Nouvelle-Calédonie
Le leader à l'origine du soulèvement arrêté
Sept autres personnes ont également été placées en garde a vue au même moment.

Huit personnes ont été arrêtées hiermatin dont Christian Tein, le leader du mouvement à l’origine du soulèvement contre la réforme du corps électoral, a confirmé le parquet. M. Tein est considéré comme le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation créée en novembre 2023 et dont les responsables sont accusés par les autorités d’être les commanditaires des violences ayant secoué l’archipel français du Pacifique Sud. Sept autres personnes ont également été arrêtées au même moment mais leur identité n’était à l’heure pas précisée. Les huit suspects ont été placés en garde à vue. Celles-ci pourront durer jusqu’à 96 heures, «s’agissant de faits relevant de la criminalité organisée», a précisé le procureur de la République de Nouméa Yves Dupas dans un communiqué. Le parquet de Nouméa avait ouvert le 17 mai une enquête notamment pour association de malfaiteurs visant «des commanditaires» présumés des émeutes, dont «certains membres de la CCAT». Depuis le 13 mai dernier, la Nouvelle-Calédonie est en proie à de violents troubles provoqués par l’adoption par l’Assemblée nationale d’un projet de loi de réforme constitutionnelle permettant un dégel du corps électoral, qui, selon ses opposants, marginaliserait davantage le peuple autochtone kanak.
Les émeutes, sans précédent depuis les années 1980 sur le «Caillou», ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts matériels se chiffrant à 1,5 milliard d’euros. Plus de 3.000 militaires, gendarmes et policiers ont été déployés sur place. La CCAT, frontalement opposée à la réforme électorale, est dans le collimateur du gouvernement depuis le début des émeutes, les autorités accusant ses responsables d’être les commanditaires des violences. Le collectif indépendantiste avait été qualifié d’»organisation mafieuse» par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Hier matin, le siège de l’Union calédonienne, qui abrite également des bureaux de la CCAT, a été bouclé par les forces de l’ordre. Le barrage installé dans la rue par les militants a été déblayé. Selon plusieurs témoignages, le bâtiment a été perquisitionné.»Les forces de l’ordre sont entrées dans les bureaux et ont pris des photos, notamment de documents», a assuré Reine Hue, une élue (UC) de la province des Iles. Ce sont les locaux de la CCAT qui étaient visés, a confirmé le procureur de la République, qui précise que «cette opération s’est déroulée sans incident». Dans un communiqué, l’Union calédonienne a dénoncé ces arrestations, menées alors que M. Tein, également commissaire général de l’UC, «était en route pour Nouméa, où il devait tenir une conférence de presse». Elle «dénonce ces arrestations abusives alors que des responsables locaux anti-indépendantistes et des miliciens criminels se pavanent en toute liberté» et «demande des explications immédiates sur toutes ces arrestations gratuites». Le parti appelle toutefois ses militants «à ne pas répondre à la provocation» et appelle au calme «dans l’attente de plus d’information sur ces interpellations».