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Les dirigeants arabes se dispersent après quelques heures d’un Sommet expéditif

Un constat d’échec

En voulant régenter le Monde arabe, Ben Salmane s’est lourdement trompé d’époque au point d’oublier que le temps des leaderships est révolu.

Une Ligue arabe rachitique sur les bords de la mer Rouge à Djeddah en Arabie saoudite. Le 32e Sommet qui s'est ouvert, hier vendredi, et vite expédié quelques heures après, a été loin d'égaler son prédécesseur tenu sept mois plus tôt à Alger.
La participation au plus haut niveau a toujours été un enjeu important et un baromètre pour la qualité de tous les Sommets arabes. De ce point de vue, Djeddah n'a pas été au même niveau qu'Alger. Symbole d'une parfaite réussite, le Sommet arabe d'Alger fera désormais date dans les annales des Sommets de la Ligue arabe. Ce rendez-vous a confirmé une nouvelle fois le rôle pivot de l'Algérie sur l'échiquier régional, africain et international.
En termes de représentation, le Sommet d'Alger a vu la présence des 21 États représentés par 17 chefs d'État et de gouvernement. C'était le 3e Sommet le plus représentatif dans les annales des Sommets arabes. En termes de couverture médiatique, Alger a connu une effervescence médiatique digne des plus grands rendez-vous internationaux. Non seulement la présence des médias a été remarquable, mais aussi une qualité exceptionnelle des débats et des analyses, le long de ce rendez-vous. Que s'est-il passé à la réunion expéditive de Djeddah? Un Sommet fade, une médiatisation quasi nulle. Placé sur la balance politique, le prétendu tout-puissant Ben Salmane n'a pas pesé lourd. Seuls dix dirigeants arabes ont fait le déplacement à Djeddah. Maigre moisson pour le prince, comparativement aux 17 chefs d'État qui ont allégrement foulé le sol d'Alger, répondant à l'invitation du président Abdelmadjid Tebboune, le 1er novembre dernier.
En envoyant le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane représenter le chef de l'État, l'Algérie n'a fait que respecter l'ordre protocolaire. Le Liban s'est fait représenter par le Premier ministre, puisque le Parlement n'a pas réussi à désigner de successeur au président Michel Aoun depuis le 30 octobre 2022.
Cependant, ce ne sont pas tous les alliés du CCG qui ont pris part à ce Sommet. Ainsi, le président des Emirats arabes unis, Cheikh Mohammed ben Zayed, s'est fait représenter par son frère, Cheikh Mansour ben Zayed de même que le roi Mohammed VI a délégué son frère Moulay Rachid. L'Émir de l'État du Koweït Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, le sultan d'Oman Haïtham ben Tariq et Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil de souveraineté de transition soudanais étaient tous absents à ce Sommet. Même le président de la République fédérale islamique des Comores, Ghazali Othmani, a décliné l'invitation de Ben Salmane.
Et qu'en est-il de la déclaration de Djeddah? Elle a été indigente, très loin de répondre aux aspirations arabes. Si le Sommet d'Alger a constitué une halte charnière dont les conclusions ont porté sur l'impératif de permettre le retour de la Syrie, le Sommet de Djeddah n'a rien prévu pour la reconstruction de ce pays détruit par les armes arabes. L'Algérie a farouchement lutté pour réintégrer la Syrie, Le Sommet de Riyadh devait sortir son chéquier pour soutenir un plan Marshall syrien. Alger a lutté pour la centralité de la cause palestinienne à qui elle a redonné un dynamisme et assuré une réconciliation de ses factions, Djeddah devait non seulement condamner mais soutenir les souffrances du peuple palestinien massacré au vu et au su du monde entier. A-t-on fait le bilan de la normalisation des pays arabes avec l'entité sioniste? Où est le plan de sortie de crise au Soudan déchiré par un conflit interne? Où est le plan de paix pour la Libye qui sombre dans le chaos? Que prévoit-on pour des pays convalescents comme le Liban, le Yémen ou la Tunisie? Au lieu de ces crises et thème d'une brûlante actualité arabe, les participants ont eu droit à un plan de paix en Ukraine exposé par le président Zelensky.
La volonté de l'Algérie d'unifier les rangs arabes a été largement saluée par les participants au 32e Sommet. L'Irak, La Tunisie, le Liban et la Syrie ont tous rendu un vibrant hommage aux efforts du président Tebboune pour rassembler les rangs arabes lors du Sommet d'Alger qui reste une référence en matière d'organisation et du niveau de participation. Pour Djeddah, le constat d'échec est là. À force de vouloir plaire, Ben Salmane a fini par déplaire. Le spectacle du président ukrainien était une fausse note dans la symphonie arabe. Il s'est fait escorter par des avions de chasse de l'armée française pour arriver en retard au Sommet. Avec sa tenue, une contravention de style qui ne passait pas, il a mis dans la gêne tous les participants. Les peuples arabes ont d'autres ambitions qui sont d'ordre économique et sociale. Ils veulent surtout hâter l'avènement de la paix, au Soudan, au Yémen, en Libye et au Liban.
En voulant régenter le Monde arabe et phagocyter ses institutions pour s'en servir comme bon lui semble, le prince Mohamed ben Salmane s'est lourdement trompé d'époque. Au point d'oublier que le temps des leaderships est révolu.

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