67 morts dans un bombardement des FSR à El Fasher
Le conflit au Soudan atteint son paroxysme
Au moins 67 personnes ont été tuées dimanche dans un bombardement d’artillerie mené par les Forces de soutien rapide (RSF) sur la ville d’El Fasher, capitale de l’État du Darfour du Nord situé dans l’ouest du Soudan, ont annoncé lundi les Forces armées soudanaises (SAF). « Parmi les victimes figuraient 30 femmes, 17 enfants et 20 hommes», a fait savoir la 6e division d’infanterie dans un communiqué, identifiant toutes les victimes comme des civils. Des affrontements ont éclaté dimanche et lundi entre les SAF et les RSF dans la partie est d’El Fasher, et les SAF ont détruit plusieurs véhicules de combat des RSF. Les affrontements armés entre SAF et RSF ont marqué récemment une escalade sur trois fronts, dont la capitale de Khartoum, l’État d’Al-Jazirah dans le centre du Soudan, et les alentours de la ville d’El Fasher dans l’ouest du Soudan. Selon des témoins, les Forces armées soudanaises ont lancé lundi des frappes aériennes ciblant la zone sud de Khartoum contrôlée par les RSF. Les SAF ont connu récemment des progrès importants dans l’État de Khartoum, avançant ses opérations dans la ville de Bahri et capturant plusieurs zones. Toutefois, les RSF conservent un bastion majeur dans cette ville, la zone du Nil oriental. Le Soudan est enlisé depuis la mi-avril 2023 dans un conflit dévastateur entre SAF et RSF, conflit qui a fait au moins 29 683 morts et plus de 15 millions de déplacés. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) perdent du terrain dans leur guerre sans merci contre l’armée soudanaise depuis près de deux ans, en raison d’erreurs stratégiques, de divisions et de contraintes d’approvisionnement, estiment des analystes. L’armée a récemment engrangé des gains importants, inversant la tendance de la guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 12 millions de déplacés depuis le début des hostilités en avril 2023 dans ce pays d’Afrique de l’Est. En janvier, l’armée a fait une incursion dans le centre du Soudan, reprenant Wad Madani, capitale de l’État d’Al-Jazira, avant de jeter son dévolu sur la capitale Khartoum. En deux semaines, elle a repris son quartier général et s’est emparée de la raffinerie de pétrole d’Al-Jaili, la plus grande du pays, au nord de la capitale. Aujourd’hui, les FSR ont davantage de difficulté à se fournir en armes et leurs efforts de recrutement ont faibli. Le manque de formation de nombreux combattants les rend plus vulnérables aux affrontements prolongés. À l’inverse, l’armée a eu le temps de se ressaisir, de recruter et de se réarmer.
Selon un ancien général soudanais, l’armée a élargi sa base, mobilisant des volontaires, des milices alliées et d’autres branches de l’appareil de sécurité. Les Forces d’opérations spéciales (FOS), appartenant aux services de renseignements, dissoutes en 2019, ont été rétablies. Ce sont des unités «entraînées à la guerre urbaine qui jouent un rôle essentiel», a-t-il déclaré. Les FSR se sont quant à elles fragilisées en étirant excessivement leur ligne de front. Plus de 1200 km séparent leurs bastions au Darfour, vaste région occidentale, de Khartoum, la métropole âprement disputée. Les réseaux tribaux du Darfour ont fourni des troupes aux FSR, tandis que ses frontières avec le Tchad et la Libye ont permis d’acheminer un soutien crucial des Émirats arabes unis, selon des experts et l’ONU. Les attaques répétées de l’armée, notamment au Nord-Kordofan, ont rendu le ravitaillement des FSR «à la fois difficile et périlleux». Mais, au-delà de la logistique, «leur capacité à commander leurs forces de manière cohérente et organisée à travers le pays a été mise à rude épreuve». À Wad Madani, la défection d’Abou Aqla Kaykal, ancien commandant des FSR à Al-Jazira, au profit de l’armée, les a affaiblis. Ces revers ne signifient pas pour autant la défaite des FSR, ni la fin imminente du conflit. Ces dernières semaines, ils ont frappé des centrales électriques, la plus grande raffinerie du Soudan, le seul hôpital en activité de la capitale du Darfour-Nord, El-Facher, et un marché à Omdourman. Dans une vidéo vendredi, Mohamed Hamdan Daglo a juré d’«expulser» l’armée de Khartoum. Mais le principal objectif se situe à 1000 km à l’ouest de la capitale: El-Facher, la seule grande ville du Darfour qui lui échappe. Assiégée sans succès depuis mai, El-Facher est l’objectif principal des FSR qui engagent toutes leurs forces pour s’en emparer.