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Kamel Bouchama, ancien ministre, ex-ambassadeur en Syrie et sénateur, à L'Expression

«Les efforts du président Tebboune ont abouti»

Militant convaincu de la cause arabe, ancien ambassadeur en Syrie, Kamel Bouchama est bien placé pour commenter le retour de la Syrie dans le giron arabe.

L'Expression:En votre qualité d'ancien ambassadeur de l'Algérie en Syrie, comment avez-vous accueilli la nouvelle du retour de la Syrie à la Ligue arabe?
Kamel Bouchama: D'abord, je ne peux être que satisfait par cette bonne nouvelle que j'attendais avec grand espoir de voir la raison l'emporter afin que revienne ce pays frère, pour occuper sa place parmi les siens, dans l'Organisation dont il a été parmi les fondateurs le 22 mars de l'année 1944. Ainsi, je l'ai accueillie, avec beaucoup de plaisir, comme tout militant de la cause arabe, et me suis-je dit, voilà où la raison peut nous mener quand nous décidons de revenir à nos valeurs d'antan, celles qui nous commandaient de nous mobiliser dans l'unité pour faire valoir nos droits devant les instances internationales, et de reprendre ce bon esprit, celui où notre civilisation millénaire lui donnait de l'inspiration et l'initiative pour aller encore plus loin dans le développement et le progrès.
Oui, je suis satisfait parce qu'aujourd'hui je pense que nous sommes revenus à de meilleurs sentiments, et surtout parce que nous avons compris - je l'espère sincèrement - que ce n'est que dans un climat de compréhension, de rapprochement, de coordination et de travail sérieux, que le monde arabe connaîtra la quiétude et pansera ses plaies. Cette nouvelle situation, atténuera nos dissensions, sans aucun doute, en souhaitant que l'ensemble des pays membres de la Ligue arabe se fera un devoir de balayer d'un revers de la main les quelques différends ou, à tout le moins, les bouderies qui flottent en l'air. Car sinon, à Dieu ne plaise, les gens de l'Occident, toujours arrogants, trouveront encore le terrain libre, pendant notre absence ou notre sommeil - c'est selon - pour conjuguer les verbes commander, exploiter et gouverner aux temps et aux modes qui leur conviennent. Et c'est là, où l'on comprendra le poids et la dangerosité de notre absence de cohésion, voire venue au bercail et de notre démission!
Mais restons quand même dans le positif. La Syrie est revenue au bercail et va enlever cet abominable affront qui lui a été fait par une sanction injuste et par trop sévère, qui a été signée par nombre de ses frères arabes. Ainsi, elle sera bel et bien présente, en bonne position, aux côté des autres pays frères qui sauront transcender leurs démêlés pour envisager un avenir meilleur pour leur Organisation et, par voie de conséquence, pour la Communauté arabe qui espère toujours retrouver son lustre d'antan à l'ombre d'une unité sérieusement conçue.

Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe se veut une nouvelle victoire de l'Algérie et un aboutissement des efforts du président Abdelmadjid Tebboune.
Absolument! C' est une nouvelle victoire, car l'Algérie qui ne s'est jamais départie de ses positions inaliénables et de sa décision d'aller constamment dans le soutien inconditionnel de la Syrie, ce pays frère, a vu ses efforts consacrés par ce dernier accord salutaire qui lui donne le droit d'être présente en cette 32e session du sommet arabe qui se tiendra le 19 mai prochain à Riyadh en Arabie saoudite... En effet, et pour répondre à votre question, oui, c'est l'aboutissement des efforts du président Abdelmadjid Tebboune, qui ont été couronnés par cette décision qui, pour nous, est un succès, n'en déplaise à certains aux critiques acerbes et vociférantes qui sont scandalisés par ce retour légitime de la Syrie au concert des pays arabes.
En somme, l'Algérie croyait - et croit toujours - dur comme fer, à ce retour du pays avec lequel nous n'avons jamais cessé de nous solidariser, de nous concerter, de coopérer et de fraterniser et cela, depuis des lustres, depuis la nuit des temps. Et ainsi, je rapportais, il y a quelques jours dans un média national, cette aspiration rationnelle et objective d'un dirigeant convaincu, en la personne de notre Président, à l'égard de la Syrie, comme si j'anticipais la réponse à votre question.
Je disais: «Aujourd'hui, fort heureusement, des chefs arabes sont en train de secouer le cocotier et, parmi eux, sans complaisance aucune, le président Abdelmadjid Tebboune, parce qu'il est le premier à avoir entamé de sérieuses actions et à faire peser le poids de l'Algérie et sa vision clairvoyante, dans la proposition de nouvelles méthodes de travail, au sein de la Ligue arabe, pour contribuer à la résolution des problèmes existants. L'Arabie saoudite, comme l'Algérie, n'est pas en reste de ce désir de conceptualiser un ensemble de questions au profit du monde arabe. Et ainsi, les deux pays, l'Algérie et l'Arabie saoudite ont décidé d'intensifier la coordination bilatérale au sujet de nombreuses questions régionales et internationales...»

Au plan des équilibres régionaux, que signifie, selon-vous, ce retour?
C'est en fait le meilleur remède que puisse demander le malade. Car, ce retour, s'il sera bien compris et suivi, consciemment exploité dans le contexte actuel et, plus encore, selon les besoins toujours grandissants des masses arabes et leurs intérêts, il ira à l'encontre de l'isolement et de l'éloignement des uns des autres, de l'apathie générée par le manque d'audace qui caractérisaient les rapports entre nos États, contrairement à d'autres communautés dans le monde qui oeuvrent en se soutenant et en se renforçant davantage.
La Syrie peut être un grand facteur de changement dans la région pour ce qu'elle recèle comme potentialités inimaginables, résultat d'un passé plusieurs fois millénaire qui fait d'elle un pays, une nation de génies. Alors, peut-on dire qu'elle pourra dans le proche avenir apparaître comme cette force qui sera à même d'établir des stratégies, lui permettant d'avoir une influence, indirecte, mais notable, sur l'équilibre régional? Certainement, quand elle s'inscrira dans le calme et la sérénité, après une paix retrouvée, et lorsque les portes lui seront ouvertes, dans une démarche plus équilibrée, qui devrait être adoptée dans le proche avenir. La confiance y est car ce retour, tant attendu par la Syrie et ceux qui font des valeurs de l'unité leur credo, est une occasion des plus propices pour l'ensemble du monde arabe qui annonce, sans illusion, des principes de sa contenance ou, carrément, de sa force, notamment celle de sa Ligue, dont ses membres ont paradé, lors de sa création, dans un esprit de solidarité, de l'émergence du courant panarabe et du désir des États membres de réaffirmer leur indépendance face au colonialisme et à toutes les forces du mal.

Ce retour n'est pas une fin en soi puisqu'il va falloir reconstruire ce pays totalement détruit par les effets d'une guerre qui lui a été imposée. Êtes-vous de cet avis?
Oui, ce n'est pas une fin en soi? C'est juste, mais c'est un début qui augure de grandes perspectives d'avenir, en faveur de la Syrie qui était, il y a peu de temps, captive du désarroi qui la rongeait, victime de cet abyssal bouleversement qui affectait sa civilisation plusieurs fois millénaire, qui la réduisait au stade de l'esseulement qui a fait de son peuple des vagues incessantes et grandissantes de réfugiés, habités par les affres du dénuement et par cette douloureuse ambiance d'un roman picaresque de difficiles aventures auxquelles ils n'étaient pas préparés...
Et pourtant, qui conjecturait qu'un jour ce pays allait basculer dans le chaos! Personne à notre connaissance car, même s'il y avait, bien avant cette guerre qu'il a subie dans la douleur, une minorité - franchement relative - qui s'employait à l'opposition, le peuple dans sa majorité, avec la diversité de ses confessions religieuses et ethniques, vivait sa culture immémoriale dans une atmosphère de tolérance qui le transcendait en animation toujours renouvelée et en initiative constamment diversifiée, par rapport aux autres populations de la région.
Vous dites dans votre question, la Syrie, «un pays totalement détruit par les effets d'une guerre qui lui a été imposée». Vous avez raison, car comme je le disais et l'écrivais souvent, ce n'est pas le soulèvement de Deraâ, de novembre 2011, qui a créé tous ces dégâts. «La crise syrienne n'est pas une guerre civile entre Syriens, mais une guerre entre grandes puissances au travers des Syriens», comme le disait, avec forte conviction le colonel français Alain Corvez, un homme du terrain, conseiller du général commandant la Finul, déployée au Sud-Liban et ancien conseiller également en relations et stratégies internationales au ministère de l'Intérieur.
En effet, les grands du monde, dans leurs interventions hégémoniques et leurs stratégies belliqueuses ont commis des préjudices aux peuples et aux pays du Moyen-Orient, notamment la Syrie, contrée de grande civilisation, où s'écrierait celui qui l'a connue, bien avant cette période de déclin, «n'a-t-elle pas de quoi s'enorgueillir en faisant l'apanage de ses beaux restes?» Et c'est pour toutes ces raisons qu'aujourd'hui, à charge pour les parties en conflit dans le territoire syrien, opposants et gouvernants, de comprendre qu'il n'y a qu'eux, et eux seuls, qui puissent mener leur pays vers une solution possible afin d'éloigner le spectre de cette hostilité néfaste qui ne bénéficie qu'aux ennemis de la Syrie et, par conséquent, de la cause palestinienne. À charge pour cette nation syrienne qui est le produit d'une unification ethnique du peuple, qui s'est constituée tout au long de l'Histoire et dont «le principe du sentiment national n'est fondé ni sur la race ni sur le sang, mais plutôt sur une unité sociale naturelle dérivée d'une homogénéisation des mélanges», comme le prônait, il y a bien longtemps, en 1947, le fondateur du Parti socialiste nationaliste syrien, à charge pour elle, disons-nous, de préserver la cause nationale de la disharmonie, de la désintégration et des conflits qui résultent de complots tissés pour des intérêts occultes dans la région. Maintenant, pour ce qui est des autres formules, que sont le multipartisme, la démocratie, la Constitution, les élections, l'alternance et tant de points qui règlent les diverses gouvernances, elles couleront de source, lorsque la raison reprendra ses droits dans tous les esprits.
Aussi, disons-nous qu'il n'y a que cela qui puisse amener le peuple syrien vers la stabilité et il n'y a que le dialogue fraternel, constant, de gens civilisés, qui aidera les parties en conflit à trouver les clés de l'unité et de la stabilité de la Syrie, par des solutions politiques et uniquement... politiques. 

De Quoi j'me Mêle

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