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Pierre Audin nous quitte à 66 ans

Un farouche militant pour la vérité

Pierre Audin affichait avec fierté sa joie de se retrouver dans son pays qui n'était autre que l'Algérie. À ce propos, il disait: «Quand je suis à Alger, la ville la plus belle du monde, je suis bien, je me sens bien. Je me sens chez moi».

Pierre Audin, fils du militant de la cause algérienne, Maurice Audin, a tiré sa révérence. Il est parti après avoir fait de sa quête pour la vérité sur l'assassinat de son père un point nodal. Il a hérité de son père ses convictions, son opiniâtreté et son amour des mathématiques. Il a toujours pris la défense des ouvriers et des démunis, sans faire dans le «matamore» quant à ses choix idéologiques dont l'héritage a joué un grand rôle. Il est né en 1957, il n'a pas connu son père, puisque ce dernier a été «kidnappé» par l'armée coloniale un mois après que Pierre a vu le jour. C'est dans ce drame et ce déchirement qu'il a été élevé par sa mère, qui n'était autre que la grande militante Josette Audin. L'enfance de Pierre n'était pas reluisante, surtout que le cas de son père n'a (pas) cessé de soulever des interrogations sur la vérité de sa mort-assassinat et le silence de marbre qu'avait adoptée la France officielle sur la désormais affaire «Maurice Audin».
Pierre Audin a pris conscience de l'enjeu politique qui a fait que son père a toujours constitué une véritable énigme pour ce qui est des raisons de son enlèvement par les paras de la France coloniale.
Une fois adulte et avoir réalisé le même cursus que son père en tant que chercheur en mathématiques, il a voulu faire de la cause de son père une ligne de démarcation par rapport aux politiques de domination et de mainmise des puissances néocolonialistes, à l'image de la France. Il a participé à la mise en oeuvre de l'association Josette et Maurice Audin. Il a fait de cette dernière une sorte de lien profond entre l'Algérie et les patriotes et amis de l'Algérie en France.
L'année dernière, Pierre Audin a inauguré à Alger un buste à l'effigie de son père. À ce propos, il a fait une déclaration tonitruante à l'adresse des ultras et des nostalgiques de l'Algérie française qui caressent toujours le rêve de voir la France retrouver son «idylle». il a souligné que «la vérité sur les crimes coloniaux est plus importante que des excuses de la France», et d'ajouter: «J'avais un mois et demi. J'ai 65 ans aujourd'hui. Et lorsque le président est venu chez ma mère, j'avais déjà 61 ans et j'étais déjà à la retraite. Donc j'étais à peine né quand cela avait commencé et lorsque le pouvoir français a accepté de reconnaître ce qu'il avait fait dans le cas de Maurice Audin, (...) une vie (...) était passée», a-t-il rappelé. Cette déclaration sonne comme une plaidoirie contre le colonialisme français et ses conséquences, sur les plans humain, civilisationnel et historique. Il s'est toujours considéré comme un Algérien à part entière, à l'image de son père et de sa mère. En aucun cas, il n'a essayé de se désengager de l'héritage politique et de sacrifice de son père pour une Algérie indépendante et souveraine en menant un combat farouche contre la France coloniale.
Pierre Audin affichait avec fierté sa joie de se retrouver dans son pays qui n'était autre que l'Algérie. À ce propos, il disait «Quand je suis à Alger, la ville la plus belle du monde, je suis bien, je me sens bien. Je me sens chez moi. J'ai attendu assez longtemps pour avoir mon passeport. Je n'ai pas ressenti vraiment le besoin d'avoir cette preuve de ma nationalité». Celle-ci, ce n'est pas un papier, c'est surtout un engagement de lutte et de combat pour l'affranchissement et la libération du pays. D'ailleurs, c'est cela la lecture que Pierre Audin voulait donner à sa déclaration, c'est-à-dire avoir une preuve tangible auprès de la France officielle qui l'aidera dans la recherche des restes de son père.

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