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L’analyste boursier, Noureddine Legheliel, à L’Expression

«L’Algérie a plusieurs atouts pour adhérer au Brics»

Noureddine Legheliel, analyste boursier et spécialiste pétrolier basé en Suède, traite de la question des Brics et les enjeux du nouveau monde en gestation et la place de l'Algérie dans ce processus en balbutiements. Il met l'accent sur la nuance qui existe entre l'économie du G7 dont le caractère spéculatif est manifeste et celle des pays du Brics basée sur l'outil de production. S'agissant de l'Algérie et son éventuelle adhésion au Brics, l'économiste et expert des questions boursières souligne que «L'Algérie se distingue par sa politique de non-alignement, par sa position géographique stratégique, par sa stabilité politique et par l'absence d'un endettement extérieur». D'autres questions ont été traitées par le spécialiste de l'énergie et de la Bourse dont les réponses se distinguent par la pédagogie et la lucidité.

L'Expression: Les questions régionales et internationales ont marqué d'une manière manifeste la réunion du BRICS, tenue sous le slogan «Partenariat pour une croissance accélérée, un développement durable et un multilatéralisme global». Comment analysez-vous cette dernière édition?
Noureddine Legheliel: Les pays des Brics misent sur une économie réelle c'est-à-dire une économie basée sur l'outil de production contrairement à l'économie du G7 et à leur tête les Etats-Unis d'Amérique qui avaient misé sur une économie spéculative depuis la crise des subprimes de 2008... Une économie spéculative veut dire des investissements plus orientés vers la spéculation financière pour soutenir les marchés financiers afin d´éviter les krachs boursiers... Les pays des Brics sont de grands producteurs des matières premières et leurs banques centrales avaient acquis de considérables quantités d'or physique durant ces trois dernières années, une monnaie unique des Brics sera adossée à l'or et par conséquent sera mieux protégée contre les spéculateurs.

Les discussions se sont focalisées sur les opportunités de consolider et de transformer les systèmes de gouvernance mondiale dans le but d'explorer les synergies entre les BRICS et le G20 dans un monde multipolaire comme cela a été expliqué par la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor. S'agit-il d'une nouvelle étape qui scellera le sort du monde unipolaire?
Cette question est discutable... Ayant vécu la crise financière mexicaine de 1995, la crise asiatique de 1997-1998, la crise russe de 1998 et la crise financière turque de 2020-2022 je pourrais dire que les USA ont les moyens et les instruments financiers nécessaires pour riposter et même s'attaquer aux pays des Brics si ces derniers deviennent une menace pour leurs intérêts économiques et leur hégémonie financière... Pour cela les Brics doivent créer une monnaie unique pour résister à la spéculation des gourous des marchés de change qui sont la garde prétorienne de l'empire financier américain, une Banque centrale, une agence de notation financière et une Bourse où seront cotées les grandes entreprises des pays des Brics.

L'Algérie a affiché sa volonté d'accéder au groupe du BRICS. Quelles sont les étapes à suivre pour devenir un membre à part entière au groupe du BRICS?
L'Algérie se distingue par sa politique de non alignement, par sa position géographique stratégique, par sa stabilité politique et par l'absence d'un endettement extérieur. Ces atouts offrent à l'Algérie des garanties pour l´adhésion au groupe des Brics, mais en parallèle le gouvernement algérien en concertation avec les entreprises publiques et privées doit développer la bourse d'Alger. L idée de facilité fiscale peut attirer beaucoup d'entreprises privées vers la Bourse. Le gouvernement algérien doit créer un marché financier répondant aux normes internationales, doit lutter contre la bureaucratie et améliorer le climat des affaires et créer des banques algériennes à l'étranger.

Dans vos dernières analyses vous avez expliqué que la crise russo-ukrainienne a dévoilé cette surmédiatisation sur les énergies renouvelables alors qu'elles ne représentent pas grand-chose pour la consommation internationale. Pensez-vous que l'énergie fossile reste toujours la matière vers laquelle les grandes sociétés sont orientées en matière d'exploration et de développement de gisements de gaz et de pétrole?
Le 4 février 2020 la compagnie pétrolière britannique BP venait de publier son résultat annuel pour l'année 2019. Monsieur Bob Dudley qui était le directeur de BP tenait une conférence de presse où étaient été invités les journalistes et les analystes boursiers. Sur une question d'un analyste boursier lui demandant la part des investissements en énergies renouvelables dans le Capex de BP, Monsieur Dudley répondait par 15%. Ce chiffre qui représentait les investissements dans des énergies renouvelables tant vantées par ce directeur était vraiment maigre... Cette mauvaise surprise avait fait chuter le titre de BP de 7% et ses actionnaires avaient décidé de limoger Bob Dudley... Depuis ce jour je commençais à avoir des doutes sur cette surmédiatisation des énergies renouvelables. Mes doutes trouvent leurs sources sur le fait de trois éléments de base...1- Pendant plus de 20 ans que les médias pétroliers et financiers occidentaux et plus particulièrement français nous parlaient des énergies renouvelables, mais durant toute cette période les consommations mondiales du pétrole et de gaz n'avaient pas baissé, bien au contraire elles n'avaient pas cessé d'augmenter... Alors on pourrait se poser la question si les énergies renouvelables étaient censées remplacer le pétrole et le gaz alors pourquoi on constate cette augmentation continue de consommation de ces deux énergies fossiles. 2 - La guerre de l'Ukraine avait provoqué une crise énergétique en Europe après l'embargo partiel imposé par l'Occident sur le pétrole et le gaz russes, les mêmes médias qui faisaient l'apologie des énergies renouvelables commençaient à nous parler de la réouverture des mines de charbon en Europe... On était dans notre droit de se demander où sont passées les énergies renouvelables européennes? 3 - Depuis le 22 août 2022 jusqu à nos jours l'indice des énergies renouvelables en Europe avait baissé de 18% et l'indice des entreprises productrices de l'hydrogène vert aux USA avait chuté de plus de 85% durant la même période... Question: pourquoi les investisseurs boursiers ont perdu l'appétit pour les énergies renouvelables?

L'Algérie est un pays gazier par excellence. Comment peut-elle profiter de la conjoncture internationale actuelle pour redresser et relancer son conomie?
L'Algérie est un pays gazier certes, mais malheureusement le prix du gaz naturel en Europe avait subi une chute verticale. De son pic de 342 euros mégawatt/ heure du mois d août 2022 á 24 euros le mégawatt/ heure le jeudi premier Juin 2023. J'avais écrit un article le 7 décembre (le prix était encore á 146 euros) où j'avais exprimé mon pessimisme sur le prix du gaz et nous avons même conseillé la Sonatrach de revoir à la baisse ses investissements dans l'exploration et la production du gaz naturel en Algérie. Les Européens avaient réussit dans leur stratégie qui était basée sur le bluff... Leur initiative de plafonner le gaz russe à 200 euros le mégawatt / heure était en réalité une ruse... Le prix du gaz naturel en Europe était en chute durant la période de septembre 2022 jusqu à novembre atterrissant sur le plancher des 150 euros et au début du mois de Décembre la baisse du prix du gaz naturel était confirmée par les indicateurs du marché et pour accentuer cette baisse des prix les Européens avaient lancé l' initiative du plafonnement du gaz russe. Cette manoeuvre était couronnée de succès puisque le prix du gaz naturel en Europe se négocie à 24 euros le mégawatt/ heure aujourd'hui.

En votre qualité d'analyste boursier quelles sont les raisons qui ont fait que la Bourse algérienne soit en panne et ne fonctionne pas?
L'absence d'une culture économique et financière en Algérie, un manque criard d'informations sur la Bourse, les banques algériennes ne jouent pas leur rôle dans la promotion des produits boursiers pour leurs clients, les entreprises privées algériennes sont des entreprises familiales et leurs propriétaires ne veulent pas ouvrir le capital de leurs entreprises au grand public, manque d'une stratégie et d'une vision pour développer la bourse d'Alger l idée de facilité fiscale pour les entreprises qui veulent s introduire en Bourse peut s'avérer fructueuse. Un vide juridique et la restriction pour les investisseurs étrangers qui veulent investir á la bourse d Alger, le principal handicap c est le rapatriement des dividendes versés par les entreprises cotées á la bourse d Alger.

Vous avez applaudi la courageuse décision prise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune de se relancer dans l'investissement minier et éviter l'endettement extérieur. Quel est l'apport concret de cet investissement sur l'économie d'une manière directe?
Depuis la mort du président Boumediene et la dissolution de la Sonarem, le secteur minier en Algérie était presque l'abandon. L initiative du président de la République Monsieur Abdelmajid Tebboune de développer ce secteur est très positive pour l'économie nationale. En ce qui concerne l'absence d'un endettement extérieur, l'Algérie avait pris la bonne voie en se débarrassant de ses dettes extérieures il y a plus de 15 ans... Les pays endettés ayant une notation financière dépourvue d'un triple ou d'un double A se retrouvent souvent dans la spirale infernale des taux du coût de la dette (taux d intérêt versé aux créanciers)... Des pays comme l'Égypte passent des dizaines d'années à payer le coût de la dette sans verser un dollar pour l'amortissement.

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