Algérie-Espagne/Sanchez a dépêché son ministre des ae à alger
Et maintenant?
José Manuel Albares, vient enterrer une crise qui aura été la plus grave entre les deux pays.
Attendu, aujourd'hui, à Alger pour confirmer une réconciliation, entamée il y a quelques mois, le ministre espagnol des Affaires étrangères, vient enterrer une crise qui aura été la plus grave entre les deux pays. Cette visite a été précédée, apprend-on, par de nombreux contacts informels d'abord. Les discussions ont gravi l'échelle des responsabilités, à mesure que des officiels espagnols s'exprimaient sur la crise entre les deux pays. Maintenus dans le secret, ces contacts ont donc fini par déboucher sur cette annonce du déplacement de José Manuel Albares à Alger.
Imprégnée de culture islamique plusieurs siècles durant, l'Espagne a, en occupant l'ouest du pays, laissé son empreinte dans le paysage urbain et culturel de la ville d'Oran, notamment. C'est dire que l'Algérie et l'Espagne ont une culture en partage, en témoigne Miguel de Cervantès qui a écrit son célèbre roman Don Quichotte dans une grotte dans le quartier de Belouizdad qui, aujourd'hui encore, porte son nom. Il y a eu certes des batailles entre les armées, mais aussi un commerce florissant. Espagnol comme Algérien retiennent l'un de l'autre, le raffinement artistique d'un côté et le goût de la fête de l'autre. C'est dire qu'on n'imaginait pas du tout une brouille de l'ampleur que celle que viennent de dépasser les deux pays. Il y a eu certes, un manquement, en 1975, au devoir de puissance occupante du Sahara occidental, qui a été géré par les deux pays tant bien que mal. Mais le reniement dont a fait montre le Premier ministre, Pedro Sanchez, sur le dossier sahraoui, n'avait pas de précédent. En reconnaissant la prétendue marocanité du Sahara occidental, Sanchez commettait une faute politique, diplomatique et juridique on ne peut plus grave. Un retournement de veste que les Algériens, gouvernement et peuple, ont toujours rejeté.
Pedro Sanchez s'est délesté d'une lourde responsabilité devant son opinion publique, tous les pays concernés dans le dossier sahraoui et les instances internationales. Devant l'ONU, il est censé répondre, en sa qualité de chef du gouvernement de la puissance anciennement occupante du territoire libéré par le Front Polisario. Puissance administrante, l'Espagne est soumise à une stricte neutralité et il lui est même fait obligation d'organiser un référendum d'autodétermination pour céder le territoire en question à ses habitants, du reste représentés par une République naissante et une armée. Pays observateur du processus onusien au Sahara occidental, l'Algérie a répondu à ce reniement par une série de mesures à la hauteur de la gravité historique du lâchage injustifié. Le gel du Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre les deux pays, le rappel de l'ambassadeur en poste à Madrid et la limitation au maximum des échanges commerciaux, à l'exception du gaz naturel, dont les approvisionnements n'ont jamais connu de perturbation. Dans cette crise ouverte, l'économie espagnole y a laissé 2,3 milliards de dollars et surtout perdu un allié stratégique sur la rive sud de la Méditerranée, qui plus est puissance régionale et facteur de stabilité en Méditerranée et au Sahel.
En se coupant d'Alger, Sanchez, Alvares et Borell, ancien responsable gouvernemental espagnol et actuellement commissaire européen des Affaires étrangères, ont tenté de l'accabler. Peine perdue. Au moment même où ils orchestraient leur offensive, la réaction unanime des autres pays européens a totalement isolé l'Espagne. L'absence de solidarité au sein de l'UE et les critiques de l'aile gauche du pouvoir ont mis à nu un gouvernement, dont le bénéfice était plus que maigre. Le Maroc et l'entité sioniste qui l'actionne n'ont été d'aucun secours pour Sanchez. Tant et si bien que l'homme a fini par admettre son erreur et a choisi l'enceinte de l'Assemblée générale de l'ONU pour faire son mea culpa. «La question sahraouie relève des prérogatives exclusives de l'ONU. L'Espagne se pliera à ses décisions», avait-il dit, en substance devant les représentants des 193 pays qui composent la communauté internationale. Ce fut le déclic pour un retour des relations algéro-espagnoles à leur niveau d'avant la crise. L'État espagnol, par la voix de son Premier ministre, a forcé le respect de l'Algérie en refusant de suivre les États européens vassaux des USA. Il a refusé de couper les vivres à l'Unrwa, agence onusienne qui subvient aux besoins des habitants de Ghaza. L'Espagne, avec la Belgique et l'Irlande, auront été des exceptions à la règle occidentale par rapport au génocide perpétré contre le peuple palestinien. Par ce geste courageux, l'Espagne mérite l'amitié de l'Algérie.