Le professeur Nibouche accable la colonisation
Un legs sanitaire empoisonné
Cet éminent spécialiste évoquant des maladies de la pauvreté et de l’indigence a rappelé que l’espérance de vie chez les Algériens ne dépassait guère les 46 ans.

Au lendemain de l'indépendance, la situation sanitaire en Algérie était désastreuse.
Le tableau clinique du pays n'était pas des plus reluisants, affirme le proofesseur Djamel Eddine Nibouche, en évoquant des maladies de la pauvreté et de l'indigence, ces fruits amers de la présence coloniale et qui sévissaient alors, avec pour conséquence une espérance de vie chez les Algériens qui ne dépassait guère les 46 ans. «Si nous faisons l'historique de l'Algérie nous constatons que son état de santé était catastrophique en 1962» affirme-t-il sur les ondes de la Rradio nationale Alger chaîne 3, arguant que durant la présence française, les hôpitaux étaient bien là, mais l'accès aux soins était très difficile aux Algériens.
«La prise en charge sanitaire était tout à fait dérisoire» rappelle-t-il dans l'émission matinale l'Invité du jour, animée par notre consoeur Narimane Mendil.
Le professeur Nibouche décrit ainsi un legs sanitaire empoisonné hérité sur plus de 130 ans de colonisation. «Les maladies liées à la misère étaient là comme le choléra, la tuberculose, la fièvre typhoïde, le rhumatisme articulaire aigu» poursuit-il en indiquant qu'à l'indépendance, l'Algérie se devait de prendre en charge ces pathologies lourdement responsables de taux de mortalité élevés. «L'Algérie a établi des plans d'action avec la mise en place de dispensaires anti-tuberculeux, la lutte contre le rhumatisme articulaire aigu et le déploiement d'une stratégie anti-maladies à transmission hydrique» souligne-t-il précisant que cet effort a fini par payer puisque «beaucoup de choses ont été faites et beaucoup de maladies ont été ainsi éradiquées, tel que le paludisme» et ce avec l'attestation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Nombre d'autres maladies ont fini par disparaître tel le rhumatisme articulaire aigu «puisque nous ne voyons plus de valvulopathies rhumatismales et autres maladies de la misère», ajoute le professeur Nibouche.
Les efforts de l'Algérie ont fini par payer puisqu'au fil des années, ce passé douloureux semble n'être qu'un lointain souvenir, semble dire l'invité de la radio. «Nos populations vivent mieux, s'alimentent mieux et nous n'avons plus la malnutrition que nous avait laissée la colonisation» se félicite-t-il en décrivant une situation sanitaire nationale qui a fini par s'inverser pour déboucher sur le profil sanitaire des pays émergents et développés. «Nous faisons aujourd'hui face à de nouvelles maladies, celles propres aux pays riches, avec des facteurs de risques inédits non seulement cardio-vasculaires, mais aussi relatifs au cancer; car nous nous sommes développés sur le plan sanitaire et notre qualité de vie a beaucoup changé. Ces deux dernières maladies sont celles dont le taux de mortalité est le plus élevé au monde.», prévient le professeur Nibouche en citant également d'autres maladies du siècle comme l'obésité, chez l'enfant notamment, d'où un phénomène qui commence «à poser un problème de santé majeur dans l'Algérie d'aujourd'hui.».
Rappelons que le professeur Djamel-Eddine Nibouche, en sa qualité de président de la Commission médicale nationale à la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas) est récemment revenu sur la question du transfert des patients algériens à l'étranger et cela sur les ondes de la même radio en précisant que «la Cnas ne fait pas de différence entre le privé et le public» arguant que le malade «doit être soigné là où l'opportunité des meilleurs soins lui est offerte», tout en ajoutant: «Le privé n'est pas complémentaire du public, mais est pris exactement comme le public dans ce cas.».
Le professeur Nibouche a alors rappelé son engagement en faveur d'une médecine sociale «pour que le malade bénéficie des meilleurs soins sans débourser un centime», conformément à l'esprit de la Constitution nationale.