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Coup de théâtre à 24 heures de l'ouverture du sommet arabe

Zelensky invité à Djeddah

Dans les milieux diplomatiques arabes, cette décision unilatérale saoudienne a eu l'effet d'une véritable bombe qui risque de torpiller ce 32ème Sommet.

Incroyable retournement de situation. À 24 heures de l'ouverture du Sommet arabe, on sort les dagues à Djeddah. De sources diplomatiques très fiables, on a appris, hier, dans la soirée, que le prince héritier Mohamed Ben Salmane a lancé une invitation au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour assister au Sommet arabe qui doit s'ouvrir, demain vendredi, à Djeddah. Dans les milieux diplomatiques arabes, cette décision unilatérale saoudienne a produit l'effet d'une véritable bombe qui risque de torpiller ce 32e Sommet. «De quel droit le prince Ben Salmane décide-t-il, seul, de lancer cette invitation?», s'interrogent ces milieux diplomatiques qui ne comprennent pas «à quoi répond une pareille décision et qui en est le véritable l'inspirateur?». Habituellement dans les Sommets arabes, des invitations sont lancées au secrétaire général de l'ONU, de l'Union africaine, de l'OCI. Point d'orgue, le président des non- alignés a reçu son carton d'invitation comme cela a été le cas lors du dernier Sommet d'Alger. Tous les membres de la Ligue des États arabes sont consultés et tenus informés dans le menu détail, car les décisions obéissent à la règle consensuelle. À cela, nous avons la preuve éclatante du comportement exemplaire de l'Algérie. Lors de la préparation du rendez-vous d'Alger, le président Abdelmadjid Tebboune a bien veillé personnellement au strict respect de la règle du consensus. Une règle sacrée de la charte de la Ligue des Etats arabes car elle préserve l'unité des rangs. Il a demandé à tous les participants à ce Sommet d'avoir leurs consentements au sujet de la présence de la Syrie. Mais après avoir reçu le refus de certains pays dont le Maroc et l'Arabie saoudite en particulier, la Syrie a préféré se rétracter pour ne pas perturber le bon déroulement du Sommet. Tous les pays arabes connaissent la qualité des rapports indéfectibles entre Alger et Damas mais pour le bien de tous les pays, l'Algérie et la Syrie ont accepté de se soumettre au verdict du consensus.
L'Algérie a donc respecté les règles du jeu. Voilà que l'initiative de réintégrer la Syrie dans le giron arabe a été reprise en grande pompe par l'Arabie saoudite, ce que l'Algérie a célébré avec joie! Mais faut- il conclure que ce retour de la Syrie a un prix à payer, celui de se désengager de certaines positions à l'international voire même de renoncer aux principes du droit à la souveraineté nationale? Ainsi, les participants au Sommet de Djeddah se retrouvent devant un vrai fait accompli. Cette expression rappelle bien un mauvais souvenir quand Israël a contraint les Arabes, à ce fait accompli durant la guerre de juin 1967. L'idée d'inviter Zelensky au Sommet arabe est un grave dérapage en matière de politique étrangère. Elle n'a aucune autre explication sinon un détournement d'une position de principe adoptée par les Etats arabes dans la guerre russo-ukrainienne. Située à équidistance de ce conflit, la Ligue arabe a prôné le dialogue entre l'Ukraine et la Russie. En avril 2022, une délégation du Groupe de contact de la Ligue arabe, conduite par le secrétaire général de l'organisation panarabe, Ahmed Aboul Gheit, s'est rendue à Moscou et à Varsovie en Pologne avec à l'ordre du jour l'examen de la situation en Ukraine. Ben Salmane qui ouvre ainsi grandes les portes de la Ligue arabe au président ukrainien vient d'enterrer définitivement cette initiative et de rompre avec la neutralité positive que doivent observer les Etats arabes. Son initiative unilatérale est inacceptable. Veut-il à ce point plaire aux Occidentaux ou croit-il trouver une parade pour se faire pardonner le drame Khashoggi? Le 2 octobre 2018 le journaliste Jamal Khashoggi, opposant au prince héritier Mohammed ben Salmane, tombe dans un traquenard et a été assassiné au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie.
En matière de politique étrangère, chaque pays arabe a sa propre doctrine. L'Arabie saoudite s'aligne sur les visions américaines alors que l'Algérie a toujours défendu un strict respect du principe du non- alignement. L'Algérie est liée à une doctrine dans sa politique étrangère immuable qui tient au dialogue, à la paix et au règlement politique des conflits. Que ceux qui ont pris seuls cette décision en assument la responsabilité et les conséquences qui en découleront. L'Algérie restera fidèle à ses positions en matière de politique étrangère. Elle respectera ses engagements envers les organisations régionales, internationales ainsi qu'envers les pays amis. Le président Tebboune s'est toujours félicité que les pays arabes aient adopté une position neutre envers le conflit opposant l'Ukraine à la Russie. Son prochain voyage à Moscou revêt également un sens de paix et d'entente. Mais voilà que cette invitation de Zelensky remet tout en cause. Elle place les pays arabes dans une position inconfortable envers la Russie. C'est une prise de position directe en faveur de l'un des belligérants. Mais le prince Mohamed Ben Salmane n'en est pas à sa première incartade.

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