L'Algérie mise sur l'Afrique du Nord

L'Algérie a commencé à développer un nouveau paradigme de coopération régionale. L'approche africaine au plan diplomatique s'est renforcée par une nouvelle démarche appelée «intégration inter-maghrébine» ou d'Afrique du Nord, pour faire face à la «dislocation», de facto, de l'ensemble régional de l'Union du Maghreb arabe (UMA).
Après la détérioration des relations de l'Algérie avec son voisin de l'Ouest, le Maroc en l'occurrence, les responsables algériens ont jugé utile de revoir l'approche régionale qui prévalait depuis la fin des années 80 du siècle écoulé et faire en sorte d'asseoir un ensemble qui correspond aux nouveaux enjeux de la région de l'Afrique du Nord sur fond d'intégration inter-maghrébine qui focalise sa coopération régionale et ses échanges économiques et stratégiques avec la Tunisie, la Mauritanie et la Libye et, dans une certaine mesure, l'Égypte.
Cette nouvelle démarche d'intégration régionale permettra à l'Algérie de reprendre en main le pilotage du processus de développement transnational à même de servir les besoins nationaux du pays via la consécration de ladite intégration inter-maghrébine en matière de coopération économique, commerciale et énergétique.
Pour ce faire, l'Algérie s'est engagée dans la réalisation de l'intégration économique et de la complémentarité africaine, en renforçant l'option d'intégration au niveau de la région de l'Afrique du Nord.
Le premier pas à été «sanctifié» par la mise en place des foires et des banques algériennes en Afrique, dans la perspective de consolider la place du produit algérien. La Zlécaf est une démarche visant l'échange de produits entre les pays membres comme un signe d'intégration économique et le début de vrais échanges commerciaux.
Le 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (Gecf), qui s'est déroulé dernièrement à Alger, était l'occasion pour l'Algérie de réunir les conditions d'une tripartite entre le président Abdelmadjid Tebboune, le président tunisien, Kaïs Saïed, et le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younès El Menfi, dans la perspective d'aller vers une intégration inter-maghrébine, avec une nouvelle approche et paradigme dépassant ainsi la structure mort-née à savoir l'Union du Maghreb arabe (l'UMA).
Le communiqué de la présidence de la République a indiqué que de ladite réunion visait à «examiner la situation dans la région du Maghreb et de souligner la nécessité d'unifier et d'intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires, au service des intérêts des peuples des trois pays». Donc il est clair que l'Algérie a opté pour une intégration régionale comprenant la Tunisie, la Mauritanie et la Libye.
La tripartite sera conclue par une rencontre tout les trois mois. C'est dire que cette organisation embryonnaire aura à coordonner les efforts et les échanges dans le cadre de la coopération entre les pays concernés à donner plus de profondeur à l'intégration économique africaine en général et inter-maghrébine en particulier.
Donc l'Algérie vise beaucoup plus l'Afrique du Nord comme espace efficace pour elle à même de remettre la structure de l'UMA aux calendes grecques.
Les responsables algériens donnent une grande importance à l'intégration africaine. À ce titre, ils ont indiqué que «le gouvernement accorde une grande priorité à la concrétisation de zones de libre-échange à dimension africaine à travers les wilayas frontalières, ce choix est stratégique car la pénétration des marchés africains est une nécessité urgente pour l'encouragement et la diversification des exportations hors hydrocarbures».
Cette initiative est devenue stratégique au vu des enjeux que constituent le continent et la région de l'Afrique du Nord comme espace sensible et potentiel énergétique et agricole par excellence.
D'ailleurs, le président Tebboune à donné des instructions où il est mentionné que «l'Algérie a promulgué, le 29 décembre 2020, une loi relative à la ratification de l'accord de création de la Zlécaf, pour l'ancrage dans sa conviction de la réalisation de l'intégration et de la complémentarité des infrastructures nationales et des projets structurants régionaux, de la consécration de sa profondeur et son prolongement africains et du respect de ses engagements continentaux et de sa politique de solidarité avec les pays africains».
L'intégration et la complémentarité des infrastructures nationales et des projets structurants régionaux font que l'Algérie a la conviction profonde d'aller vers sa politique stratégique, à savoir l'Afrique en général et l'intégration inter-maghrébine en particulier.