Assegass ameggaz !
Yennayer sera fêté aujourd’hui dans un contexte géopolitique délétère alors que le pays fait face à des attaques et des tentatives de déstabilisation qui ont pour objectif de le fracturer. À ce titre, l’Algérie trouve en Yennayer un élément fédérateur de premier plan pour afficher à la face du monde son inébranlable unité. Jour de l’An berbère, il coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien qui correspond en 2025 à l’an 2975 du calendrier berbère. Il a la particularité d’être fêté autant par les populations berbérophones qu’arabophones. Au même titre que certaines fêtes religieuses officielles (Mouloud, Aïd, Achoura...). Yennayer s’est taillé, contre vents et marées, une place prépondérante au sein de la société algérienne moderne pour s’imposer comme élément identitaire et fédérateur incontournable. Il traduit et rappelle des faits et gestes ancestraux à travers lesquels s’est forgée et a pris corps la nation algérienne dont la principale caractéristique demeure de hauts faits d’armes. L’an zéro du calendrier berbère remonte à des événements marquants qui datent de l’époque de l’Égypte ancienne. Sheshonq 1er, prince de la tribu berbère des Mechaouech, qui a conquis le pays des Pharaons, est monté sur le trône pour y régner pendant 21 ans, de -945 à -924. Il est le fondateur de la 22e dynastie égyptienne. Il réunifia l’Égypte en l’an 950 avant J.-C. puis envahit la Palestine pour s’emparer à Jérusalem, de l’or et des trésors du temple de Salomon. Un événement parmi les plus anciens attestés par les premiers textes bibliques. Yennayer prend cependant toute sa dimension dans la relation qui l’unit au travail de la terre, le cycle des saisons... qui sont célébrés par des rites et coutumes qui témoignent d’une communion étroite entre les éléments naturels, le monde des morts et des vivants, que l’on qualifierait aujourd’hui de fusionnelle. La spécificité de Yennayer, à l’instar de sebeiba (fête célébrée chez les Touareg du Tassili N’Ajjers à Djanet) ou d’autres manifestations propres aux sociétés africaines traditionnelles, réside surtout dans sa manière d’investir l’espace de la vie quotidienne et de sa structuration du temps, marquée par une genèse : l’opposition nature-culture. Le génie berbère mais aussi les contraintes liées à leur environnement (rudesse du climat, terres ingrates difficilement cultivables...) l’ont élevé à un rang de mode d’organisation sociale strict et codifié. Célébré aujourd’hui d’Alger à Tamanrasset, d’Annaba à Oran, d’est en ouest et du sud au nord, Yennayer s’impose comme rempart contre toute velléité de division. Assegass ameggaz !