Algérie : l’indispensable chaînon

La question sécuritaire est devenue l'enjeu central de la coopération entre Alger et Paris. Depuis la conclusion du «Partenariat renouvelé» acté lors du dernier voyage à Alger du président français Emmanuel Macron, Alger et Paris ont validé une nouvelle feuille de route axée essentiellement sur les échanges d'informations sécuritaires. La réunion des responsables des services de sécurité des deux pays, première du genre entre les deux États depuis l'indépendance de l'Algérie, tenue le 26 août dernier à la Résidence présidentielle de Zéralda entre les délégations sécuritaires et militaires algériennes et françaises, a jeté les bases d'une nouvelle coopération algéro-française. Cette réunion «vient confirmer la volonté des présidents des deux pays de développer les relations bilatérales dans divers domaines pour les hisser au niveau escompté», avait indiqué un communiqué de la Présidence rendu public à l'issue de la rencontre. Il a été également précisé que «pour les questions de défense et de sécurité, les chefs d'État réuniront les responsables des deux pays sur le modèle de la réunion de Zéralda, chaque fois que nécessaire», selon la même source. C'est dans ce sillage qu'intervient la visite de trois jours à Alger du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Selon des sources, la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine constituent les deux sujets autour desquels se seraient cristallisées les discussions entre Brahim Merad, ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, et Gérald Darmanin. D'autant que l'Algérie s'est repositionné graduellement sur l'échiquier régional au point d'être, par la contrainte du voisinage, propulsée au rang de partenaire incontournable de toute stratégie sécuritaire au Sahel. Pour faire face à cette menace, l'Algérie devient, de part sa proximité et son expérience, l'élément clé. Longtemps saluée comme un acteur essentiel pour la paix et la stabilité dans la région, l'Algérie est devenue le pivot de toute stratégie sécuritaire dans la région. Sa vision et son influence en tant qu'acteur incontournable ne cessent de s'affirmer à même d'éviter un effondrement politique et sécuritaire dans la région. D'ailleurs, lors de sa dernière visite à Alger, Gérald Darmanin avait affiché sa satisfaction quant à «la coopération continue» entre l'Algérie et la France en termes, notamment de lutte antiterroriste, faisant état de «visions identiques dans tous les dossiers discutés». Sur ce point, «l'Algérie poursuivra son rôle de force agissante pour la paix et la stabilité en Afrique» a réaffirmé, Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger dans son intervention aux travaux du 9e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, tenu les 7 et 8 décembre en cours. Dans ce contexte, la France est convaincue que sans l'adhésion de l'Algérie, toute initiative de sécuriser le Sahel restera vaine. En octobre 2022, Alger a accueilli une réunion ad hoc du Comité d'état-major interarmées (Cemoc) un mois seulement après la visite du ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra au Mali. Une réunion à laquelle avait pris part le général d'armée, Saïd Chanegriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire. L'objectif de cette rencontre, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, est de débattre et d'entériner de nouveaux projets de textes relatifs à ce mécanisme de coopération sécuritaire, s'inscrivant dans le cadre de la redynamisation de la coopération et de la consolidation de l'interopérabilité entre les pays membres. Une relance imposée par la mort du G5 et par le fait que le Cemoc présente l'avantage d'une coopération sécuritaire institutionnalisée entre l'Algérie et les pays du Sahel. En outre, le projet d'autoroute transsaharienne offre à l'Algérie un solide levier régional. Un levier économique qui fait de l'Algérie, outre ses capacités stratégiques et militaires, un acteur incontournable de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Un fait confirmé par l'organisation à Alger, au printemps prochain, d'un séminaire sur la lutte contre le terrorisme en Afrique. Un évènement organisé en partenariat avec les États-Unis d'Amérique.