Baisse du pouvoir d’achat, corruption, détournements des fonds publics…
Le Maroc en ébullition
Une impressionnante manifestation a été organisée à Marrakech au lendemain de la grève générale, des 5 et 6 février, qui a secoué le royaume.

La rue gronde au Maroc. Une colère sociale qui est loin de s’estomper. Le ton monte. Un ras-le-bol né d’une conjoncture socio-économique toxique. Une impressionnante manifestation a été organisée à Marrakech au lendemain de la grève générale, des 5 et 6 février qui a secoué le royaume. Des centaines de personnes, femmes, hommes, jeunes et vieux ont battu le pavé à l’appel de l’Association marocaine pour la protection des deniers publics pour dénoncer la détérioration des conditions sociales déplorables, la marginalisation et banalisation de la corruption…
Les manifestants ont dénoncé la détérioration du pouvoir d’achat, la corruption et le détournement des fonds publics, scandant des slogans contre l’appauvrissement du peuple marocain et en faveur de la transparence et de la justice. Leurs revendications ont notamment porté sur la séparation entre le pouvoir et l’argent. Des pancartes ayant pour slogans : « Protéger les lanceurs d’alerte », « Responsabilité et reddition des comptes » et « Criminaliser l’enrichissement illicite » ont été également brandies. Cette nouvelle manifestation n’est pas exceptionnelle. Le royaume est en ébullition depuis il y a déjà quelques mois. Rien que pour ces dernières semaines, il a été recensé plus de 100 manifestations dans 58 villes en une seule journée, notamment contre les accords de normalisation avec l’entité sioniste signés en 2020 qui a eu comme effet collatéral l’expropriation de Marocains. Sommés de libérer leurs biens immobiliers et fonciers au profit d’Israéliens qui prétendent en être les propriétaires légaux. Des juifs marocains qui ont émigré en Israël en 1948, ou leurs descendants sont retournés au Maroc pour réclamer « leurs biens » après les accords de normalisation signés en 2020 entre Rabat et Tel-Aviv. Une situation qui s’apparente à celle que subissent les Palestiniens de la part de l’entité sioniste. C’est en tout cas, ce qu’expriment ceux qui en sont victimes. En novembre dernier, ce sont les sinistrés du séisme d’El Haouz qui ont organisé un sit-in. Survenu le 8 septembre, son épicentre a été localisé dans le Haut Atlas à 71,8 km au sud-ouest de Marrakech, dans la commune rurale d’Ighil, province d’Al Haouz, région de Marrakech-Safi. De magnitude de 6,9, il avait provoqué la mort de 2 960 morts et 6 125 blessés, près de 90 % des victimes étant recensées dans les seules provinces d’Al Haouz et de Taroudant. Les sinistrés avaient organisé le 21 novembre 2024 un sit-in à Chichaoua, à l’ouest de Marrakech pour réclamer leurs droits spoliés, face à une indifférence gouvernementale flagrante et à une corruption scandaleuse dans la distribution des aides. Les fonds destinés à la reconstruction auraient été dilapidés au profit des proches du pouvoir. La fronde est cependant généralisée. Elle a touché également les robes noires. Les tribunaux marocains ont été paralysés entre le 1er et le 11 novembre en raison d’une grève générale des avocats qui avaient dénoncé la situation désastreuse dans laquelle ils évoluaient et la campagne de ciblage sans précédent visant la corporation. Un mouvement de protestation auquel il faut ajouter celui qui touche le secteur de l’Éducation nationale confronté depuis quatre mois à une grève illimitée des enseignants. Les grèves, accompagnées de manifestations massives et impliquant un tiers du corps enseignant du pays, ont commencé progressivement le 5 octobre dernier, un mois après le début de l’année scolaire et coïncidant avec la Journée mondiale des enseignants. Elles ont débuté avec une journée de grève par semaine pour atteindre quatre jours, entraînant ainsi la perte de 50 jours de classe pour 7 millions d’élèves, écrit, le 14 janvier, Maghreb Online, sur son site. Autant de cris de colère et de détresse que le pouvoir marocain semble prendre à la légère. La rue, quant à elle, ne lâche pas et fait monter la pression. Gare à l’explosion !