Le docteur et le voisin
Un médecin de renom dans la cité est devant le juge, pour «coups et blessures réciproques» avec son voisin d’en face. Tout ce «cinéma» a eu lieu au 3ème jour de Ramadhan 1445 !
Les faits en eux-mêmes n'étaient pas si graves n'étaient-ce les certificats médicaux des victimes, et inculpés.
Evidemment, une rixe appelle parfois à voir des gens blessés, et donc présentés à de médecins-légistes, pas toujours conciliants. S.R. est un docteur qui habite dans un quartier résidentiel b.c.b.g.
En face de son cabinet, il y a une somptueuse villa, dont le balcon donne sur une ruelle, pas fréquentée durant les deux-tiers de la journée.
Ainsi, la jeune maîtresse de maison profite des beaux jours de février 2024, pour se prélasser, sous les doux rayons d'un agréable et réconfortant soleil. Et comme par hasard, ce jour-là, le médecin-voisin de la dame, était sorti de chez lui, ouvrit la portière de son véhicule, s'empara de son phone, et balança quelques mots à son correspondant, puis referma la voiture, et remonta chez lui.
La dame dit au tribunal «qu'elle avait suivi le manège du médecin, en fronçant mes sourcils, avant de refermer les persiennes, et rentrer, anxieuse, autour des allées et venues du voisin. Une demi-heure plus tard, alors que je rouvrais grandes, les persiennes, le docteur ressortit et se dirigea vers son automobile, d'où il téléphona à une personne inconnue.» Cette femme eut un doute, qu'elle chassa vite de son esprit, car, du voisin, elle n'avait aucune info susceptible dde la guider vers une rapide conclusion. Mais, voilà, à la 3ème descente du médecin, face à la voisine, qui se trouvait comme d'habitude, au balcon, en train de se payer la belle vue, qu'elle avait, depuis le 4ème étage de sa villa.
Cette fois, plus de doute. C'est impossible. «Ce monsieur descendait de chez lui, à chaque fois que j'ouvrais mes fenêtres, pour me, me-semble-t- il, zyeuter, me draguer, et peut-être même, plus.» confiera-t-elle plus tard au mari rentré, très épuisé par une dure journée. Énervé par les propos empreints de fâcheuses insinuations de Mme, Salem. D. l'époux redescend voir le voisin, et pourquoi ne pas, lui régler son compte. Or, nous savons tous, ce dont est capable un homme remonté au plus haut point par sa méchante moitié. Le droit a prévu ces cas d'espèce!
En effet, en bas, il héla le docteur, et sa main devança sa langue. L'irréparable est vite arrivé.
La présentation devant le parquet du coin, est effectuée dans les règles de l'art. La direction de la correctionnelle est vite indiquée. Les deux bagarreurs risquent les foudres de l'article 264 du code pénal qui dispose, dans ses alinéas 1 et 2 que: «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours, est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d ‘une amende de cent mille (100 000) DA à cinq cent mille (500 000) DA...» L'interrogatoire est vite emballé.
La parole est au procureur. Il n'ira pas avec le dos de la cuillère. Il va alors demander une peine ferme d'emprisonnement pour le médecin et «l'applications de la loi «pour le voisin. Attention, ici, le procureur est dans son droit.
L'application de la loi ne veut pas dire forcément la relaxe: elle peut être demanderesse de la plus grosse peine prévue par la loi. L'ire envahit l'avocat. Il lâche: «Mme la présidente, si vous aviez pris la précaution de parcourir le dossier, vous auriez su que le médecin, mon client, avait ce jour-là, sa femme à l'hôpital, car étant à terme, et donc, il se devait de stopper les auscultations de malades, nombreux, en cette journée d'automne, pour descendre téléphoner à sa soeur restée, pour les nouvelles. Je ne vois pas une autre raison pour cela.»
Pour la 1ère fois, la juge et le procureur baissèrent les yeux, car justement, piqués dans leur orgueil d'inflexibles magistrats, infaillibles.
Le verdict fut alors le plus juste, et le meilleur de la journée, puisque les deux voisins auront une simple amende pour coups et blessures réciproques.
«Voilà, le vrai esprit de justice!» lancera, à haute voix, un jeune avocat qui avait tout suivi.