{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Le chimiste de Leeds

Il ne fait pas bon de s´appeler Magdi Mahmoud Moustapha Nashar, d´être docteur en chimie, d´habiter ou d´avoir habité le Leeds, d´être un musulman originaire d´un pays arabe et musulman comme l´Egypte. En l´occurrence, les soupçons de culpabilité sont plus importants et plus nombreux que les présomptions d´innocence. On est condamné d´avance, surtout par les médias, qui ne prennent pas la peine de vérifier leur information. Parce que lorsque tous ces éléments se liguent contre vous, c´est que forcément vous êtes un membre actif et influent d´El Qaîda. On se demande pourtant si une telle méthode de lynchage médiatique en direct n´aboutit surtout à jeter dans les bras de Ben Laden, ou d´Ezzarqaoui, - c´est tout comme -, de paisibles chercheurs, professeurs, universitaires.
Le retour de bâton, c´est là qu´il réside, dans cette hâte à tout de suite jeter un nom à la meute, comme on jette un os à un chien. Parce que l´opinion veut des noms et tout de suite, pour être rassurée, pour continuer à faire confiance à ses dirigeants, mais aussi, pour que les tabloïds et les networks vendent du papier et des images, on est prêt à faire fi du minimum de professionnalisme. On voit que la police londonienne a mis les moyens pour identifier les auteurs des attentats de Londres. L´enquête continue. Le but, comme on le sait, consiste à démanteler les réseaux terroristes et les relais qui leur servent de soutien. C´est normal et c´est légitime. C´est presque un travail de routine pour toute police qui se respecte, que de vouloir mener une enquête la plus complète possible, en cherchant à remonter les ramifications et la piste des commanditaires et de tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l´attentat. En outre, on voit que les caméras de surveillance n´ont jamais fourni un travail aussi précis, notamment cette photo de la gare de Luton, à quarante kilomètres au nord de Londres, qui montre les quatre hommes auteurs des attentats, juste avant qu´ils ne prennent le train à 8 h 30 (7 h 30 GMT), avec un gros sac au dos chacun.
Les enquêteurs, qui sont à la recherche d´un lien clair avec Al Qaîda, orientent leur regard vers le Pakistan et l´Egypte. Bien que cela donne une idée de la dimension internationale des organisateurs des attentats, il y a tout de même à se poser des questions sur l´empressement à tirer des conclusions hâtives, d´autant plus que les médias livrent en temps réel les informations communiquées par Scotland Yard, dirigé par Ian Blair (quel lien avec Tony?). En l´occurrence, le secret de l´instruction, connaît pas, et s´il y a des dommages collatéraux, comme dans le cas de Magdi Mahmoud, déjà surnommé Magdi le chimiste, - comme le cousin de Saddam Hussein, Ali le chimiste, qui avait gazé les Kurdes -, c´est tant pis ! De tels surnoms permettent des survols rapides qui font l´économie d´un réel travail d´investigation. Même si Magdi Mahmoud, docteur en chimie, a étudié cinq ans à l´université de Leeds, ville du nord de Londres d´où étaient partis trois des kamikazes, rien ne permet d´affirmer qu´il serait le fabricant des bombes artisanales utilisées dans les attentats, et c´est du reste ce qu´a déclaré le ministre égyptien de l´Intérieur Habib el Adly, qui a affirmé que Magdi n´avait aucun lien avec Al Qaîda et que les informations publiées par les médias à ce sujet étaient sans aucun fondement.
Scotland Yard est une référence dans le monde entier en matière d´investigation. La rapidité et le sérieux avec lesquels avance l´enquête en est une preuve supplémentaire, mais cela autorise-t-il à faire fi de la présomption d´innocence qui doit être la règle en pareil cas?

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours