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Ce que signifie la visite de Macron au Maroc

Le retour de la France-Afrique

La visite de Macron à Rabat a eu lieu, à quelques jours du 170e anniversaire de la naissance du maréchal Hubert Lyautey (né le 17 novembre 1854 à Nancy). Il s'agit de la célèbre figure de l'histoire coloniale de la France et des liens entre l'ancien Empire et la monarchie «alaouite». Est-ce pour rappeler au Makhzen, l'identité du véritable créateur du Maroc actuel?

En dépit des conquêtes historiques arrachées de hautes luttes par les mouvements de libération ayant marqué la deuxième moitié du siècle passé, il n'empêche que le néocolonialisme et le terrorisme qui l'accompagne ont la vie dure. Le grand vainqueur de Diên Biên Phu, suprême humiliation de l'armée coloniale française, le général Nguyen Va Giap l'avait bien dit: «L'impérialisme est un mauvais élève qui ne tire pas les leçons de l'histoire.» Ainsi, la France-Afrique, chassée du Sahel par la porte, tente de revenir par la fenêtre du couple «sionismo-makhzenien».
Et voilà que lors de la visite d'État du président Macron, un accord a été signé entre lui et Mohammed VI par lequel le Maroc se charge de ramener la présence française au Sahel, présence jugée indésirable par le Niger, le Mali et le Burkina-Faso, regroupés au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), le 16 septembre 2023, suite à leur retrait de la Cédéao.
C'est bien la France qui a poussé le Maroc à commettre la forfaiture d'El Guerguerat, en remettant en cause l'accord de cessez-le-feu de 1991, afin de rallier la Cédéao, longtemps courtisée par le Makhzen, sans obtenir le droit d'y siéger en qualité de membre à part entière. Un acte qui a rallumé le feu dans la poudrière au Sahara occidental, poussant la région sur les sentiers de l'instabilité et de l'insécurité.
Hasard du calendrier ou programmation intéressée des décideurs de l'ombre à l'Élysée, la visite de Macron à Rabat a eu lieu, à quelques jours du 170e anniversaire de la naissance du maréchal Hubert Lyautey (né le 17 novembre 1854 à Nancy). Il s'agit de la célèbre figure de l'histoire coloniale de la France et des liens entre l'ancien Empire et la monarchie «alaouite». Est-ce pour rappeler au Makhzen, l'identité du véritable créateur du Maroc actuel. Celui-là même qui est allé jusqu'à choisir l'emblème national de cette monarchie, qui a failli être emportée dans le sillage des actions de l'Armée de libération marocaine (ALM), renforcées par le déclenchement de la guerre de Libération nationale en Algérie.
La restauration de la monarchie, oeuvre exclusive de la France coloniale, faut-il encore le rappeler, s'est faite au détriment du républicain Abdelkrim El Khattabi, héros rifain de la bataille d'Anouel (juillet 1921) et du combat contre les armées espagnole et française, qui a fini ses jours en Égypte où il est toujours enterré, car la monarchie refuse de rapatrier sa dépouille de peur de réveiller la vieille revendication d'une République rifaine libre et indépendante, qui est d'une actualité constante. De même, la République de Salé, ville mitoyenne de Rabat, a été phagocytée par Lyautey pour ouvrir une voie royale à l'installation du nouveau Royaume «alaouite»
L'historien marocain, Nabil Mouline, l'a rappelé sur les colonnes du quotidien français, Le Monde, lors d'un entretien publié le 24 janvier 2024, en disant que «l'emblème marocain est le fruit de tractation entre l'administration française et le Makhzen».
Dès lors, la visite de Macron à l'ancien vassal de l'Empire colonial n'a surpris personne, au vu de l'influence déclinante de l'Hexagone au sein de ces anciennes colonies.
Ainsi et en dépit des frictions, causées par le scandale appelé «Pegasus-gate», mettant en cause les services de renseignements du Maroc, qui avait mis sous écoute des responsables politiques européens, dont Macron lui-même, ce dernier s'est trouvé dans l'obligation de se rabattre sur son allié, le Makhzen, pour tenter de se replacer en Afrique francophone, après sa déconfiture dans la bande sahélo-africaine.
Les principes édictés par la philosophie ayant servi de matrice aux droits de l'homme, dont la France revendique la paternité du célèbre appel universel, furent tout simplement sacrifiés dès qu'il s'est agi des intérêts mercantiles et néo-colonialistes de l'ancien Empire. Macron a signé plusieurs contrats commerciaux incluant les territoires sahraouis, au mépris des décisions successives de la Cour de justice européenne, invalidant, notamment les Accords de pêche entre le Maroc et des pays européens.
Dire que le Makhzen est l'instrument privilégié de la tentative de rétablir la domination du néocolonialisme français et de son allié l'entité sioniste, relève, aujourd'hui, du secret de Polichinelle. Il est également de notoriété publique que, comme le rémora poisson-pilote du requin, le régime du Palais de Rabat est le parrain et le financier du groupe terroriste Mujao activant au nord du Mali pour déstabiliser ce pays frère. Cette démarche ne nous étonne guère dès lors qu'au XIIIe siècle déjà le roitelet du sud-marocain, Mansour Eddehbi, attaquait l'Empire Songhaï, ancêtre du Mali, pour l'annexer, accaparer ses fabuleuses réserves d'or et pourvoir son royaume d'esclaves africains.
En dépit de cette triste réalité de la longue tradition d'expansionnisme des différents roitelets, jusqu'à l'actuel monarque, un Makhzen aux abois fait miroiter l'illusoire accès à l'Atlantique; un projet «réchauffé» qu'il avait proposé à l'Algérie dans un plan de partage du Sahara occidental, un plan colonialiste froidement et fermement rejeté par l'Algérie comme offre basée sur la corruption et le déni colonial des droits imprescriptibles du peuple sahraoui.
Ce faisant, le roi et son hôte français affichent un mépris royal pour l'intelligence et la capacité de discernement des responsables des pays du Sahel qui ne manqueront pas de voir cette tentative de ramener par la fenêtre les manoeuvres d'un serviteur de l'ancien colonisateur. Le temps prouvera que, contrairement à un Makhzen corrupteur et expansionniste, l'Algérie a fait et continuera de faire preuve de sagesse en refusant de s'abaisser à répondre aux provocations aussi tendancieuses que dénuées de toute crédibilité.
Toujours fidèle aux idéaux de la grande Révolution du 1er Novembre 1954, l'Algérie continuera à défendre la souveraineté et l'intégrité territoriale des pays voisins et amis telles que spécifiées dans le principe de l'intangibilité des frontières inscrit dans la Charte de l'OUA et de l'UA.
Le petit monarque de Rabat et ses protecteurs, y compris son parrain génocidaire de Tel-Aviv, feraient bien d'admettre qu'à l'exemple de la Palestine et la République sahraouie, rien ne pourra arrêter les peuples d'Afrique dans leur marche vers l'indépendance, la souveraineté et la dignité.
Comme l'affirmait si justement et le prophétisait le regretté président angolais, Agostino Neto, pour les valeureux combattants de la liberté, Sahraouis et Palestiniens, «A lutta continua, a vittoria é certa!!!»

 

* Doyen des diplomates algériens, ancien secrétaire général adjoint de l'OUA et actuel président de l'Association internationale des Amis de la Révolution algérienne (Aiara).
Noureddine DJOUDI *

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