semblent n’avoir pas freiné l’ardeur l’un comme l’autre dans la recherche de projets farfelus, sans même consulter les premiers concernés. Netanyahu a, lui, réussi une chose. Il a renforcé le climat de haine qui existe entre le « peuple élu » et le peuple palestinien, au demeurant indéboulonable. Un récent sondage n’a-t-il pas révélé que 80% des Israéliens, dont ceux qui contestent Netanyahu, soutiennent le nettoyage ethnique dans l’enclave palestinienne.
L’agression plombe, aussi, les Accords d’Abraham car on voit mal, désormais, l’Arabie saoudite accorder à Israël un rôle de premier plan dans la région, surtout qu’il continue d’abuser de sa prétendue position victimaire pour poursuivre une guerre barbare et un nettoyage ethnique affiché. Cela dit, la question palestinienne est, plus que jamais, au coeur de la reconfiguration géostratégique du Moyen-orient, à l’heure d’un nouveau monde engestation.
