Droits de l'homme en Afrique
L'Algérie sans aucun complexe
L'Algérie a donné l'exemple en consacrant un milliard de dollars à des projets locaux de développement.

L’Algérie a réuni, hier, au Centre international des conférences, les juristes africains pour parler de «promotion des droits de l’homme en Afrique». Les hommes de lois du continent noir ont planché sur des questions relevant des défis et des «opportunités liées à la transposition de la jurisprudence régionale et internationale des droits de l’homme au niveau des juridictions nationales». La thématique est d’importance, car il est question de Justice. Et aucune nation ne peut se prévaloir d’un quelconque développement, si à la base, sa Justice est défaillante. L’Algérie qui, par le biais de son Premier ministre préside la conférence, met la question de l’indépendance de la Justice au centre du renouveau républicain auquel elle aspire, marque son «attachement à introduire, dans son système législatif national, tous les critères internationaux inhérents aux droits de l’homme», a annoncé le Premier ministre dans son allocution d’ouverture. Cette aspiration est d’autant plus sincère que «la Constitution de 2020 a consacré cette orientation à travers l’obligation faite au magistrat national d’appliquer les conventions ratifiées lors de l’exercice de ses missions», a rappelé Ennadir Larbaoui. Sans être dupe des agendas politiques de certaines officines, l’Algérie propose aux Africains de se pencher sur la question et faire faire au continent un sérieux bond en avant dans le domaine, si sensible, de la Justice.
Dans la vision de l’Algérie, les droits de l’homme ne peuvent en aucun cas contredire le développement de la société, bien au contraire. C’est justement pour cela que le droit au logement, à une alimentation saine, à l’éducation, à la santé constituent pour l’État algérien les véritables fondamentaux en la matière. Ramener cette conviction algérienne à l’échelle de l’Afrique, c’est lutter «contre la détérioration des situations dans de nombreuses régions de notre continent, notamment dans la région du Sahel», a souligné Larbaoui. L’Algérie assume la politisation du concept, mais pour y mettre les véritables facteurs d’émancipation de la personne humaine et pas un verbiage creux et déstabilisateur des sociétés. L’Algérie identifie le déficit des populations sahéliennes en matière de droits humains.
Le fond des crises que traverse cette région est d’ordre géopolitique. Les ingérences étrangères empêchent toute possibilité d’émancipation. La question des droits de l’homme ne doit pas être un alibi pour l’ingérence, mais un combat des gouvernements de la région. Pour Larbaoui, il est important de donner «la priorité aux solutions politiques et diplomatiques et en soutenant les efforts de développement». Il ne faut donc pas se tromper de guerre, celle pour le développement doit primer. Ses ennemis sont «la propagation de la pauvreté et l’absence de perspectives prometteuses de développement». C’est ce qui provoque «l’extrémisme violent et la criminalité transnationale organisée».
Face à la précarité de la situation, le président Tebboune répond par une vision pragmatique qui repose sur les intérêts des populations. C’est pour cela que la priorité de l’action africaine doit être tournée vers «la dimension de développement comme axe fondamental au sein de tout plan visant à consolider les aspects de la paix en Afrique», soutient le Premier ministre. L’Algérie a donné l’exemple en consacrant un milliard de dollars à des projets locaux de développement. Cette démarche participe de la promotion des droits fondamentaux de la personne humaine. Apporter l’eau, l’éducation et la santé à des villageois africains, c’est préserver leurs dignités. C’est le premier des droits de l’homme.
Il reste que l’action de l’Algérie doit être appuyée par un mouvement global de tous les États africains. Dire que la chose est impossible, équivaut à perpétuer l’état de crise qui sévit dans de nombreuses régions du continent. Aussi, «l’idée de tenir une conférence internationale sur le développement du Sahel, sous la supervision des Nations unies et de l’Union africaine, dans le but de mobiliser les efforts et les fonds nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de développement intégrés… » doit être soutenue, estime le Premier ministre.
Tout cela pour dire que la «promotion des droits de l’homme en Afrique» est d’abord une affaire politique, une volonté des États à garantir une vie digne à leurs peuples, mais également un nécessaire «dialogue interactif entre les élites judiciaires et juridiques» pour ouvrir «de nouvelles voies» plus justes à même de donner un sens concret à «la promotion et la protection des droits de l’homme» africain.