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Kamel Bouchama nommé ambassadeur en Syrie

Un diplomate au long souffle

De tous les hommes politiques du FLN post-indépendance réputés brillants, Kamel Bouchama est peut-être le plus éblouissant. Sa nomination, par le président Tebboune, au poste d’ambassadeur à Damas, est un choix judicieux.

Qu'il vous impressionne en natation malgré sa méchante blessure qui lui abîma le genou gauche, vous paraîtra évident parce qu'il est un pur Cherchellois. Qu'il déclame, sans erreur, les Mouaâlaqat de Antara Ibn Chaddad, l'exploit vous paraîtra un peu frivole. Mais, qu'à ces qualités, il y ajoute de l'érudition et le talent d'un tribun hors pair, voilà qui est caractéristique de celui qui fut le plus jeune mouhafedh de l'Algérie indépendante: Kamel Bouchama. On le nommant au poste d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République arabe syrienne, le président Abdelmadjid Tebboune a fait un choix judicieux. Aussitôt nommé par Alger, le gouvernement syrien a donné, en un temps record, son agrément à cette nomination. Fin connaisseur du Monde arabe, Kamel Bouchama a gagné l'amitié et la fraternité des hauts dirigeants du Moyen-Orient. Quand il a été rappelé de son poste d'ambassadeur à Damas, les autorités lui ont ont confié la gestion de la première manifestation, ´´Alger capitale de la culture Arabe´´ en 2007.

Kaddour M'Hamsadji et le professeur Chitour
Diplomate au long souffle, Bouchama est également un auteur prolifique. C'est même le plus prolifique des hommes politiques algériens: trente-trois- oui, vous avez bien lu 33- livres au compteur, excusez du peu! Et ce n'est pas fini. Il écrit comme les autres parlent, avec aisance et sans stress. L'angoisse de la feuille blanche, ça ne le connait pas. À plus d'une occasion, nous avons fait cet exercice avec lui au journal L'Expression quand la rédaction le sollicitait pour un commentaire, un avis ou un éclairage sur un fait de politique nationale, internationale, un événement culturel ou sportif. C'est du tac au tac. Sa mémoire est comme un classeur bien tenu par une secrétaire modèle. On le provoque sur un sujet, c'est ce qu'on fait souvent, et hop! Le dossier s'ouvre et livre ses pièces dans un ordre parfait. Durant des années, il a illuminé les pages du journal, par des contributions de haute facture aux côtés d'autres amis du journal à l'image du doyen des écrivains francophones, Kaddour M'Hamsadji ou du professeur Émérite Chems Eddine Chitour. Des intellectuels de valeur qui ont guidé et aidé à décrypter l'actualité nationale et internationale souvent complexes. Quand, à l'heure du bouclage, Bouchama débarque longiligne et frais, à la rédaction de notre quotidien, tout s'illumine brusquement. Il a la gaieté bruyante. On se dit: au nom de quelle force mystérieuse cet insoumis chronique et ardent du vieux parti, tient-il cette aisance du corps et de l'esprit? Il devait être irritant, il sait tout! Mais il n'abuse pas de sa supériorité et sait assez bien se faire pardonner. Détaché, l'homme s'en fout des joies malsaines de l'autorité... Il proclame qu'il est heureux. Peut-être l'est-il puisqu'il est capable de tout, même d'applaudir frénétiquement le succès de ses confrères. Il a le coeur sur la main et la main tendue à ses semblables. Bouchama a embrassé très jeune la carrière politique. Au milieu des années 1960, il intègre la section JFLN naissante. Une fascinante période de bouillonnement et de rêves sans limites d'une jeunesse pétillante. C'était l'Algérie des possibles où la jeunesse rêvait. Porté par l'élan de l'une des plus belles révolutions du monde, le pays préparait activement à la fois le Festival mondial de la Jeunesse et des Étudiants et mettait les bouchées doubles pour accueillir le Sommet afro-asiatique.
L'Algérie était alors une destination privilégiée pour les peuples qui aspiraient à s'émanciper du joug colonial. C'est dans cette ambiance euphorique que le jeune médersien Kamel est propulsé aux premières lignes du mouvement de la jeunesse au lendemain de l'indépendance. Il fait le tour du monde à travers de nombreuses missions politiques. Il contracte alors le virus de l'engagement et des batailles militantes. Il ne s' en remettra jamais, mais il a le souffle long. Il sera ministre de la Jeunesse et des Sports de 1984 à 1988. Après les douloureux événements du 5 octobre 1988, quand tout a été remis sur le dos du FLN, il dégaine et porte l'estocade avec sa plume. Au moins trois livres pour la question. Le seul militant du parti à se prévaloir d'une pareille audace intellectuelle. Coup sur coup, il publie: «Le FLN, instrument et alibi du pouvoir», ensuite un autre: «Le FLN a-t-il jamais eu le pouvoir?», et enfin suivi d'un troisième, en 2008: «Le FLN, la refondation ou..., le Musée». De tous les hommes politiques du FLN post-indépendance réputés brillants, Kamel Bouchama est peut être le plus éblouissant. Quand on prononce son nom devant les vieux dinosaures du FLN, ils hochent la tête en grommelant et se sentent un peu plus vieux, un peu lourds de leurs errements passés. Il est à la fois précis et miticuleux, abondant en détails, en chiffres et en dates. Mais le détail ne l'empêche jamais de narrer les faits, un langage coloré de cordialité et perlé d'anecdotes succulentes. Le tout dans la pure tradition de l'éloquence cherchellloise.

Audace intellectuelle
Il descend de la même lignée intellectuelle que Assia Djebar, elle aussi cherchelloise, l'auteure de la «Nouba des femmes du mont Chenoua». Kamel s'en revendique mais refuse de s'y confiner. Dans ses conférences il revendique aussi haut et fort toutes les femmes, militantes, maquisardes, où nous découvrons chez lui les héroïnes, telles Cyria, la soeur de Firmus, La Kahina, Lalla Fatma N'Soumer, Mériem Bouattoura, les Djamila et les Fadhila Saâdane, Ould Kablia, Lalla Zouleikha Oudaï, dont il a commis un merveilleux ouvrage, et d'autres qui ont marqué leur siècle.
C'est cet homme que le président Tebboune a décidé de nommer, d'abord dans un premier temps sénateur, pour lui confier ensuite la lourde tâche d'ambassadeur en Syrie où des profonds bouleversements régionaux s'annoncent. Un juste retour pour Bouchama qui garde toujours ouverte la blessure de son rappel, peu amène, en 2004 de Damas. Sous l'élégante carapace de Son Excellence Monsieur l'ambassadeur, il semble que d'un coup d'ongle on pourra atteindre et blesser l'homme sensible et fragile de l'intérieur. Qu'importe, aujourd'hui comme hier, l'animosité à son endroit ne l'effraie pas. «J'ai appris à me construire à me blinder contre les flèches aux pointes trempées dans du poison», confie-t-il avant de s'en aller insouciant, endurant...

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