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Promesses

Il y a des questions essentielles et d´autres qui sont accessoires. Ces dernières, avec le temps qui passe, deviendront un jour futiles et n´intéresseront que les érudits qui se pencheront un jour sur elles. Et ce questionnement revient toujours, inéluctablement, à chaque anniversaire. Le 20 Août, proclamé officiellement Journée du moudjahid en hommage au Congrès de la Soummam qui fut, lui aussi, tenu à cette date en hommage aux martyrs de l´insurrection du Nord-Est constantinois, me fait surtout penser aux sacrifices intenses consentis par la majorité de la population vivant en Algérie pour sortir de la nuit coloniale. Bizarrement, le 20 Août me fait penser, outre à l´atmosphère pesante qui régnait sur la campagne algérienne pendant les années de braise, à cette heureuse surprise que j´eus un jour en visionnant des archives filmiques en noir et blanc. Ce jour-là, je rencontrai, au détour d´une séquence de JT ou d´une séquence de la célèbre vie culturelle, une scène montrant feu Mohamed Seddik Benyahia offrant une récompense au lauréat d´un concours de nouvelles organisé par la revue Promesses (Amal en arabe) sous l´égide du dynamique ministère de l´Information et de la Culture dirigé par Benyahia, qui avait fait preuve de beaucoup d´imagination et d´innovation dans un secteur qui était en friche. Le lauréat n´était autre qu´un ancien camarade de lycée, Amirouche, brillant prosateur, plein de talent et de modestie. C´est pour cette raison que je tairai son nom. Son texte avait réuni l´ensemble des suffrages du jury. Il avait pour titre Si tu vas à Tamgout (Tamgout, étant le point culminant du massif tellien juste au-dessus de l´Akfadou. Son cône rocheux sert de repère à ceux qui voyagent dans les deux parties de la Kabylie).
Le texte était écrit dans un style simple et épuré, sans grandiloquence.
Plein de sensibilité, il exprimait l´émotion d´un adolescent qui a vu les affres de la guerre et invitait le voyageur de passage à s´arrêter un instant sur ce haut lieu de la résistance et à réfléchir aux sacrifices de ceux qui ont combattu ou sont tombés là. Toutes les terres de résistants ont ces lieux qui résonnent encore du fracas des armes et des cris d´agonie: sans repères visibles, ils restent enfouis dans la mémoire de ceux qui ont vécu l´enfer. Les chants de partisans, les complaintes de femmes restent les seuls témoignages de ces exploits auxquels les livres d´histoire et les cérémonies officielles tournent le dos. Evidemment, ceux qui ont survécu au déluge de feu et d´acier qui s´est abattu, aux épurations, aux règlements de compte se souviennent et font souvent des pèlerinages aux lieux qui ont été irrigués du sang de leurs camarades de combat.
Une prière silencieuse et émue ajoute encore à la solennité du silence que seul le chant d´une cigale obstinée taraude.
Le pèlerin fait un large panorama sur ce paysage où les feux de la haine sont encore allumés. Une brume légère voile ses yeux. Il se tient la tête d´une main comme pour contenir le flux de pensées qui l´assaillent. Peu lui chaut des spéculations et des querelles d´écoliers. Mais il se demande toujours si les fruits ont tenu les promesses des fleurs.

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