Covid-19: un monstre dompté

Ce n' est pas encore la victoire totale, mais la déprime mondiale s'est estompée en cédant la place à une dose d'optimisme. Certes mesurés, car la menace sanitaire demeure intacte, mais cet optimisme transparaît largement dans la nouvelle sémantique: décrue du nombre de contaminés, déconfinement progressif, maîtrise de la pandémie et recherche du vaccin. La comptabilité macabre, les mauvaises nouvelles qui s'accumulaient jour après jour sur l'évolution de la pandémie et les confinements qui bridaient la vie quotidienne sur tous les continents, font désormais partie du registre de l'histoire. à travers la planète il y a comme une vague d'espoir qui traverse les sociétés. Les pays les plus durement touchés par la pandémie se relèvent doucement mais sûrement. Ils dévoilent leurs stratégies de sortie de crise et se préparent activement à l'épineuse opération de déconfinement. Car ce n'était déjà pas facile de basculer dans le confinement, mais au moins c'était une mesure universelle. Le déconfinement est une autre équation avec d'autres paramètre plus complexes. C'est un véritable travail de dentelle. Le tout avec une menace sanitaire qui reste intacte. Il s'agit donc de retrouver la vie quotidienne d'avant le coronavirus tout en évitant une deuxième vague de pandémie: tel est le défi qu'entendent désormais, relever les nations face à un virus qui leur a fait découvrir de douloureuses vérités.
Le Covid-19 a démontré à tout le monde qu'un basculement rapide, total et radical est possible à tout instant. Dans bien des cas on déplore évidemment, certaines défaillances dans le traitement de la crise dans notre pays. On fustige le manque de réactivité de nos responsables. Mais sont-ils outillés, matériellement, techniquement, moralement face à un pareil tsunami mondial? On relève avec effarement l'impuissance des pays les plus riches, à l'exemple frappant des Etats-Unis, face à la pandémie. Mais ce moment d'égarement ne dure que quelques instants. Qu'il soit permis, au contraire, d'être admiratif devant la capacité de nos structures sanitaires à en limiter les ravages, d'être impressionné par l'héroïsme et le professionnalisme de notre personnel soignant, d'être fasciné par les gigantesques moyens déployés par l'Etat pour soulager le citoyen, de saluer l'abnégation des services de sécurité tous corps confondus et des éléments de la Protection civile, de souligner la mobilisation des cadres à tous les niveaux, des élus et de la société civile. Comment ne pas s'incliner devant cette extraordinaire réactivité de la société, devant cette solidarité venant des tréfonds de nos traditions pour contrer un mal commun? Des coins les plus reculés on a donné l'exemple d'une organisation sans faille pour se supporter et appliquer à la lettre les mesures barrières admises au plan mondial! Ce constat n'est pas spécifique à notre pays, mais il est planétaire. Car face à l'ampleur du drame, il n'est pas besoin de remonter à la peste noire du Moyen-Âge ou à la grippe espagnole de 1918 pour mesurer la différence et constater les progrès accomplis par l'humanité. Même critiquable, la coopération scientifique internationale a joué en 2020. Un sondage rendu public, hier, par l'ONU dans le cadre de l'initiative de l'ONU75, montre un soutien important et croissant de l'opinion publique mondiale à la coopération internationale. Les données recueillies dans 186 pays depuis le début de l'année indiquent un soutien important de l'opinion publique mondiale à la coopération internationale, «avec une augmentation significative depuis que le Covid-19 a commencé à se répandre à travers le monde», ont souligné les Nations unies dans un communiqué. Et c'est dans le cadre de cette solidarité scientifique que des chercheurs ont annoncé la bonne nouvelle d'un vaccin qui pourrait être disponible d'ici l'automne prochain. Autant d'arguments qui revigorent l'optimisme, mais gare aux surprises. Une résurgence n'est pas à écarter. La lumière qu'on voit scintiller dans le tunnel risque d'être le phare d'un train.