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L'Algérie place les garde-fous pour une levée des subventions sans dégâts

Une mission possible

Les politiques, les syndicalistes et les représentants de la société civile auront la lourde responsabilité de fixer la barre de la richesse. Un exercice d'autant plus compliqué qu'énormément de variables interviennent dans l'évolution du pouvoir d'achat d'une société.

L'un des chantiers les plus sensibles auquel s'attellera l'Exécutif, ces prochains mois, consiste en la réorientation des subventions pour une meilleure équité. L'argument imparable sur lequel se base le gouvernement pour lancer une entreprise, encore même pas effleuré par ses prédécesseurs, est en rapport avec le fait que les subventions profitent à toutes les catégories sociales. Or, il aurait été beaucoup plus juste, selon les propos ambiants dans les sphères du pouvoir, de les diriger vers les couches sociales les plus démunies. Ce sont celles-là qui en ont réellement besoin. Ce discours, qu'on retrouve dans la totalité des rapports de conjoncture sur l'économie nationale que produit le FMI et la Banque mondiale, est destiné formellement à convaincre de la nécessité de réduire le gaspillage d'un côté et d'aller, à terme, vers la réalité des prix.
L'Exécutif, qui a évoqué le ciblage des subventions dans la loi de finances 2022, a entrouvert la porte au débat. Le président de la République a confirmé l'intention de l'État de trouver un meilleur usage aux transferts sociaux, arguant que le modèle actuel ne rend pas justice aux classes moyennes et pauvres, puisqu'elles partagent le soutien direct de l'État avec une catégorie de la société qui n'en a pas du tout besoin.
La problématique étant posée en ces termes, Abdelmadjid Tebboune a néanmoins conscience de la nécessité d'un large consensus social et politique. La commission qu'il compte installer et missionner pour plancher sur le dossier des subventions, sera composée, a-t-il assuré, de représentants de tous les corps intermédiaires, à l'image des syndicats de travailleurs et de partons, ainsi que la représentation politique nationale. Un aréopage de toute la société, histoire de garantir une représentativité parfaite. Cette instance aura le dernier mot dans le processus de réforme qui sera engagé. Elle devra statuer sur un travail qui occupe déjà des experts du gouvernement. Une mission autant délicate que complexe. Les cadres du ministère des Finances sont amenés à trouver la bonne formule qui exclurait les catégories les plus aisées, sans remettre en cause le pouvoir d'achat des classes moyennes et pauvres. Tout le problème est dans la définition de la classe moyenne et de la frontière qui la sépare de celle des riches. Les politiques, les syndicalistes et les représentants de la société civile auront la lourde responsabilité de fixer la barre de la richesse. Un exercice d'autant plus compliqué qu'énormément de variables interviennent dans l'évolution du pouvoir d'achat d'une société. La relance économique que tout le monde appelle de ses voeux, le taux d'intégration de la production nationale dans le processus industriel, la valeur du dinar par rapport aux autres monnaies et même des fluctuations internationales, comme celle que subit le pays présentement avec la guerre en Ukraine, entrent en ligne de compte. C'est donc une opération très délicate qu'il va falloir réussir au premier essai. Le risque d'un déclassement brutal de la société est de mise, en ce sens que le soutien de l'État est tellement fort que les économistes n'hésitent pas à parler d'un salaire supplémentaire indirect accordé aux ménages. Il faut savoir à ce propos que les transferts sociaux couvrent l'ensemble des dépenses nécessaires des Algériens. En plus du lait et des céréales, l'électricité, le gaz, l'essence et l'eau bénéficient d'un soutien massif de l'État. Ce dernier ne pourra pas se désengager, sans être certain de la solidité du filet social qu'il est censé mettre en place. Dans l'état actuel de l'économie, avec un salariat très pauvre, ramené à sa valeur en dollars, il est très difficile de décider du niveau de rémunération au-delà duquel, l'Algérien pourrait être confronté à la réalité des prix des denrées de première nécessité. Lorsqu'on sait qu'un député touche l'équivalent de 2000 dollars, au mieux, et qu'un Smicard reçoit quelque 140 dollars, on se demande comment peut-on faire face à une inflation importée, en l'absence du soutien massif et généralisé qui a cours en Algérie. La règle économique de base suppose que la lutte contre la détérioration du pouvoir d'achat passe par une croissance soutenue et pérenne. La commission peut fixer un niveau de rémunération plafond, mais ce sera surtout aux acteurs économiques de faire le reste. 

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