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Il s’est adressé aux participants à la rencontre de Davos

Trump impose son tempo à la planète

Il a invité l’Arabie saoudite et l’Opep à «baisser le coût du pétrole», affirmant que «si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine serait aussitôt terminée».

Venez produire en Amérique ou préparez- vous à payer des droits de douane: c’est l’avertissement lancé jeudi par Donald Trump aux grands patrons réunis pour l’écouter à Davos. «Mon message pour toutes les entreprises dans le monde est simple: venez fabriquer vos produits en Amérique et vous bénéficierez des impôts parmi les plus bas au monde», a déclaré le fraîchement investi 47e président des États-Unis. «Mais si vous ne les produisez pas aux États-Unis, ce qui est votre droit, alors, très simplement, vous devrez payer des droits de douane», a ajouté Trump, qui intervenait en visioconférence depuis la Maison-Blanche à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station huppée des Alpes suisses. Son apparition sur un écran géant dans la salle principale du centre de congrès de Davos a été accueillie par de forts applaudissements. L’évènement était très attendu après les nombreux décrets pris et menaces proférées depuis son retour au pouvoir lundi. Une centaine de personnes faisaient déjà la queue pour rentrer trois quarts d’heure avant le début de la session.

Pétrole et guerre en Ukraine
Le président américain a vanté ses plans pour baisser les impôts, déréguler et s’attaquer à l’immigration illégale. Il a aussi invité l’Arabie saoudite et l’Opep à «baisser le coût du pétrole», affirmant que «si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine serait aussitôt terminée». «Monsieur le Président, je suis sûr que le prince héritier d’Arabie saoudite sera très content de votre discours aujourd’hui», a plaisanté Stephen Schwarzman du fonds d’investissement Blackstone, premier des grands patrons invités à poser des questions au président américain depuis la scène de Davos. L’intéressé leur a répondu avec un mélange de félicitations, de promesses et de réprimandes. Le P-DG du géant pétrolier TotalEnergies, le Français Patrick Pouyanné, lui a notamment demandé des garanties sur la sécurité des approvisionnements de l’Europe en gaz naturel liquéfié américain. «Vous l’aurez», a assuré le président. Et s’il a félicité Ana Botín, présidente du groupe bancaire espagnol Banco Santander, pour son «travail fantastique», il a été moins amène avec Brian Moynihan, le P-DG de Bank of America: «J’espère que vous allez ouvrir vos banques aux conservateurs parce que ce que vous faites est mal!»
Donald Trump est déjà venu deux fois en personne à Davos pendant son premier mandat, attirant les foules à chaque fois. Parmi les personnalités remarquées par l’AFP dans l’assistance figuraient, notamment la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI) Kristaline Georgieva et celle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala, l’ex-envoyé spécial américain pour le climat John Kerry, ou encore le président polonais Andrzej Duda.

«Gardez votre calme»
Au mépris de leur indépendance, Donald Trump a également exprimé ses exigences envers les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale (Fed) américaine qui se réunit la semaine prochaine. «J’exige que les taux d’intérêt baissent immédiatement et, de la même manière, ils devraient baisser partout dans le monde», a-t-il asséné. Il a aussi profité de l’occasion pour rappeler que désormais, «il n’existe que deux genres, homme et femme», aux États-Unis, assurant qu’une telle décision allait réduire le nombre d’opérations chirurgicales de transition de genre.
Plus tôt dans la journée, un de ses proches alliés revendiqué, le président argentin ultralibéral Javier Milei, s’était déjà lancé dans une attaque en règle contre le «virus mental de l’idéologie woke», comparé à un «cancer qui doit être extirpé». Il avait également pris la défense de son «cher ami» Elon Musk, devenu incontournable ces derniers mois aux côtés de Donald Trump, mais accusé d’avoir fait un salut nazi lors d’un récent meeting à Washington. L’homme le plus riche du monde, qui a nié que telle était son intention, a «été injustement vilipendé par le wokisme dans les dernières heures pour un geste innocent», a assuré Javier Milei.
En se faisant le chantre de «l’Amérique d’abord», Donald Trump affiche des valeurs à l’opposé du multilatéralisme et du libre-échange dont le Forum économique mondial se fait depuis des années le héraut. Menaces de surtaxes contre le Mexique, le Canada, l’Union européenne ou la Chine, retrait de l’Organisation mondiale de la santé ou de l’accord de Paris sur le climat, volonté affichée de «reprendre» le canal de Panama... Donald Trump a donné un avant-goût de ses intentions depuis son investiture lundi, qui coïncidait avec l’ouverture du Forum de Davos.
«Même si des taxes douanières sont annoncées, s’il vous plaît, gardez votre calme», a toutefois plaidé jeudi à Davos la directrice générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala. Un calme que ne partage pas tout le monde. «Dieu nous garde», a ainsi soufflé en sortant de la salle un spectateur ayant assisté à la prestation de Donald Trump.

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