Hausse «non justifiée» des prix de la viande blanche
Les sept mesures de Henni
Les Algériens attendent de voir comment ces mesures vont impacter les prix du poulet...

Le poulet continue son envol! De l'aveu même du ministère de l'Agriculture, les prix de la viande blanche ont connu une hausse «fulgurante» et «injustifiée» durant les dernières 24 h. D'où la réaction du premier responsable du secteur, Mohamed Abdelhafid Henni, de convoquer, dimanche dernier, une réunion sous le seau de l'urgence. Ordre du jour: traiter de cette flambée. Cette réunion a regroupé les différents acteurs du secteur agricole. Il s'agit des représentants de l'Office national de l'alimentation animale (Onab), la Société algérienne de régulation des produits agricoles (Sarpa), la Société économique publique de réfrigération (Frigomedit), ainsi que les éleveurs affiliés à la Fédération nationale des éleveurs de volaille, eux-mêmes membres de l'Union nationale des agriculteurs algériens (UNPA). La réunion a également compté sur la présence d'un représentant du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations. Henni a haussé le ton face à cette situation «anormale» et «préoccupante». Pour le ministre, rien ne justifie cette hausse des prix. Car, «la viande blanche est disponible en quantité», a-t-il assuré. Est-ce vraiment le cas? D'autant que cette hausse des prix ne date pas de ces derniers jours mais perdure depuis plusieurs semaines. Elle n'a que doublé d'intensité en ce début de semaine. Quoi qu'il en soit, la tutelle a annoncé sept nouvelles mesures afin de freiner cette saignée. Tout d'abord, il est question d'ouvrir une enquête pour déterminer les tenants et aboutissants de cette crise du poulet qui a trop duré.
«Face à la flambée des prix, des investigations approfondies seront menées pour identifier les facteurs sous-jacents de cette hausse soudaine et injustifiée», souligne la tutelle dans un communiqué. Il est aussi question d'accélérer la fourniture des intrants aux petits éleveurs.
«Les petits éleveurs recevront rapidement les intrants nécessaires, notamment les aliments pour volaille, sous réserve de l'obtention d'une autorisation sanitaire des services vétérinaires de la wilaya», soutient la même source. Il est aussi question de réglementer les prix des aliments du poulet au niveau de l'Onab. «Des prix minimums stables seront définis sur le marché national pour les aliments commercialisés par l'Office national de l'alimentation animale, assurant ainsi la prévisibilité des coûts tout au long de l'année», précise-t-on. Une mesure similaire a été prise pour les poussins chair dont le prix est désormais fixé à l'avance. Le coût unitaire des poussins chair d'un jour sera de 120 DA par unité, tout en maintenant la liberté de vente, mais avec une surveillance stricte des éleveurs et des coopératives d'élevage, déclare le ministre de l'agriculture. De plus, des efforts rapides et efficaces seront déployés pour renforcer les capacités de production au niveau national. «Le marché sera approvisionné en produits locaux et importés pour répondre à la demande croissante», assure-t-on. Bien que le recours à l'importation ait été annoncé il y a plusieurs semaines, sa mise en place tarde encore. Afin d'accélérer les choses, le ministère a décidé de réduire les délais d'approvisionnement en viande blanche importée. «L'efficacité de la distribution de la viande blanche importée sera améliorée pour satisfaire les besoins du marché», déclare fermement Henni. Il insiste également sur l'ouverture d'un dialogue sectoriel pour trouver une solution consensuelle. Des discussions sont en cours avec les représentants de la Fédération nationale des éleveurs de volaille en vue d'atteindre un accord sectoriel.
«L'objectif est de définir un modèle d'organisation et de gestion optimales pour le secteur, visant à garantir la stabilité des prix sur le marché», affirme-t-on. «Ces consultations impliquent l'ensemble des acteurs de l'industrie, des producteurs d'aliments aux coopératives et aux organismes institutionnels», souligne-t-on. Ce plan d'urgence est mis en oeuvre sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a demandé au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour faire baisser les prix de la viande blanche en attendant les exonérations fiscales prévues dans la loi de finances 2024. La protection du pouvoir d'achat des citoyens est une priorité absolue, soulignant que c'est une ligne rouge à ne pas franchir. Les Algériens attendent maintenant de voir comment ces mesures impacteront les prix du poulet? Wait and see...
De la viande rouge à 1300 DA le kg
Le ministre de l'Agriculture, Mohamed Abdelhafid Henni a annoncé, hier, l'importation d'«importantes quantités» de viandes rouges, en vue de les commercialiser à des prix oscillant entre 1200 et 1300 DA le kilo. Dans des déclarations à la presse, en marge d'une séance plénière à l'APN, Henni a indiqué que «les opérations d'importation des viandes rouges ont débuté, la semaine écoulée, à travers plusieurs ports, dont les deux ports de Skikda et de Mostaganem et se poursuivront, à travers l'entrée d'importantes quantités cette semaine». S'agissant des viandes blanches, Henni a fait état du lancement d'une enquête sur le terrain qui sera menée par les laboratoires relevant du secteur et les inspections vétérinaires au niveau du territoire national, dans l'objectif d'évaluer les systèmes de travail des différentes unités avicoles et de leurs abattoirs.