Rached Ghannouchi donne les islamistes favoris

Pronostics politiques ou campagne en faveur des islamistes algériens? Le leader du mouvement tunisien Ennahda Rachid Ghannouchi s'exprime sur les prochaines élections législatives prévues en Algérie le 10 mai prochain. Sans retenue aucune, il estime, dans une interview accordée à notre confrère arabophone El Khabar, que les partis islamistes algériens pourraient bien reproduire le scénario de la Tunisie, du Maroc et de l'Egypte et remporter les prochaines élections. «Les islamistes devraient obtenir de bons résultats aux législatives du 10 mai en Algérie», a t-il déclaré. Selon le même politicien, le fait que les partis représentant la mouvance islamiste soient éparpillés n'hypothèque aucunement leurs chances lors du prochain scrutin. «Je prévois que les résultats seront bons, si Dieu le veut, malgré la division» qui existe dans les rangs de cette mouvance. Continuant son analyse, M.Ghannouchi conditionne cet éventuel exploit à la transparence des élections. Pour lui, la vraie réussite réside dans le fait de réussir l'opération de vote et d'éviter la fraude. «Lorsque l'opération démocratique est respectée, c'est tout le monde qui sera vainqueur, mais lorsqu'il y a fraude, cela signifie l'échec total de tout le monde. La justice consiste dans le succès de l'opération du vote, c'est ça la vraie réussite», a-t-il indiqué. Ces déclarations sont justifiées par le fait que tous les partis islamistes dans le Monde arabo-musulman affichent une grande solidarité à la veille de chaque événement politique. Les relations entre M.Ghannouchi et les islamistes algériens remontent à très loin. Plus précisément, les contacts ont été solides entre Ghannouchi et le défunt Mahfoud Nahnah, fondateur du Mouvement de la société pour la paix, avant que le leader d'Ennahda ne s'exile à Londres. D'ailleurs, pour sa première visite officielle à l'étranger, le patron de la première force politique tunisienne s'est rendu en Algérie où il a eu une longue séance de travail avec les dirigeants du MSP, à leur tête le président Bouguerra Soltani. Revenant sur sa visite en Algérie, il estime qu'elle «était une visite positive», qui a permis, entre autre, à redynamiser le Maghreb arabe uni qui «n'est pas simplement une simple illusion, puisqu'il existe des agendas d'organisation d'un sommet des présidents du Maghreb arabe», a-t-il déclaré. Au sujet du Sahara occidental, il indique que cette question ne devrait pas bloquer la construction de l'UMA. «Si l'on a avancé dans le processus de l'unification de l'UMA, la question du Sahara occidental ne serait pas un obstacle», a t-il précisé. Au sujet relatif aux affaires internes de la Tunisie, M.Ghannouchi défend l'idée que les salafistes en Tunisie ne représentent pas une menace pour l'ordre public. «La société n'a qu'à se comporter avec les salafistes avec compréhension et dialogue. La démocratie peut cohabiter avec l'ensemble de ces mouvements intellectuels». A une question sur les menaces de l'alliance des courants laïcs et le courant salafiste qui souhaitent faire chuter le gouvernement, M.Ghannouchi affirme qu'il y a des forces laïques extrémistes qui voient en la force d'Ennahda une menace. Il considère que la menace la plus influente parvient des «résidus de l'ancien régime», qui sont, selon lui, une force au service de leurs intérêts. «La révolution a menacé leurs intérêts (résidus de l'ancien régime, Ndlr). Ils veulent donc se venger de la révolution et que le pays revienne en arrière, puisqu'ils pensent que leurs grands hommes d'affaires sont sous surveillance et ses grands leaders en prison, c'est pour cette raison qu'ils défendent leurs intérêts, l'équation est très compliquée et ne peut être simplifiée au point de la résumer à un conflit entre modernité et tradition», a-t-il analysé.