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Blocage de certaines taxes

Quels impacts sur le pouvoir d'achat?

Les mesures annoncées ne doivent pas accroître le déficit budgétaire qui accroît l'inflation.

Le caractère social de l'Etat ne doit pas reposer sur la rente des hydrocarbures et de versements de salaires ou de subventions sans contreparties productives, mais sur le travail et l'intelligence pour un développement durable conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attaché. On ne peut comprendre le processus d'inflation et donc sa maîtrise, sans le replacer dans le cadre des mutations mondiales et du cadre macroéconomique et macrosocial interne.
Les dernières mesures du président de la République de geler certaines taxes s'assimilent à des subventions dont le montant sera plus élevé que celui prévu dans la loi de finances 2022. Selon les prévisions de la loi de finances 2022, les subventions implicites, constituées, notamment de subventions aux produits énergétiques et des subventions de nature fiscale, représentent environ 80% du total des subventions et que les subventions explicites représentent un cinquième du total des subventions, étant dominées par le soutien aux prix des produits alimentaires et aux logements étant prévu 1 942 milliards de dinars, soit 14,17 milliards de dollars et 19,7% du budget de l'État. C'est là un dossier très complexe devant éviter la précipitation, sociale pouvant avoir des effets pervers ce qui explique la décision du président de la République afin d'éviter de vives tensions sociales.
Comme j'avais mis en garde le gouvernement, sans maîtrise du système d'information et la quantification de la sphère informelle, afin de quantifier les revenus informels, cette réforme de subventions ciblées est impossible à réaliser, surtout en cette période avec le retour de l'inflation qui encourage les activités spéculatives. C'est dans ce contexte que doit s'inscrire la compréhension du processus inflationniste devant le relier au retour de l'inflation mondiale aux équilibres macroéconomiques et macrosociaux selon une vision dynamique. Dans ce contexte, quelle est l'évolution de la cotation du dinar, des réserves de change et du taux d'inflation?
Le président Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre avec la presse le 4 avril 2021, a indiqué que le chiffre oscillerait entre 6000 et 10 000 milliards de dinars entre 33 et 47% du PIB, le président, soulignant des données contradictoires et un système d'information non fiable,.Malgré des discours, nous avons des mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, comme la finance islamique, qui a permis de drainer fin 2021 selon la déclaration du Premier ministre, seulement 100 milliards de dinars soit à peine 1% si l'on prend le montant de 10 000 milliards de dinars. (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul pour l‘Institut français des relations internationales Ifri, Paris, décembre 2013, Les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb et revue Stratégie du ministère de la Défense nationale MDN Imdep octobre 2019).
L'effet d'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar a un effet négatif sur les sphères économique et sociale. Le taux d'intérêt des banques devrait le relever de plusieurs points, s'ajustant aux taux d'inflation réelle, freinant à terme le taux d'investissement à valeur ajoutée. La déthésaurisation des ménages face à la détérioration de leur pouvoir d'achat, met des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation, plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, des biens durables à forte demande comme les pièces détachées facilement stockables, l'achat d'or ou de devises fortes.
Cette dévaluation du dinar a permis d'augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s'appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. En cas de baisse drastique des réserves de change à 10/12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d'Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d'inflation d'environ 300 dinars un euro minimum, surtout en cas d'ouverture des frontières. Il sera difficile de combler l'écart avec le marché parallèle pour la simple raison que l'allocation de devises pour les ménages est dérisoire, la sphère informelle suppléant à la faiblesse de l'offre et, par ailleurs, bon nombre d'entreprises du fait de la faiblesse de l'allocation devises pour éviter la rupture d'approvisionnement iront au niveau de cette sphère.
La raison essentielle de l'inflation dépend de plusieurs facteurs interdépendants: de facteurs externes avec le retour de l‘inflation au niveau mondial, dont le prix international des produits importés. La sécurité alimentaire mondiale étant posée, les prix des produits agricoles connaissent un niveau record et, selon la FAO, l'augmentation des prix s'est établie en moyenne à 127,1 points en mai 2021, soit 39,7% de plus qu'en mai 2020, où le prix des oléagineux a plus que doublé; mais également de facteurs internes dont la faiblesse de la production et de la productivité interne, de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et leur impact renvoyant à la corruption via les surfacturations; de la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d'achat des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation, plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, l'achat d'or ou de devises fortes pour se prémunir contre l'inflation; de la dévaluation rampante du dinar; de la dominance de la sphère informelle produit des dysfonctionnements des appareils de l'Etat où existent des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière, avec des situations oligopolistiques de rente., cette sphère alignant le prix des biens sur la cotation de la devise du marché parallèle, pour les produits importés, contrôlant les segments des fruits/légumes, poissons/viandes, textile/cuir et bon nombre d'autres produits importés qui connaissent un déséquilibre offre/demande et enfin aux restrictions drastiques des importations par une gestion administrative,, sans ciblage qui ont paralysé la majorité de l'appareil de production.
En conclusion, les mesures annoncées ne doivent pas accroître le déficit budgétaire qui accroît l'inflation et c'est une loi universelle et dans ce cas leurs impacts sera limité sur le niveau du pouvoir d'achat car tout déficit budgétaire accroit l'inflation et c'est une loi universelle. Comme effet, la non- maîtrise de l'inflation a pour conséquence l'accélération du divorce Etat/citoyens. Outre les factures d'électricité et d'eau, du loyer, on peut se demander comment un ménage qui gagne entre 30 000 et 50 000DA peut survivre, s'il vit seul, en dehors de la cellule familiale qui, par le passé, grâce au revenu familial, servait de tampon social? Mais attention à la vision populiste: doubler les salaires sans contrepartie productive entraînerait une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l‘inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs. L'action louable au profit des zones d'ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la société. D'où l'importance de la rationalisation des choix budgétaires où l'Etat doit donner l'exemple en réduisant son train de vie. Cette méfiance du citoyen envers les discours officiels est accentuée par l'effritement du système de la communication officielle, devant mettre fin à certains discours qui jouent comme facteur de démobilisation. Comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne à la fin des années 1987 et après la grande pénurie, à l'Entv, où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s'il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres; vers les années 2004, où, à une question sur le taux de chômage, un ministre a affirmé que les enquêtes donnent moins de 10% et qu'un journaliste lui répliqua: êtes-vous sûr de vos données? Oui, répondit le ministre.
Ce à quoi le journaliste répliqua sous l'oeil amusé de la présentatrice, non convaincue d'ailleurs, qu'il irait faire un tour dans les quartiers d'Algérie et qu'il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n'est plus chômeur mais travailleur et la déclaration d'un ministre en 2011 à l'Entv, «en Algérie, il n'y a pas de pauvres, mais des nécessiteux», quelle différence?. Et récemment en mars 2021, que l'inflation est maîtrisée, que la relance économique améliorera la cotation du dinar, alors que la population impuissante assiste à l'effet inverse.Le véritable patriotisme des Algériens se mesurera par leurs contributions à la valeur ajoutée interne. Du fait des tensions budgétaires, de l'accroissement du taux de chômage et du retour de l'inflation avec la détérioration du pouvoir d'achat, s'impose la relance économique pour 2022, un large front national tenant compte des différentes sensibilités et un discours de vérité pour un sacrifice partagé, la lutte contre le terrorisme bureaucratique, évitera l'instabilité juridique et monétaire et la corruption qui étouffent les énergies créatrices.. Car sans le retour à la confiance, renvoyant au politique, aucun développement n'est possible. On ne décrète pas la création d'entreprises facteur de création d'emplois, ne devant pas confondre le tout-Etat (solution de facilité des bureaucrates en panne d'imagination) avec l'importance de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché.

*Professeur des universités, expert international [email protected]

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