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Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, à L'Expression

«L'Algérie doit être construite par les algériens»

S'exprimant sur les conditions et les enjeux de la rentrée sociale, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, revient, dans cet entretien, sur la situation globale du pays et les défis qui restent à relever dans différents domaines.

L'Expression: La rentrée sociale de cette année s'est présentée dans de meilleures conditions que celles des années précédentes. Pensez-vous que cela soit le fruit des politiques publiques et des réformes qui ont été mises en place?
Soufiane Djilali: Il faut dire que la rentrée sociale de cette année se déroule tranquillement, il n' y a pas de tensions visibles sur les secteurs; cela est les résultats d'un travail qui commence à s'effectuer de façon sérieuse, notamment après des rentrées financières qui font que l'Algérie est à l'aise pour le moment et peut répondre aux besoins les plus urgents. Il reste qu'il ne faut jamais s'endormir sur ses lauriers. Il faut prendre à bras le corps la multitude de réformes qui deviennent absolument nécessaires. Ces dernières doivent concerner l'école, l'université, l'entreprise, le commerce, pour ne citer que celles-là. Nous avions bénéficié de nombreux facteurs positifs, jusqu'à présent, il est nécessaire d'en profiter afin de renforcer, élargir et rendre plus prégnant la volonté d'aller de l'avant. Il faut que le gouvernement montre la voie, il est indispensable qu'il éclaircisse le chemin, afin que les Algériens, les opérateurs, sachent où ils vont et s'engagent avec plus de force.

Quel constat faites-vous sur l'aboutissement et le parachèvement du processus constitutionnel et électoral, entamé depuis trois ans?
Il faut voir cela sur une trajectoire et non pas sur un moment donné. L'Algérie sort d'un moment de déstabilisation qui a été très fort durant les années 2019 et 2020. Lorsqu'on voit le nombre de hauts responsables qui sont démis, éloignés du pouvoir, ou face à la justice, il n'y a pas de commune mesure avec ce qui s'est passé dans les printemps arabes, ce qui s'est passé en Algérie c'est une vraie révolution qui a entamé, à un moment, la stabilité de l'Etat algérien.
Le processus du retour vers les institutions, quels que soient leurs résultats électoraux, demeure un facteur de stabilité. Aujourd'hui, je pense qu'on est sorti de la zone du danger, il faut aller rapidement vers la constitution de l'État de droit, construire la démocratie, faire fonctionner les institutions, afin de pouvoir concrétiser les réformes Ce sont elles qui vont devoir constituer l'armature du développement du pays, d'autant plus qu'il y a une nouvelle géopolitique qui s'installe. Il est indéniable que des conséquences extrêmement lourdes vont découler du conflit en Ukraine. À ce titre, l'Algérie a plusieurs cartes à jouer. Il faut reconnaître que ces derniers mois, l'Algérie est en train de mettre tous les atouts dans son jeu. Elle se replace dans une géopolitique qui peut porter ces avancées. Il y a des données et des résultats qui découlent des choix qui ont et faits et permettent d'aller vers le mieux. Le plus important est de savoir comment recueillir ses fruits.

La scène politique souffre actuellement d'une absence flagrante de l'activité partisane, cela ne va-t-il pas à l'encontre des objectifs fixés, pour une meilleure avancée?
Il y a des points faibles que nous vivons en interne. En premier lieu nous avons l'impression qu'il y a une désertification politique. Ce n'est pas la faute uniquement aux partis politiques. Nous portons bien une part de responsabilité, dans le sens où il faut être plus actif, plus visible, mais c'est un climat général. Le problème est que les partis qui ont de fortes représentations, notamment au niveau de l'Assemblée populaire nationale, ne sont plus visibles. Il faut absolument y remédier. Il en va de même pour les médias, où nous constatons qu'il n'y a plus d'intermédiation avec la population. Il n'y a plus d'interface. On voit bien que les journaux sont en train d'agoniser, il y a comme une forme de disparition insidieuse. Cela ne s'explique pas uniquement par la mutation technologique, il y a une faiblesse de propositions au contenu attractif. Le gouvernement doit faire attention à cela, car vider toute la scène médiatique de tout ce qui peut être attrayant va entraîner une stérilisation du champ médiatique, à, l'intérieur et donner un espace hypertrophié à ceux qui sont à l'étranger et se permettent de critiquer à tort et à raison, et qui utilisent toutes les sources, sans distinction. C'est ce qui va créer une distorsion plus difficile à gérer. On attend, dans ce sens, une réaction du gouvernement pour créer une réelle dynamique de communication, de façon à donner une marge de manoeuvre pour l'opposition et que le journaliste se sente protégé lorsqu'il dénonce ce qui ne va pas, sans risquer de répondre devant la justice pour tout ce qu'il dit, car cela ne travaille ni l'Etat de droit ni la démocratie.

Il y a des avancées indiscutables sur le plan économique, pensez-vous qu'elles vont être assez fortes pour affronter les résistances qui ont été à l'origine de nombreux retards?
On a perdu 30 ans, au moins. Il y a une bureaucratie qui étouffe systématiquement toutes les initiatives, or l'économie, c'est, avant tout, la créativité, l'investissement, autant financier qu'humain. Malheureusement, l'on constate que beaucoup de cerveaux vont à l'étranger, il y un climat de méfiance, les gens ont peur, ils thésaurisent l'argent au lieu de l'investir de manière productive. Certes, les étrangers commencent à voir en Algérie des opportunités inédites d'investissement, mais ils la voient également comme une vache à traire. Il y du gaz, du pétrole et des richesses à prendre, ce qui n'est pas intéressant pour nous. L'objectif est d'amener ces partenaires à investir et produire sur le sol algérien. Mais en premier, il faut ouvrir l'économie aux Algériens, qui, aujourd'hui, détiennent des capacités énormes. L'ancien état d'esprit qui a infiltré l'administration doit être combattu. Par ailleurs, il est important de passer à une numérisation à grande échelle, car les dangers persistent, dans la mesure où les réseaux de la corruption non seulement résistent, mais on a l'impression qu'elles se reconstituent. Cela étant, il est sûr que l'Algérie est mure afin d'entrer dans une nouvelle phase, à condition que les acquis soient valorisés et que l'élite soit mise à contribution. L'Algérie doit être construite par les Algériens.

Pour revenir sur l'événement politique de cette rentrée, que pense Jil Jadid de l'importance et de la portée du Sommet arabe?
Il n'y a pas de doute, que depuis plusieurs mois l'Algérie est devenue un peu au centre des préoccupations. Elle joue son rôle tant sur le plan arabe que sur le plan régional et international. L'intervention de l'Algérie afin essayer de réunir les différentes factions palestiniennes est un rôle extrêmement important, d'autant plus que l'Algérie est l'un des rares pays à pouvoir jouer ce rôle. Donc le Sommet arabe peut être l'occasion de redéfinir l'identité de ce conclave. À ce titre, la Ligue arabe peut être très intéressante à plusieurs niveaux, mais elle doit «potentialiser» ces capacités. Il faut cette action qui, non seulement se renforcera elle-même, mais renforcera le Monde arabe dans cette phase extrêmement sensible et délicate.

Comment se situe l'action de Jil Jadid par rapport à tous ces développements politiques, économiques et sociaux?
Jil Jadid fonctionne selon un ensemble de principes. Il est évident qu'à partir du moment où l'État engage des moyens pour aller aux réformes et vers la construction de l'État de droit et de la démocratie, nous ne pouvons qu'applaudir et accompagner ce genre de politique, mais ensuite notre rôle est de relever les déficits, les failles, et les erreurs. Nous devons garder un oeil ouvert et pouvoir critiquer avec une liberté de ton, afin justement d'aider cette évolution et ce changement. Autrement dit, quand les choses vont bien, on va manquer de le dire, mais on ne tombera pas dans un jeu d'hypocrisie, dans la mesure où l'on dénoncera, l'on également, franchement, ce qui ne va pas, ce qui peut constituer des sources d'analyse pour les pouvoirs publics.

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