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Khaled Benaïssa, producteur, à L’Expression

«Il faut aussi une révolution sociale»

Les programmations du mois de Ramadhan, sont aujourd'hui, la cause de bon nombre de polémiques. Pour tenter de décortiquer ce phénomène, nous sommes allés à la rencontre de Khaled Benaïssa, acteur et producteur. Ce dernier a joué dans plusieurs films algériens, notamment «Mascarades» de Lyes Salem. En décembre 2008, le jury du festival de Taghit a récompensé son court-métrage «Sektou» (ils se sont tus.) par la Caméra d'or, ainsi que le Grand Prix du festival.

L'Expression: Quel regard portez-vous sur les programmes de Ramadhan de nos chaînes nationales?
Khaled Benaïssa: Dans l'absolu, je pense que je porte un regard disparate, c'est-à-dire pour moi c'est un «ensemble chaotique». Je m'explique: la programmation dédiée à ce mois n'est pas réfléchie, en amont quelques mois avant. Ces programmes, leurs succès, leurs échecs sont la résultante d'un travail fait dans le tas. Pis encore, même les succès sont le fruit du hasard. Et dès que ça marche, tout le monde oublie que c'est «un coup de chance»! Dans la critique ou le constat, on part souvent d'une donnée fausse, qui est le manque de temps, et l'idée de «si ça ne marche pas c'est normal, si ça marche c'est héroïque», s'est installée comme un fait, une réalité qu'on ne peut remettre en cause. C'est un secteur où la médiocrité a été érigée en valeur, comme dans beaucoup de secteurs d'ailleurs.

De plus en plus, les programmes télévisés suscitent des polémiques, à votre avis pourquoi?
Je pense que «scandale» est le mot le plus approprié, tel celui des caméras cachées. Ces programmes, appelés expériences sociales, ne doivent pas être pris à la légère. Sociologues, psychiatres, et autres spécialistes des questions sociales, devront se pencher sur ces émissions. Ce que je trouve encore plus aberrant, ce sont les émissions consacrées aux débats liés à ces programmes. Les chroniqueurs justifient tous les «dépassements» par le nombre de vues, et de partages, expliquant
l'inexplicable, ceux-là aussi font partie de ces scandales. Il est clair que le nombre de vues est le pire des critères d'évaluation. D'ailleurs, je me demande pourquoi la justice n'a pas encore exercé tous ses droits.

Le coronavirus a-t-il retardé les tournages des feuilletons pour ce mois?
Cet argument est absolument faux, comme je dis plus haut, «les programmations ne sont pas réfléchies» et elles sont le fruit du hasard. Bien avant le début du confinement ou de la propagation de la pandémie de façon effrayante, les productions étaient déjà en retard. Parfois, je dis même que peut-être le virus nous a évité le pire en termes d'audiovisuel.

La télévision algérienne est -elle le reflet de sa société?
Bien évidemment, que oui, on regarde ceux qui nous regardent, à mon sens cela s'apparente au phénomène de l'arroseur arrosé! Tous les maux de notre société sont directement transcrits sur le petit écran. La violence, l'hypocrisie sociale... Pour ne parler que de ces deux-là. Les émissions exacerbent ces réalités que personne ne pourra nier. A titre d'exemple, pendant les émissions, les invités ne sont pas eux-mêmes, et cela se sent et se ressent, ils sont dans l'obligation de porter le masque social, c'est comme pendant les mariages, la moitié des invités sont en état d'ébriété, mais tout au long des festivités aucune bouteille, ou verre d'alcool ne fut aperçu. Ce que je veux dire, c'est que les raisonnements ne sont pas mis en avant et on favorise le dialogue lisse et passe-partout. On remarque aussi, que la télévision est aussi naïve et enfantine que la société algérienne. Il est temps, que cela change, on doit aussi, devenir des individus responsables de nos actes et de nos dires. J'ai grand espoir de voir que le Hirak réussisse cette mutation sociale. Une révolution de la pensée de la personne dans la société où elle évolue, je pense sincèrement que c'est tout aussi important qu'une révolution politique.

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