En première ligne à Tinzaouatine et Timiaouine
Les médecins secouristes entrent en action
«L’élite» de nos sauveteurs est, depuis hier, sur les lieux des zones les plus touchées par le paludisme et la diphtérie.
A peine arrivé à l'aéroport d'In Guezzam, dans la matinée d'hier, le groupe du personnel médical relevant de la Protection civile envoyé pour cette région embarque dans les ambulanciers 4X4 de marque Nissan et Mercedes Benz (class G), au bruit vrombissant. Ils ne sont pas là pour faire du tourisme, mais bien pour affronter les défis d'une mission cruciale.
Course contre la montre
Leur destination: Tinzaouatine. C'est une mission d'urgence qui les attend, une course contre la montre pour sauver des vies. En début d'après-midi, nos amis déparquent sur les lieux. Des larmes de panique et de détresse... Mais aussi des sourires silencieux d'espoir et tout aussi contagieux que le paludisme et la diphtérie sont aussitôt gravés sur les visages de mères de familles et de leurs «protégés» pour les habitants de l'un des derniers villages d'Algérie, à la frontière avec le Mali. Au moment de nos échanges, via téléphone, avec le chef de mission du groupe de médecins secouristes, une maman s'est présentée: «SVP Docteur, j'ai ramené mon fils. J'ai peur pour lui. Pourrait-on avoir accès au vaccin? Est-ce qu'il y en a assez pour tout le monde?» Le médecin réplique d'un ton rassurant: «Ne vous inquiétez pas, Madame.
Nous sommes justement là pour vous.» L'écho de cette phrase qui résonne dans les coeurs, et les esprits est du médecin commandant Sadli youcef. C'est lui le premier responsable des 30 blouses blanches spécialisées envoyées au total vers la wilaya d'In Guezam.
Les conditions sur le terrain sont rudes. Le personnel médical spécialisé envoyé à Timiaouine à bord des 4X4 rouges (Les Mercedes Class G) et les jaunes (de marque Nissan) a, comme leurs collègues, affronté des chemins escarpés et poussiéreux. «Chaque virage peut être l'occasion de rencontrer des personnes qui ont besoin de nous», rappelle le médecin commandant Nedjar Salimet, le premier responsable du personnel médical envoyé à Timiaouine (Bordj Badji Mokhtar). La commune et celle de Tinzaouatine sont les plus touchées par le paludisme et la diphtérie. Les équipes mobilisées sur le terrain ont mis en place des tentes médicales pour accueillir ceux qui ne peuvent se déplacer. Ce sont des tentes autonomes et équipées de tous les moyens nécessaires pour accomplir leur mission. De véritables havres de paix au coeur de la tourmente.
Le colonel Farouk Achour, inspecteur à la Drection générale de la Protection civile (DGPC), nous donne plus de détails au sujet de la mission médicale. D'emblée, il nous dira: «L'envoi de la mission médicale des services de la Protection civile aux wilayas touchées intervient dans le cadre de l'exécution des instructions du Président de la République pour prendre en charge les cas affectés, en coordination avec les services du ministère de la Santé à l'effet d'appuyer les équipes présentes sur place, ainsi que les équipes dépêchées auparavant depuis les wilayas voisines». «Conformément aux instructions du Premier ministre, lors du Conseil interministériel qui s'est déroulé dimanche dernier, et suite aux instructions du ministre de l'Intérieur, la DGPC a dépêchée nos renforts spécialisés par avion militaire depuis l'aéroport militaire de Boufarik vers les wilayas d'In Guezam et Bordj Badji Mokhtare», a-t-il ajouté. «Les renforts de la Protection civile sont composés de 11 ambulances 4X4 dont 5 ambulances envoyées vers la wilaya Bordj Badji Mokhtare, et 6 ambulances vers la wilaya d'In Guezam», a-t-il précisé encore. «25 médecins dont 15 ont été envoyés vers la wilaya d'In Guezam et les 10 autres vers la wilaya de Bordj Badji Mokhtar.» L'équipe est également composée de 20 infirmiers dont 15 ont été envoyés vers la wilaya d'In Guezam, tandis que 5 infirmiers ont rejoint la wilaya de Bordj Badji Mokhtar».
D'importants moyens matériels mobilisés
En plus du personnel médical, la DGPC a mobilisé d'importants moyens matériels. «Les moyens matériels envoyé au sud du pays sont composés d'un lot de matériel et de consommables, un lot de vaccins, en sus d'un lot de moyens de protection individuelle», a précisé le colonel Achour. «À cela s'ajoute un lot de 20 tentes dont 10 expédiées vers In Guezam et de 10 autres à Bordj Badji Mokhtar», a-t-il davantage révélé. «Ces équipes d'intervention médicales itinérantes vont toucher l'ensemble des localités de ces wilayas, en particulier Tinzaouatine et Timiaouine en vue de procéder à la vaccination et la prise en charge des besoins sanitaires de la population», a affirmé le même responsable. De retour aux secouristes, ces derniers méritent d'être mis en lumière, car ces hommes sont souvent méconnus du grand public. Les renforts relevant de la DGPC sont formés pour intervenir en situations d'urgence, que ce soit lors de catastrophes naturelles ou de crises sanitaires. Leur engagement est d'autant plus crucial dans des régions éloignées comme Bordj Badji Mokhtar et In Guezzam, où l'accès aux soins est limité.
Le départ de la mission médicale témoigne d'une coordination exemplaire entre le ministère de la Santé et la DGPC. Le DG de la Protection civile était accompagné, hier, par le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, à la base aérienne militaire de Boufarik (Blida), lors de l'envoi de la mission médicale conjointe, en exécution des instructions du président de la République. S'exprimant à l'occasion, Saihi a affirmé que «la cargaison des médicaments et de l'ensemble des équipements et fournitures envoyés aux wilayas d'In Guezzam, Bordj Badji Mokhtar et Tamanrasset, vise à appuyer les équipes médicales présentes dans les régions concernées».
«La situation est stable»
La caravane médicale conjointe entre le ministère de la Santé et la Direction générale de la Protection civile (DGPC) «renforcera la prise en charge des patients, en application des instructions du président de la République relatives à la prise en charge totale de la situation épidémiologique dans certaines régions desdites wilayas», a-t-il ajouté. Cela avant de préciser que «la cargaison des médicaments contre le paludisme, envoyée dimanche, est arrivée dans la matinée à Timiaouine et Tinzaouatine, en attendant l'arrivée de la seconde».
Concernant l'actuelle situation sanitaire dans certaines wilayas du Sud, où certains cas de paludisme et de diphtérie ont été enregistrés, le ministre de la Santé a assuré que «la situation est stable», car «aucune nouvelle infection n'a été signalée au cours de cette semaine». Le ministre a réaffirmé que «la prise en charge a été totale des patients par le ministère, à travers la fourniture des médicaments et des équipements médicaux nécessaires». Cela avant de conclure que «la caravane médicale conjointe avec les services de la Protection civile viendra renforcer et appuyer les compétences médicales sur place».