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Gaz et littérature, dites-vous!

En guise de lettre sympathique aux décideurs de Sonatrach. Mes chers concitoyens!
Gaz et littérature, dites-vous? Quel rapport et quelle odeur commune entre ces deux espèces inflammables!
Le gaz peut-il procurer de l'énergie spécifique à la littérature, corps et âme? Peut-il éclairer la chambre noire du romancier, illuminer le sentier labyrinthique du poète perdu entre les étoiles?
Pourquoi notre Sonatrach en tant que société de citoyenneté, selon ses propres termes, n'a jamais pensé à la promotion de la littérature algérienne et mondiale, n'a jamais pensé aux écrivains, les nôtres et ceux des autres?
Le gaz et la littérature ont une demeure collective, le désert! Les deux brûlent!
Le grand désert algérien est une terre fertile en richesses naturelles, mais aussi en richesses littéraires abondantes. Du désert sont sortis des puits géants et des textes littéraires immortels. Du gisement naturel gazier et d'autres littéraires.
Le désert était, et il est toujours, le berceau de l'imagination créative, la muse préférée des poètes, l'espace de méditation pour des soufis, le refuge pour les prophètes. Depuis El Mouaâllaqat d'Arabie jusqu'aux poèmes de Mohamed El Aïd Al Khalifa de Biskra passant par les romans d'Ibrahim El Kawni de la Lybie, le désert détient un secret scellé.
En Algérie, la littérature d'hier et d'aujourd'hui ont toujours célébré ce désert matrice de Sonatrach. Le désert algérien sait écouter les belles paroles et déverser le gaz.
Isabelle Eberhardt, une plume sacrée et un coeur passionné du désert, Ben Guitoune poète nomade habité par le palmier et par le charme de Hiziya, Benkriou un chevalier hanté par Laghouat et par sa bien-aimée fatna al Zaânounia, le magnifique et troublant roman de Mohammed Dib intitulé «Désert sans détour», le fascinant roman «Club des pins» de Rabia Djelti sur le mode de vie extraordinaire de Touaregs d'Algérie, les Yasmina Khadra, Malika Mokaddem et Rabeh Sebaa dont les écrits sont comblés par leurs enfances bercées dans les psalmodies des gens de Kénadssa et de Bechar, Sayeh El Habib a trouvé dans le désert une autre approche pour renouveler l'écriture dans «Tamasikht» et autres textes... tout ce beau monde d'écrivains et d'écrivaines a été réveillé par la fascination du désert, horizon d'asile de chants et de prières.
Le désert a toujours été l'espace prometteur pour la bonne littérature algérienne qui questionne l'homme, la nature, l'existence et le néant.
La littérature, la prophétie, le gaz et le pétrole sont les enfants jumeaux, sont le fruit, de ce même désert magique. La littérature comme le gaz ont les racines plongées au fond du coeur des sables chauds.
La littérature est une énergie, le gaz aussi!
Si d'un côté les gens de la belle littérature rendent souvent, à travers leurs textes en prose ou en poésie, l'hommage le plus mérité à la mémoire de cette terre noble et énigmatique, à la magie de ce sable doré ou multicolore, les gens du gaz, ceux qui détiennent la gestion des richesses gazières et pétrolières, n'ont jamais pensé à rendre hommage à ces plumes qui ne cessent d'honorer cette matrice féconde et commune.
Les décideurs du gaz n'ont jamais pensé à créer, par exemple, un grand prix international de la littérature.
Il n'y a pas de bon gaz sans la bonne littérature! L'odeur du gaz se métamorphose en parfum édénique dès qu'il se conjugue avec la littérature.
Oui, la littérature algérienne a besoin de se carburer! De s'enivrer! Oui, la cité de la littérature et des littérateurs, comme les cités algériennes, a besoin du gaz de ville afin de vivre aisément!
La littérature algérienne a besoin de carburer! Elle carbure en gaz liquéfié ou solide, peu importe! Les mots algériens dans la poésie, dans le roman, ne rayonnent pas ou faiblement! Les beaux textes littéraires s'étouffent dans le noir de l'indifférence
La littérature est une énergie renouvelable!
Si Sonatrach est une société de la citoyenneté, comme l'indique son fameux slogan, la littérature algérienne, la bonne littérature, est le porte-parole des valeurs de cette citoyenneté.
Si Sonatrach cherche le confort et le bien-vivre des citoyens, il est de son devoir de soutenir la production littéraire algérienne.
Si Sonatrach est le sponsor de l'Équipe nationale de football et d'autres clubs, c'est tant mieux. Mais ce parrainage reste incomplet, inachevé, tant que la littérature est oubliée, marginalisée ou rejetée par cette société de la citoyenneté comme le veut son slogan.
Imaginons un grand prix littéraire intitulé «Le prix international de la littérature» créé et financé par Sonatrach! Un véritable prix littéraire capable d'honorer l'image de l'Algérie! Un prix qui lui donne une place méritée sur la scène mondiale.
La bonne littérature est la meilleure diplomatie!
Gaz et littérature, dites-vous? Deux inflammables!
Les nations ne sont pas grandes ou fortes uniquement par leurs richesses naturelles matérielles. Pas plus qu'elles ne sont fortes par leurs armées. Leurs forces douces se trouvent dans leurs richesses artistiques et littéraires. Dans les images données et commercialisées par des grands prix littéraires internationaux.
Comment créer un lobby littéraire?
Afin de tailler une image à la hauteur de l'Algérie il faut que Sonatrach, par sa force financière, soit à l'écoute des gens de la littérature. Les gens forts par leurs fragilités!
Sous d'autres cieux d'Allah, les sociétés privées ou publiques participent à la promotion de leurs pays à travers des prix littératures respectés.
Les banques, les compagnies de téléphonie, les hôtels, les hommes d'affaires, à travers le monde, ne cessent de créer leurs prix littéraires, et tant mieux.
Après le recul du prix Assia Djebar et le prix Mohammed Dib, qui sont devenus des prix locaux et sans grand effet littéraire, Sonatrach est attendue, pourquoi pas, pour créer son Grand Prix Littéraire avec un budget considérable et une organisation internationale de haut niveau. Un prix capable d'honorer le pays et d'honorer convenablement les écrivains d'Algérie et du monde loin de tout chantage politique.

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