Après 21 jours de joutes oratoires
Les grandes leçons d’une campagne
Ce scrutin, au-delà de l’ élection d’ un Président, symbolise la victoire d’ une Algérie qui se relève, plus unie que jamais…
La campagne électorale qui s' est achevée mardi dernier a marqué les esprits par sa richesse en enseignements et son atmosphère inédite. Trois semaines de marathon électoral ont vu s' affronter trois candidats: Abdelaali Hassani, Youcef Aouchiche et Abdelmadjid Tebboune. Mais cette fois-ci, la compétition s'est déroulée dans une ambiance de respect mutuel et de fair-play exemplaire, des qualités trop souvent absentes de la scène politique. Comme sur un ring de boxe, ces adversaires ont combattu avec ardeur, mais sans jamais franchir la ligne de l'irrespect. Aucune attaque personnelle, aucun coup bas, mais une confrontation d'idées et de programmes qui a fait honneur à la démocratie. Chacun des candidats a cherché à séduire les électeurs par la qualité de son travail et de ses propositions plutôt que de se focaliser sur les erreurs des autres. Cette attitude exemplaire n'a pas seulement marqué les débats entre candidats, elle a également imprégné l'ensemble de la société algérienne. Dans les 58 wilayas du pays, tout comme sur les réseaux sociaux, les citoyens ont participé à cette campagne sans sombrer dans la division et la haine qui avaient caractérisé la présidentielle de décembre 2019. On se souvient encore des invectives, du racisme et de la violence verbale qui avaient empoisonné ce scrutin, menaçant l'unité nationale. À cette époque, les Algériens s'étaient retrouvés profondément divisés, chacun campant sur ses positions et rejetant toute opinion contraire, ce qui avait conduit à des affrontements verbaux déplorables. Ce climat délétère avait été en partie alimenté par des forces hostiles à l'Algérie, cherchant à semer la discorde parmi ses citoyens. Le complot avait été mis au jour par la suite et ses auteurs ont depuis été condamnés. Mais le danger était bien réel: l'unité nationale, pilier de la force du pays, avait vacillé. C'est sans doute cette expérience douloureuse qui a poussé les trois candidats actuels à éviter ce terrain glissant. Malgré leurs différences idéologiques, ils ont mis en avant l'intérêt supérieur du pays. Tout au long de la campagne, ils ont salué le retour à l'unité des Algériens, soulignant que cette cohésion retrouvée était l'un des acquis les plus précieux après la crise de 2019. Partout où ils sont passés, les candidats ont été accueillis chaleureusement, même par ceux qui ne partageaient pas leurs opinions. Les débats ont été libres, démocratiques, et empreints d'un profond respect. L'un des souvenirs les plus marquants de cette élection restera sans doute le contraste frappant avec les élections précédentes. Lors de l'ouverture des bureaux de vote à l'étranger, en 2019, de nombreux compatriotes avaient été insultés, malmenés pour avoir voulu accomplir leur devoir électoral. Cette fois-ci, rien de tel. Chacun a pu exprimer librement ses opinions, dans une atmosphère apaisée. Au terme de cette campagne, il apparaît clairement que le grand vainqueur de cette élection est la démocratie elle-même. Dans un contexte où la tentation de la division aurait pu être forte, les candidats ont su montrer qu'une autre voie était possible: celle du respect, du dialogue et de l'unité. Ce scrutin, au-delà de l'élection d'un Président, symbolise la victoire d'une Algérie qui se relève, plus unie et plus démocratique que jamais.