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Avec l'appui de l'Afrique et de l'Algérie le 25 octobre 1971

Le jour où la Chine retrouva l'ONU

Dans la soirée du 25 octobre, coup de théâtre! La résolution américaine est rejetée par 4 voix. La France, la Grande-Bretagne, le Canada ont voté contre les États-Unis. Immédiatement dans la foulée, la résolution 2758 favorable à l'entrée de la Chine populaire, promue par l'Algérie et l'Albanie, suivies par d'autres pays, est adoptée.

«Ce sont les amis africains qui nous ont portés dans l'ONU.». La phrase est attribuée au président Mao Zedong, quelque temps après l'admission de la République populaire de Chine, le 25 octobre 1971, à l'Organisation des Nations unies. Et dans ce soutien africain, l'Algérie a joué un rôle d'entraînement indiscutable. Voici ce qu'il s'est passé il y a 50 ans et qui a marqué une évolution considérable du monde.
Après la proclamation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949, le siège à l'ONU était resté attribué à la République de Taiwan, très liée aux Etats-Unis, notamment par un accord de défense en décembre 1954. Si le mouvement de reconnaissance diplomatique de Pékin n'avait cessé de se développer au fil des années (avec la France en janvier 1964), la situation à l'ONU restait
bloquée.
Chaque année, pendant 8 ans, rituellement, l'Albanie d'Enver Hoxha, présentait à l'Assemblée générale de l'ONU une résolution pour réintégrer le gouvernement de Pékin et retirer le siège à Taipeh. Chaque année, la résolution gagnait des partisans: 30 pays en 1960, 44 en 1968 et même la majorité relative (51) en 1970.
Mais les Etats-Unis avaient imposé la règle qu'il s'agissait d'une «question importante» nécessitant une majorité des deux tiers de l'Assemblée générale. Et à chaque fois, ils faisaient voter préalablement leur propre résolution allant dans ce sens.
À la fin de 1970, les relations entre Washington et Pékin avaient commencé à se réchauffer. La realpolitik promue par le futur secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger et celle dite de la «diplomatie du ping-pong» par le Premier ministre chinois Zhou Enlai commençaient toutes deux à porter leurs fruits.
La rupture sino-soviétique avait atteint son paroxysme en 1969 avec les incidents de frontières. Les Etats-Unis s'empêtraient au Vietnam, le Japon avait des velléités de puissance. Richard Nixon préparait la visite historique en Chine qui devait avoir lieu en février 1972.
Mais pourtant, en cet automne 1971, à l'AG des Nations unies, la position américaine restait inflexible. Les Etats-Unis s'opposaient à l'expulsion de Taiwan et défendaient la thèse des «deux Chine», pouvant éventuellement impliquer deux sièges à l'ONU. Pékin comme Taipeh refusaient absolument cette hypothèse.

Le poids décisif de l'Afrique
Dans la soirée du 25 octobre, coup de théâtre! La résolution américaine est rejetée par 4 voix. La France, la Grande-Bretagne, le Canada ont voté contre les Etats-Unis. Immédiatement dans la foulée, la résolution 2758 favorable à l'entrée de la Chine populaire, qui avait été proposée par l'Albanie et promue par les deux «A» que furent ainsi surnommées l'Algérie et l'Albanie, suivies par d'autres pays, est adoptée.
Par 76 voix pour, 35 contre et 17 abstentions. Le processus est enclenché et la RPC entrera dans toutes les instances de l'ONU, au premier chef au Conseil de sécurité, le
23 mai 1972, reprenant le siège à Taiwan.
De surcroît, en récupérant le droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, instance restreinte aux cinq membres fondateurs de l'ONU, la Chine possède désormais un levier supplémentaire nécessaire à sa diplomatie.
Parmi les 76 voix pour, 26 émanaient des pays africains. De grands pays africains (Ethiopie, Nigeria Cameroun, etc....) étaient entrés depuis peu dans l'organisation internationale et avaient pesé de tout leur poids. Et l'Algérie avait conduit durant plusieurs mois une intense activité pour les rallier en bloc à la cause de Pékin à l'ONU et faire sauter le verrou américain.

L'influence de l'Algérie
À partir de 1970-1971, le président Houari Boumediene, aidé de son ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika, s'est beaucoup investi dans les affaires internationales. En Afrique d'abord, où il s'efforce de jouer un rôle proche de celui du président Nasser qui vient de mourir.
Il établit des liens étroits avec les présidents de Mauritanie, du Cameroun, du Niger, du Sénégal, de Côte d'Ivoire. Liens politiques mais aussi économiques, avec des accords commerciaux, l'ébauche de la route transsaharienne et de plusieurs liaisons aériennes et maritimes. Si Alger deviendra ce qu'on appelle «la Mecque des révolutionnaires», le pouvoir algérien veille à ne pas s'ingérer dans les problèmes internes de ces pays africains et à mettre en cause leur souveraineté. Au niveau du Maghreb, l'Algérie apaise les tensions avec les accords d'Ifrane (janvier 1969), de Tunis (janvier 1970) et de Tlemcen (mai 1971).
Au niveau planétaire, l'Algérie jouissant du prestige de la Révolution algérienne et de son indépendance fraîchement acquise, va connaître, à partir de cette année 1971, l'apogée de son influence grâce à sa politique d'équilibre qui débouchera sur le grand sommet des non-alignés d'Alger en septembre 1973.
D'abord, un équilibre entre Moscou et Pékin. Alger ne veut pas prendre position sur le schisme entre les deux grands pays communistes. En juin 1971, dans la phase préparatoire de l'AG de l'ONU, Abdelaziz Bouteflika est en visite à Pékin. Il en revient très satisfait sur l'état des relations entre les deux pays. Début octobre 1971, le Premier ministre soviétique, Alexei Kossyguine, est à Alger. Moscou apporte un soutien économique et militaire important et reconnaît le FLN comme seul parti dirigeant en Algérie.
Mais il y a des sujets d'irritation dus à l'autre équilibre qu'Alger maintient: celui entre les deux «blocs» en raison de son non-alignement. L'Algérie persiste, notamment à réclamer le retrait des deux flottes américaine et soviétique de la mer Méditerranée. Elle n'accorde pas de facilités dans ses ports aux navires de l'Urss qui ont imposé leur présence en Méditerranée après la guerre des Six- Jours de 1967.
Ces positions équilibrées valent à l'Algérie une autorité internationale qu'elle exerce, notamment à l'ONU sur le dossier chinois en octobre 1971. La présidence de la XXIXe Assemblée générale des Nations unies reviendra en 1974 à l'Algérie et sera marquée par d'importants événements, comme l'exclusion du régime d'apartheid de l'Afrique du Sud et l'accueil de Yasser Arafat à la tribune des Nations unies à NewYork.
Le sens de l'Histoire veut qu'en intégrant l'ONU et de surcroît le Conseil de sécurité, c'est finalement un peu la voix de l'ensemble des pays non alignés que la République populaire de Chine porte dans cette Instance très restreinte.

*Vice-président de l'Association des amitiés franco-chinoises de Paris.
Réf: On lira également avec intérêt l'ouvrage monumental La politique internationale depuis 1955 par Eugène Berg (Ed. Economica, Paris, 1990) et L'âge d'or de la diplomatie algérienne, par Ardavan Amir A

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