Ferhat Abbas
L’homme de la République
La commémoration de son décès était l’objet d’une journée d’étude.
Le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit a consacré une journée d’étude pour la commémoration de 39e anniversaire du décès du premier chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Ferhat Abbas.
Cette commémoration replace ce grand homme, qui a marqué son époque par sa sagesse politique et sa maîtrise des enjeux politiques de la période coloniale, repose toujours la question lancinante de l’héritage du mouvement national et de la période phare qui a trait au mouvement de Libération nationale.
Ferhat Abbas est une personnalité nationale qui a contribué par son expérience et sa grande culture politique à faire entendre la voix de la Révolution de Novembre d’une manière officielle au nom du GPRA en sa qualité de chef dudit Gouvernement qui allait préparer le terrain pour que l’Algérie entre dans le gotha des nations libres et indépendants. C’est une personnalité qui a incarné une génération de «politiques» qui étaient partagés entre l’omniprésence de la culture coloniale française et la réalité d’un pays plongé d’une manière quasi dramatique dans une misère sociale et économique doublée d’un code d’indigénat digne d’esclavagisme moyenâgeux. L’historien Maaza Azzedine, qui a travaillé beaucoup sur la personnalité de Ferhat Abbas, a bien situé la stature du premier chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en soulignant que «Ferhat Abbas comptait parmi les figures auxquelles l’occupant français, particulièrement le général Charles de Gaulle, vouait une grande haine au regard de ses idées politiques et sa capacité à convaincre au niveau interne et extérieur», a-t-il souligné. Cette description, qui a été faite par le chercheur et historien Maaza Azzedine, n’est pas la première, ni la seule. Même les éminents historiens français qui ont vécu la période et l’époque de Ferhat Abbas ont eu la même description et appréciation à son égard. C’est dire que cette personnalité «contradictoire» a été l’objet d’un travail historique et politique renseignant sur la hauteur d’esprit de cet homme qui a su marquer son temps et son époque. Ferhat Abbas s’est distingué par un parcours politique très riche. Connu pour sa grande contribution dans les journaux de l’époque en menant des débats politiques haut de gamme. Il était aussi un chef politique de premier ordre doublé d’un orateur caractérisé par une si rare éloquence. Ferhat Abbas est né le 24 août 1899 à Chahna (Commune mixte de Taher) wilaya de Jijel. Il était le fondateur de l’Union populaire algérienne (UPA) et de l’Union démocratique du manifeste (UDMA). Il a rejoint le Front de libération nationale (FLN) et a occupé le poste de président du premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1961. Il a été élu président de l’Assemblée nationale constituante après l’indépendance.
Tout le monde pourrait remarquer que le parcours de Ferhat Abbas était très riche et diversifié. Cela explique que cet homme de haute facture politique et intellectuelle avait du poids au sein de Mouvement national algérien et durant la guerre de Libération.
Son éloquence se faisait sentir lors des discours qu’il prononçait sur la question coloniale au sein de l’Assemblée nationale française. C’était un homme qui préférait aborder les questions politiques avec sérénité et perspicacité. La démocratie et la notion de la République étaient pour lui une sorte de credo.
Ferhat Abbas était connu aussi par ses déclarations qui montraient clairement et nettement son évolution progressive vers une approche nationaliste avérée, remettant en cause ses thèses et ses déclarations des années 30 du siècle écoulé. À ce propos, il a déclaré : «La patrie algérienne que je n’ai pas découverte en 1936 dans les masses algériennes, je la découvre aujourd’hui», rappelant ainsi que le processus politique et historique d’une personne ne peut en aucun cas rester figé et sans possible changement imposé par les exigences de la réalité et ses contradictions.
Ferhat Abbas n’a jamais refusé d’assumer le rôle d’un homme politique incarnant la symbolique d’une nation et d’un État en gestation. Il a vécu dans le respect et la dignité, loin des logiques du pouvoir et ses retombées sur la pratique politique en tant qu’éthique digne de ce nom.