13 wilayas se donnent rendez-vous à Bouira
Les céréaliculteurs exposent leurs problèmes
Parmi les problèmes posés figurent : l’achat des engrais, l’assurance à la Crma, des conditions nécessaires pour un bon rendement…
Sous le slogan percutant de «La Cnma, acteur incontournable pour la garantie de la sécurité alimentaire», s'est tenue avant-hier une rencontre à laquelle ont été conviés les agriculteurs de 13 wilayas. Cette rencontre régionale est la deuxième du genre. Elle a été précédée par celle de Souk Ahras et sera suivie par celle de Sidi Bel Abbès qui s'y tiendra prochainement. Les intervenants qui se sont succédé à la tribune face à une salle comble ont tous souligné l'importance de la filière céréalière dans le développement économique, les efforts de l'État qui se sont multipliés, notamment à la suite des calamités subies par le pays, ainsi que ceux des agriculteurs qui, conscients de ce qui était attendu d'eux, n'ont jamais baissé les bras. Si tous les cinq, notamment le SG du conseil interprofessionnel de la filière des céréales, le DG de la Crma et celui de l'Institut national des sols, de l'irrigation et du drainage - ont pointé du doigt les méfaits de la sécheresse, tous ont salué les efforts de l'État, sans lesquels rien n'aurait été fait cette année, et accueilli les dernières comme des signes de bon augure.
Parmi les principales communications, nous avons retenu celle du directeur de l'Insid. Elle a concerné la céréaliculture et son avenir dans le Tel (nord du pays). Cette prise de parole s'appuie sur une étude récente faite par des experts lors d'un colloque international. L'intervenant a commencé par faire remarquer que dans nos contrées, la pluviométrie oscille entre 300 et 350 mm. Ce n'est peut-être pas assez pour remplir les barrages et les nappes, mais cela est largement suffisant pour la céréaliculture qui en n'a, selon lui, besoin durant toute l'année, c'est-à-dire d'octobre à juin, que de 30 à 40mm. Le problème, a-t-il martelé, n'est pas d'ordre quantitatif. Le problème, a-t-il relevé, reste lié à la régularité des précipitations.
Ce propos a mis un baume au coeur de ces hommes meurtris par la plus longue et la plus sévère catastrophe naturelle connue. Mais bien vite, la carte projetée et les commentaires qui l'ont accompagnée, leur ont fait l'effet d'une douche froide. Sur cette carte qui représente le territoire, une ligne mauve la barre sur toute sa largeur. Le cumul est estimé à 300 mm. Or, que remarque-on sur cette carte et les suivantes? Que la ligne mauve qui barre les cartes successives n'a cessé de bouger. Partant de la limite du Sahara avec le nord, elle a fini par atteindre le littoral, laissant derrière elle un espace jaune indiquant le désert. Dans 50 ans, prédit l'étude, le désert sera tel que les cultures céréalières deviendront impossibles, faute de précipitations. L'horreur? La famine dès maintenant? Car une carte montre déjà que les précipitations manquent dans des proportions alarmantes de 15% à l'ouest, 20% au centre et 25% à l'est. Rassurant, où ne l'étant qu'à demi, le commentateur de ces cartes affirme que la solution réside dans le Sahara où les cultures vivrières sont abondamment arrosées. Plus de blé, donc, dans les zones défavorisées par le climat. La projection qui a suivi, où l'on voit le président de la République tabler sur une production de 60 q/h, alors que celle-ci stagne à hauteur de 15 à 20 quintaux par hectare dans le meilleur des cas, reste donc du domaine du possible, mais non sur des terres menacées de sécheresse de plus en plus sévère. Les débats ont été longs et tournaient autour des difficultés rencontrées sur le terrain, comme celles liées à l'achat des engrais, le fait de s'assurer à la Crma, ou de payer les analyses du sol, condition nécessaire pour un bon rendement....
L'appel est lancé à l'État par les agriculteurs en grande difficulté pour les aider à s'assurer. On a surtout pu observer que les agriculteurs, ceux de Médéa notamment ont exprimé de vraies questions. Ce qui leur a valu des compliments. «Nous avançons les yeux fermés», a lancé le représentant des agriculteurs du Titteri.
Et d'exiger un bilan sans complaisance des aides de l'État, comme le Pnda pour voir où on en est. Et d'appeler à se regrouper autour de la Crma, pour constituer «un poids», une force dans la défense de la filière. Pour la caisse de Mutualité qui se compose de 70 bureaux régionaux, le défi est d'être aux côtés des fellahs et de les accompagner par ses conseils et ses moyens partout où le besoin se fait sentir.