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La Terre tourne, l’Algérien aussi

Quand l´été approche, qu´est-ce qui fait courir l´Algérien? Ceux qui avaient qualifié la révolte du 5 Octobre 1988, qui a ouvert la voie au multipartisme, «d´émeutes du pain», auront quelques difficultés à classer les émeutes qui émaillent la vie quotidienne des Algériens dans les différentes localités du pays, du nord au sud et d´est à l´ouest. Mais le chef du gouvernement a dû penser que c´était la question du logement qui faisait sortir les gens dans la rue et les faisait s´affronter aux forces de l´ordre. C´est la raison pour laquelle il vient d´envoyer une circulaire aux maires pour les inviter à distribuer les cent mille logements finis durant les trois mois qui viennent, sans quoi cette prérogative leur sera arrachée et sera transférée aux chefs de daïra, qui se feront un plaisir de l´exécuter, en bons commis de l´Etat qu´ils sont. Quant aux présidents d´APC, lourdement embrigadés par leur clientélisme, ils voient leur action sociale, pourtant bien définie par les textes, biaisée par le contexte local. C´est pourtant Ahmed Ouyahia lui-même, sous Liamine Zeroual, qui avait enlevé aux walis la prérogative de distribuer les logements, pour la confier aux maires, sûrement sous la pression des cadres de son parti le RND, dont les élus constituent la colonne vertébrale. Bref, la chose est entendue, pour que les Algériens ne sortent pas dans la rue et n´organisent pas des sit-in et des émeutes et ne brûlent pas les pneus et ne dressent pas de barricades, on va les faire taire en leur attribuant des logements. Le problème pourtant, c´est que les listes établies par les commissions municipales sont généralement contestées par ceux qui n´y figurent pas et qui s´estiment lésés, provoquant la grogne sociale. La quadrature du cercle. Dans les années quatre-vingt, les mauvaises langues disaient que l´Algérien est un tube digestif, d´où les émeutes de la semoule. Que pouvons-nous dire en 2004? Que c´est un SDF? En tout cas, personne ne pourra dire que l´Algérien est passif : il bouge, il bourlingue, il est aux quatre coins du monde, du Canada à l´Australie, participant à sa manière au grand rush universel. Quand il se fatigue dans un endroit, il zappe ! Lorsque Dominique Wolton, commentant la surinformation sous forme d´un trop-plein d´images en provenance du ciel, écrit que la question essentielle est «celle de l´équilibre à préserver entre une vie quotidienne relativement immobile et une ouverture sur le monde qui ne cessera de croître», on peut se demander si cette remarque s´applique à l´Algérien, éternel pigeon voyageur. A sa manière, il apporte sa touche au mouvement mondial d´innovation. La terre tourne et bouge, et l´Algérien tourne avec elle, en dépit des barreaux, de la peur, des effets du couvre-feu et des assassinats qui ont fait plus de 150.000 morts en dix ans. Malgré l´autarcie et le repli sur soi imposés par une administration frappée de myopie et atteinte d´entropie, ce n´est pas l´égoïsme qui domine, puisqu´on a vu la solidarité à l´oeuvre lors des grandes catastrophes naturelles, comme les inondations de Bab El Oued et le séisme de Boumerdès. Ouyahia a beau aligner des chiffres mirobolants sur la réalisation d´un million de logements en cinq ans, il ne pourra tenir sa promesse qu´en secouant le cocotier des moeurs et de l´ethos bureaucratiques hérités de quatre décennies de dirigisme rigide et de magouille politique, et qui défient toutes les velléités de réforme. Sans quoi, l´Algérie fera du surplace, en dépit de la rotation continue de la Terre dans l´espace.

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