{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Exécution de Ali Chekkal, vice-président de l’Assemblée algérienne, le 26 mai 1957

Retour sur un acte héroïque

De la poche de sa veste, Bensadok tire à l’aveuglette et la balle atteint le cœur du traître qui tombe raide. Confusion générale sur les lieux.

L'Histoire de notre guerre de libération (1954-1962) foisonne d'événements qui méritent d'être racontés et écrits pour qu'ils ne sombrent pas dans les méandres de l'oubli. Encore faut-il que les acteurs de ces événements fassent leurs témoignages pendant qu'ils sont encore en vie, avant qu'ils ne soient happés par la mort. Comment ne pas se remémorer l'exécution le 26 mai 1957 du traître Ali Chekkal, vice-président de l'Assemblée algérienne par le jeune militant Mohamed Bensadok?
Ali Chekkal est originaire de Mascara où il a officié en tant qu'avocat puis bâtonnier dans la même ville avant de s'engager dans la politique au milieu des années 1940. Il devient conseiller général de Mostaganem, puis élu à l'Assemblée algérienne, il en assume la vice-présidence en 1949. Sa dernière mission officielle l'a conduit à New York avec la délégation française à l'ONU. Marié à la fille d'un capitaine de Montpellier, Ali Chekkal est viscéralement attaché à la France au point qu'il défendait de ses tripes la cause de l'Algérie française. Anti-nationaliste, le FLN l'a décrété traître qu'il fallait éliminer. Son assassinat a fait un grand bruit tant en France qu'à travers le monde. L'événement est très important dans la guerre que menait, en France le FLN. L'émigration algérienne, sous le couvert de la Fédération de France du FLN, décrétée Wilaya VII, a joué un rôle prépondérant dans la lutte de Libération nationale, en portant celle-ci dans le ventre même de la bête. Ainsi, de jeunes Algériens n'hésiteront pas à engager des actions d'éclat au coeur même de la capitale française. Ces actions ont valu à la cause algérienne une médiatisation sans précédent dans la presse française et internationale.
La séquence se passait à la sortie du stade de Colombes en France, un certain dimanche 26 mai 1957. Alors que la rencontre, opposant en finale de coupe de France Angers à Toulouse, venait de se terminer, la foule s'apprêtait à évacuer les gradins. En attendant, c'est le président de la République française d'alors, René Coty, qui quitte le stade et va en direction de la voiture officielle qui allait le conduire à son bureau à l'Elysée. Derrière lui, mais au côté opposé, Ali Chekkal, ancien vice-président de l'Assemblée algérienne, qui avait assisté à la rencontre dans la loge présidentielle, conversait avec diverses personnalités et se trouvait, notamment aux côtés d'André Roche, directeur général de la police. Chekkal était à quelques mètres du jeune fidaï de l'Organisation spéciale nommé Mohamed Bensadok, âgé alors de 27 ans. Tassé par la foule présente aux abords du stade, Bensaddok n'a pu retirer l' «arme de la poche de sa veste. Sans regarder il vise de l'intérieur de sa poche, tire et la balle atteint le coeur du traître Chekkal qui tombe raide. Il s'ensuit une panique générale et la foule a cru, dans un premier temps, à l'assassinat du président de la République, René Coty, avant que la rumeur ne soit démentie. Bensadok a été appréhendé sur les lieux de l'attentat et conduit au Quai des Orfèvres. L'affaire reprise par la presse internationale avait fait en son temps, un grand bruit à l'avantage de la Fédération du FLN en France. Lors du procès de Bensaddok à la Cour d'assises de Paris en décembre 1957, d'éminentes personnalités politiques, médiatiques et hommes de lettres ont témoigné et pris position en faveur de l'accusé. Maître Stibbe, avocat de Bensadok, cite à la barre des témoins prestigieux comme Germaine Tillion, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Albert Camus, Louis Massignon...
Il est vrai que la participation de la Fédération de France du F.L.N au combat libérateur sort peu à peu de l'oubli. Mais on ne peut. indéfiniment, taire des faits d'armes qui eurent, en leur temps, des résonances internationales, celles des modestes militants (hommes et femmes qui étaient prêts à offrir leur vie pour que vive la patrie...). À ce titre, il faut rendre hommage à l'infatigable Mohamed Ghafir dit Moh Clichy qui, après avoir participé à la libération du pays, ouvre un second front: celui de la mémoire. En 1956, Ghafir était responsable du secteur de Clichy d'où son nom de guerre Moh Clichy qu'il garde jalousement à ce jour. Il mène une lutte sans merci contre les messalistes du MNA ainsi que la police française toujours à ses trousses... Il a été désigné en 1957 responsable de toute la région Nord de Paris qui com-
prend, notamment Levallois, Clichy, Saint-Ouen, Asnières, Genevilliers et Paris 17ème.
Sans répit, multipliant les écrits, les conférences et les témoignages, Mohamed Ghafir, 88 ans, refuse de faire la moindre concession à l'oubli. Un grand chantier post-indépendance dont le vieux Clichy continue inlassablement d'en déblayer le terrain pour y semer les graines de la mémoire...

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré