Annonce de l’organisation du 7e Sommet du Fpeg
Sur fond de brouille américano-saoudienne
Ce rendez-vous a été acté dans le sillage de tensions inédites entre Riyadh et Washington.
25 octobre 2022: la 24e réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz se tenait au Caire. C'est ce jour-là que l'organisation du 7e Sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays exportateurs de gaz a été annoncée. Il sera abrité par la capitale algérienne: Alger. Il aura pour particularité d'avoir été acté dans le sillage de tensions inédites entre Riyadh et Washington. Il faut souligner en effet que ce Sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays exportateurs de gaz a été annoncé dans le sillage de tensions inédites entre Riyadh et Washington. À l'origine de cette «brouille», la baisse de la production de l'Opep+ de 2 millions de barils par jour, décidée le 5 octobre 2022 à Vienne en Autriche, qui avait pour but de soutenir les cours de l'or noir. Soit moins de trois semaines avant que ne soit décrété l'organisation de cet évènement de premier plan par l'Algérie. La décision de l'Opep+, sous-direction saoudienne, de réduire l'offre de l'or noir équivaut à un «soutien économique» à la Russie, grande exportatrice d'hydrocarbures avait accusé le porte-parole du Conseil de sécurité de la Maison-Blanche John Kirby. Les Américains ont vu rouge. Leur réaction aurait pu s'avérer anecdotique si la Russie qui était au coeur de cette tension n'était pas un des membres majeurs de Forum des pays exportateurs de gaz. Son sous-sol, qui recèle les plus grandes réserves de gaz au monde, la hisse au second rang mondial derrière les États-Unis justement et se place comme fournisseur majeur de l'Europe. Environ 40% du gaz importé par les États de l'Union européenne proviennent de Russie. Et plusieurs pays de l'UE assurent la totalité de leurs approvisionnements en gaz avec Moscou, comme la Lettonie (100%) ou la Finlande (98%), tandis que d'autres en sont largement dépendants comme l'Allemagne (66%) et la Pologne (55%), selon les chiffres d'Eurostat, direction générale de la Commission européenne chargée de l'information statistique à l'échelle communautaire. Les accusations américaines ont été rejetées en bloc par le chef de file de l'Opep. «L'Arabie saoudite a vu les déclarations (américaines Ndlr) qui ont décrit la décision comme une prise de position du royaume dans les conflits internationaux et comme politiquement motivée contre les États-Unis», avait affirmé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Riyadh «exprime son rejet total de ces déclarations qui sont infondées et sortent les décisions de l'Opep+ de leur contexte économique», avait-il précisé. Le président des États-Unis avait été encore plus loin. «Il y aura des conséquences pour ce qu'ils (les Saoudiens) ont fait, avec la Russie», avait menacé Joe Biden. Le successeur de Donald Trump est passé à l'acte. Le locataire de la Maison-Blanche a annoncé le 19 octobre 2022 la mise sur le marché, en décembre de la même année, de 15 millions de barils de brut supplémentaires tirés des réserves stratégiques américaines. Le Sommet des pays exportateurs de gaz qui se tiendra Alger à partir du 29 février aura aussi pour particularité de se tenir cinq jours avant que le conflit armé russo-ukrainien n'entre dans sa troisième année, le 24 février prochain. Il aura surtout accouché d'une crise énergétique mondiale inédite qui a frappé de plein fouet les pays membres de l'Union européenne, notamment. Elle a pris une tournure qui l'a élevée au rang d'évènement capital pour l'Europe. Le gaz est devenu incontestablement une arme diplomatique entre la Russie et ses clients européens. Une arme fatale qu'elle pourrait brandir à tout moment au vu des sanctions européennes qui n'ont cessé de pleuvoir sur elle. Si la brouille américano-saoudienne relève du passé, il est incontestable que Riyadh et Washington ne rateront pas une miette de ce qui en découlera de ce 7e Sommet des chefs d'État et de gouvernement qu'abritera Alger.