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La neutralité en question

A la veille de la campagne électorale de la présidentielle du 8 avril, l´armée est sortie de son mutisme pour, d´une part, réitérer sa neutralité, mais une neutralité, précise le général-major, Mohamed Lamari, qui sera active, d´autre part, mettre en garde contre les velléités de fraude pouvant détourner le choix citoyen. En ce sens que l´armée prendra ses responsabilités républicaines en cas de fraude avérée ou/et de retrait des candidats. Intimement liée au pouvoir, -que cela soit directement, dans les premières années de l´indépendance, ou de façon moins ostensible, depuis les réformes induites par les événements de 1988 et la constitution libérale de 1989-, l´armée, par le fait même qu´elle est la seule organisation structurée et disciplinée du pays, reste le dernier recours contre toute tentative d´hégémonie sur le pays, de quelque nature qu´elle soit, ou encore de changer le statut républicain de l´Algérie. Elle le montra bien lors de l´interruption du processus électoral en janvier 1992, lorsqu´il devint évident que l´Algérie courait le risque de suivre l´exemple de l´Iran islamique. Aujourd´hui, nous nous trouvons également dans un contexte électoral, mais maintenant le danger est d´une autre nature, celui de voir s´instaurer dans le pays un autoritarisme d´un autre temps. De fait, lors de son passage à l´émission Baramidj de l´Entv, le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, ne s´est pas donné la peine d´atténuer ou d´enrober ses propos, annonçant au contraire, qu´en cas de réélection à un second mandat, il veillera à verrouiller le champ politique et médiatique, jouant ainsi cartes sur table et ravivant les appréhensions. Dès lors, des élections «propres et loyales» sont-elles le point de mire autant des candidats concurrents de M.Bouteflika, que de l´armée qui, plus que jamais, tient à ce que le scrutin se déroule loin de toute pression et incertitudes. Ainsi, le général-major, Mohamed Lamari, réaffirmant la neutralité de l´armée a, dans le même temps, jeté un pavé dans la mare en pointant de l´index la justice et l´administration, soulignant que la neutralité du corps d´armée n´aura pas de sens et d´incidences claires, si les deux autres piliers de l´Etat, la justice et l´administration, n´en font pas de même. Venant de la bouche du chef d´état-major de l´armée, cet avis de poids recentre en réalité le débat et conforte les inquiétudes des candidats. En effet, si le général-major est allé jusqu´à évoquer cet aspect de l´élection du 8 avril dans l´organe central de l´armée, El Djeich, c´est que les faits étaient suffisamment avérés pour inciter le plus haut gradé de l´armée nationale à mettre en garde ces deux institutions. Le général Lamari a ainsi été très clair dans ses propos, lorsqu´il affirme «l´administration, la justice ainsi que les autres institutions, n´ont absolument pas vocation, ni individuellement ni collectivement, à se mettre d´une quelconque manière en situation de partie prenante face aux choix des électeurs», exhortant la justice et l´administration à ne pas céder aux pressions. Cette intrusion de l´armée dans le champ politique laisse entendre en fait que les choses sont allées trop loin et ne correspondent plus à ce qui était souhaité lorsque d´aucuns mettent exagérément à leur service les institutions de l´Etat. Car en vérité, cela implique le fait que les conditions, entre autres la neutralité des institutions lourdes de l´Etat, permettant aux électeurs de pouvoir choisir en toute connaissance de cause et en toute liberté, le candidat qu´ils estiment le plus à même de servir l´Algérie et la République, ne sont pas réunies. En effet, de telles conditions supposaient l´existence d´une véritable séparation des pouvoirs donnant aux institutions de l´Etat, placées au dessus des enjeux politiciens, de jouer pleinement leur rôle dans la transparence et l´équité. De fait, faisant écho aux mises en garde du général Lamari, un autre général, Mohamed Touati, conseiller en sécurité à la présidence de la République, a, pour sa part, affiné le débat en affirmant à une revue méditerranéenne, que l´Algérie est régie par un «non-système». Plus prosaïquement, la gouvernance en Algérie est une sorte de patchwork où ni la dictature ni la démocratie, ni le présidentialisme, ni le parlementaire, et encore moins le monarchisme ne s´y retrouvent. Autrement dit, le système politique en Algérie c´est du n´importe quoi, une sorte de prêt-à-porter politique qui se plie aux événements du moment sans continuité politique ni programme à long terme. Quittant ses gros sabots, l´armée s´est ainsi mise à réfléchir au moment où la classe politique obnubilée par la course au pouvoir semble incapable d´offrir l´alternance propre à sortir l´Algérie de la crise qui perdure depuis plus d´une décennie.

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