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Partenariat algéro-français

Une fenêtre de tir historique

Le couple franco-allemand a réussi une Europe sans guerre depuis 70 ans. Il est très possible d’espérer le même destin pour la mer Méditerranée.

Il y a six jours, l'Algérie célébrait le 59e anniversaire de son indépendance. Dans 3 jours, ce sera au tour de la France de fêter la 232e année de la naissance de sa République. Les deux nations ont marqué leurs époques et leurs aires géographiques. La France avec ses cinq Républiques, ses empereurs, ses rois, a conquis l'Europe. L'humanité lui doit la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le siècle des Lumières, avec ses philosophes, ses hommes de lettres, ses immenses scientifiques. Louis Pasteur, Pierre et Marie Curie étaient français, faut-il le rappeler. Dire que la France n'a rien donné au genre humain, ce serait mentir, mais les enfumades du Dahra, les exécutions sommaires aux quatre coins de la planète, l'asservissement de populations entières, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont aussi été l'oeuvre d'un système esclavagiste, ensuite colonial qui, pendant plusieurs siècles, refusait le qualificatif d'humains aux Africains. Ce sont les deux visages d'une Histoire plus que millénaire que les Français devraient voir en face et en assumer la brillance, comme la part d'ombre. En face, il y a l'Algérie. Une nation combattante, de caractère, qui a fait échouer une entreprise de colonisation de peuplement, s'est libérée à la force des bras de ses propres enfants, mené une guerre d'indépendance, l'une des plus grandioses de l'Histoire de l'humanité.
Une nation qui a secrété, ses artistes, ses écrivains au coeur même de la nuit coloniale. L'Algérie a brillé dans le concert des nations. Elle a tenu tête aux plus puissants, dont la France, dans son combat en faveur de la décolonisation du continent noir. Elle a contribué à la libération de l'Afrique du Sud et à la chute du système raciste de l'Apartheid.
Les deux pays ont en commun 132 ans d'Histoire. Sur ce laps de temps qui représente un epsilon dans le long vécu de la France et de l'Algérie ancestrales, la soldatesque coloniale a commis l'impensable contre un peuple qui a fait montre d'une résistance unique en son genre. Plusieurs guerres et une entreprise de «pacification» ne sont pas arrivées au bout de la résistance des Algériens. La guerre de Libération nationale a mis un terme à un système haineux, raciste et qui a commis tant de crimes contre l'humanité en Algérie et ailleurs.
Aujourd'hui, 59 ans après son indépendance, l'Algérie est une puissance régionale, dont le poids est reconnu de tous. Elle a démontré une compétence avérée dans la stabilisation de toute la région. Paris le sait parfaitement et n'a visiblement pas l'intention ni l'intérêt d'enjamber l'Algérie dans sa stratégie en Afrique du Nord. De son côté, Alger ne peut ignorer l'influence de l'ancienne puissance coloniale et 7e puissance économique mondiale dans la zone sahélienne. Elle ne peut également pas effacer d'un trait les millions d'Algériens qui vivent en France.
En 2021, Alger et Paris sont sur la même trajectoire, celle d'engager une autre séquence de l'Histoire méditerranéenne. Si dans le passé, elle fut sanglante, la conjoncture actuelle lui ouvre objectivement des perspectives rayonnantes. Il n'y a pas de raison de penser à l'échec d'un partenariat algéro-français sincère basé exclusivement sur l'intérêt des peuples. Si le couple franco-allemand a réussi, malgré un passif très lourd, à jeter les ponts d'une Europe sans guerre depuis 70 ans, il est très possible d'espérer le même destin pour la mer Méditerranée. Une pure lecture économique conclut à une niche exceptionnelle de croissance pour la France, le Maghreb, les pays du Sahel et encore plus profondément en Afrique grâce à la Zone de libre-échange et de commerce africaine (Zlecaf). L'opportunité est hautement historique. La France y gagnera énormément dans cette nouvelle séquence de son Histoire avec l'Afrique. Mais elle ne pourra rien réaliser de pérenne sans une association avec l'Algérie. Celle-ci mettra bien plus de temps à s'affirmer économiquement, en l'absence du savoir-faire français. Le partenariat gagnant-gagnant est de ce fait, une évidence historique. Il s'agira d'avoir à Alger, comme à Paris, le courage politique d'assumer le passé colonial, de savoir le condamner sans équivoque, mais ne pas laisser les discours passéistes d'un côté comme de l'autre polluer la formidable occasion qui s'offre aux deux peuples, à savoir un nouvel épisode de l'Histoire entre nations souveraines et disposant de tous les atouts pour construire une longue ère de paix et de prospérité en Méditerranée.

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