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Observateurs

Experts, scrutateurs ou encore observateurs - quelle que soit la dénomination sous laquelle ils sont présentés - sont censés être ces gens invités à surveiller et contrôler le déroulement d´une consultation électorale quand le besoin s´en fait ressentir. Cette pratique est généralement réservée aux pays sous-développés ou en «voie de développement» dont le déficit démocratique est assez sérieux pour inciter la communauté internationale à «s´ingérer» afin de contribuer à donner le minimum de loyauté au scrutin. En général donc, c´est la communauté internationale, dans des cas spécifiques certes, qui impose ce concept «d´observateurs», qui est, il faut le dire, embarrassant pour les pays ainsi pointés du doigt, et singulièrement humiliant pour des dirigeants suspectés de fraude électorale et/ou de ne pas jouer le jeu de la transparence. Il est donc déjà assez difficile d´accepter ces ingérences de tierces personnes dans des affaires relevant strictement de la souveraineté nationale. Que dire alors lorsqu´un pays prend de lui-même, l´initiative de solliciter des observateurs pour les élections qu´il organise, a fortiori, un scrutin présidentiel. Ainsi, avant même de déclarer sa candidature, pour un second mandat, M.Bouteflika prend tout le monde à contre-pied en sollicitant les organisations internationales, telles l´ONU, l´UE, l´UA et la Ligue arabe, les conviant à déléguer des observateurs pour la présidentielle du 8 avril. Certes, mais pour observer quoi? La «propreté» du scrutin? Faut-il venir en Algérie pour se rendre compte que l´environnement électoral est vicié, que le champ d´expression politique, verrouillé, est paralysé par la mainmise du président sur les médias lourds? Que dire aussi du fait que le président-candidat soit en campagne permanente depuis plusieurs mois par l´organisation de tournées onéreuses à travers le pays? S´il n´y avait que cela! De fait, tout au long de ces mois, il y a eu l´affaire du FLN, dont le 8e congrès est invalidé par la justice; les entraves faites à la presse privée, avec la menace de fermeture du quotidien Le Matin; l´élimination ambiguë et controversée du candidat Taleb Ibrahimi considéré, à tort ou à raison, comme le plus dangereux concurrent du président sortant; l´unique chaîne de télévision chasse gardée de M.Bouteflika, contraignant les autres prétendants à la magistrature suprême à s´adresser à leurs électeurs depuis les médias installés à l´étranger... Ce rappel n´est certes pas exhaustif et est indicatif des dépassements recensés par les adversaires politiques de M.Bouteflika. Tout cela donc semble confiner à une fraude, d´avant-scrutin, dans l´intention affirmée de ne laisser aucun autre choix aux électeurs que celui du président sortant. Cela, d´autant plus, que le chef de l´Etat a tendance à assujettir institutions et administration au service de sa personne. Ces faits sont visibles à l´oeil nu et nul besoin d´experts pour en admettre le bien-fondé. De fait, le jeu électoral est déjà faussé lorsque le premier responsable du ministère de l´Intérieur, chargé de l´organisation de la consultation électorale, théoriquement neutre et garant de la loyauté du scrutin, proclame ostensiblement ses préférences pour l´un des candidats. Dès lors, que reste-t-il à observer? Et c´est bien ce que semblent avoir compris les organismes auxquels M.Bouteflika a fait appel qui ne se pressent pas de répondre favorablement à cette sollicitation, à l´exception notable de la Ligue arabe. Mais est-ce là réellement une surprise de la part d´une organisation arabe sans pouvoir et sans envergure? En fait, la fraude n´est-elle pas implicite dans l´appel même à une «ingérence» étrangère dans un scrutin de souveraineté? En effet, il aurait été plausible, à la limite, que les concurrents de M.Bouteflika fassent appel à des observateurs étrangers, mais quand l´initiative est due au président sortant, c´est en réalité tout l´édifice électoral qui est ainsi suspecté, voire mis en cause. En effet, une élection ce n´est pas uniquement le dépôt du bulletin de vote, mais aussi, et surtout, ce qui se passe dans l´environnement immédiat, en amont et en aval, du bureau de vote (cf, les obstacles rencontrés par les cinq candidats à retirer les formulaires ou à faire légaliser les signatures, notamment). Aussi, des observateurs pourquoi faire, d´autant plus que la communauté internationale n´est pas dupe de qui se passe en Algérie? De fait, en matière de droits de l´Homme, de bonne gouvernance et de démocratie - au moment où les pays en développement avancent - l´Algérie donne l´impression de revenir en arrière pour avoir besoin d´observateurs. Et c´est bien cela notre drame.

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