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Sanglots de victime

Un vol par escalade quitte la rangée de l’article 350, pour celui du 354. Hamadi D. et Ala-Eddine sont deux des copains que tout rapproche, même les méfaits!

Lorsque retentit la sonnerie annonçant l'entrée solennelle du tribunal, toute l'assistance se leva comme un seul homme et ne se rasseoira qu'au signal du président qui aime bien la discipline des présents et leur respect des us et coutumes des juridictions. D'entrée, le juge appela les avocats désireux de renvoyer leurs procès pour une raison ou une autre. C'est ce qu'on nomme dans le langage propre aux tribunaux, «l'appel des causes»! La première affaire du jour mettra aux prises un agresseur et sa victime dont la tête bandée prouve le sérieux de la raclée reçue.
Le juge regarda bien la victime puis lança: «Alors, Hamid, ça va? Sinon, nous renverrons les débats jusqu'à ce que vous alliez mieux. Je pense que vous n'êtes pas en état de supporter les futurs débats! Alors, que dites-vous?» La malheureuse victime baissa la tête, sanglota et ne put aligner deux mots. Le magistrat secoua la tête et les épaules puis héla Me Amine Morsli et Me Embarek Benamghar, les deux avocats de «Boufarik constitués dans ce dossier et dit aussitôt: «Maîtres», lança-t-il en direction des deux conseils et de l'assistance: «Le tribunal estime que la victime n'est pas en mesure de suivre les débats. C'est pourquoi, je décide le report du procès sous quinzaine. L'inculpé restera en détention car, avec un certificat médical aussi lourd, il vaut mieux pour le détenu de rester à l'ombre...» Un lourd silence accueille la décision du président qui appelle sans transition les deux inculpés de vol qui quittent aussitôt des accusés pour la barre. Le juge scrute bien le visage des présumés voleurs et marmonne avec un air serein: «Alors, vous êtes prêts à ne pas mener la vie dure au tribunal et à jouer le jeu de la justice avec calme et sérieux?», déclare le juge dont le visage s'éclaire, après la réponse des détenus qui assurent être prêts à recevoir ce que la justice décidera. Les deux détenus n'ont pas de conseils, vu le piteux état dans lequel ils vivent. Les mauvaises fréquentations mènent à tout: à la tentation de voler, de violer, de tendre des embuscades aux jeunes filles qui ren-trent tard le soir chez elles. Que peuvent bien manigancer deux vrais copains de quartier qui s'ennuient à en mourir car les poches sont désespérément vides à cause d'un chômage qui dure depuis 2015 par la faute d'une austérité imposée par la «issaba» qui a gouverné «par procuration» le pays et qui l'a même asséché au dernier centime? «Ainsi, un beau matin, dira timidement Chabi L, le premier inculpé de vol à l'escalade, fait prévu et puni par l'article 354 (loi n°06-23 du 20 décembre 2006), sera vite au parfum et a semblé décidé à tout cracher: «Je vous dirai de suite que l'idée émanait de moi qui avais mal par le manque d'argent et la mal vie aidant, j'étais décidé à me lancer dans cet enfer. Je regrette énormément mon geste d'idiot car voilà où j'en suis.»Le détenu continuera son récit en se remémorant la discussion qui a eu lieu avec Azzedine A. autour du cambriolage d'un local qu'ils connaissaient bien à l'intérieur puisqu'ils y ont bossé l'année d'avant comme portefaix. Seulement, il y a un bémol! Le local en question se trouve au quatrième étage d'un immeuble désaffecté à la suite d'un rapide déménagement qui a vu 16 familles être délogées par les services de la wilaya du coin qui ont mis à leur disposition des logements flambant neuf dans la wilaya voisine.
Le premier détenu explique d'emblée que l'idée du cambriolage émanait de Azzedine, vingt ans, et que... Le juge interrompit alors l'inculpé pour lui demander son âge. «29 ans!» Le président gonfla ses joues de désespoir et enchaîna: «C'est beaucoup, une différence de 9 ans pour deux amis de longue date. Bien! Passons.» Le détenu continua son récit par une info qui édifiera le tribunal. «Nous avons appris que le vieux Hamadouche G, le propriétaire, avait stocké un important et gros lot de bijoux en toc qui, une fois revendu, nous permettrait de tenir un bon bout de temps. Le seul problème, c'était d'arriver à
l'étage visité. Il a fallu l'escalader.
Nous avions souffert le martyre malgré le fait que personne ne nous ait gênés. Il fallait seulement s'armer de patience et de courage! C'est ce que nous fîmes avec beaucoup de risque, mais nous y arrivâmes quand même!» Le magistrat avait estimé que ce procès a eu tout son temps.
Il donnera la parole au procureur qui posera une bonne question pleine de sous-entendus: «Et vous êtes rentrés tranquillement chez vous?» «Ah, non, reprit Chabbi, à l'arrivée, nous avons été accueillis par quatre flics qui nous attendaient tranquillement au bas du vieux bâtiment pourtant désert à 23 heures!» C'est alors que le juge estime avoir tous les ingrédients pour pouvoir prendre sa décision sur le siège après avoir noté les 12 ans d'emprisonnement fermes, requis par le procureur.
Le dernier mot prononcé par les deux détenus, le magistrat inflige aux deux amis une peine d'emprisonnement de 5 ans ferme et une amende de 500 000 dinars pour vol la nuit, à l'escalade et par effraction, svp!

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