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La crise autour du juge Bitar menace la survie du pays

Il était une fois le Liban

A quoi jouent les Libanais qui attisent les feux de la fitna, depuis bientôt une semaine, alors que le sang a encore coulé à Tayouné, lors d'une manifestation des formations chiites, le Hezbollah et Amal, exigeant la démission du juge Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur le scandale sanglant du port de Beyrouth? Sans doute pas tous ceux qui ont en mémoire la tragédie des années 1975-1990 et dont le souci majeur est de garantir à leur famille une subsistance hypothétique, en pleine crise socio-économique. Quant à la jeunesse libanaise qui s'est battue, pendant de longs mois, pour une justice et une prospérité de moins en moins accessibles, elle sombre dans un désespoir qui laisse indifférents les dirigeants de toutes obédiences, arc-boutés à leurs prérogatives de sauveteurs providentiels et, surtout, à leurs intérêts propres, malgré un navire libanais au lent et inexorable naufrage. Peut-on croire que c'est là une fatalité, voire une malédiction pour tout un peuple, certes contrasté et tributaire d'une fresque ethnique et religieuse ô combien disparate?
Souvent, les observateurs ont conclu à la menace d'un volcan assoupi dont le réveil inévitable aura des conséquences plus terribles que par le passé.
Et pourtant! Même s'il ploie, depuis sa création, sous le joug de multiples religions, partis, chapelles et autres clans, le Liban a longtemps figuré au panthéon du Monde arabe, grâce au génie particulier de ses composantes diverses, hostiles les unes aux autres et irrémédiablement condamnées à composer pour exister. Le drame, cette fois-ci, est que l'affaire Bitar focalise une rupture, certes politique et religieuse, déjà ancrée, mais aussi une déchirure mortelle autour de la justice. Celle-ci conditionne les attendus du gouvernement et du Parlement, tant qu'elle est censée incarner la troisième voie à laquelle peut avoir recours la société, dans son ensemble. En brandissant son glaive, elle agit en parfaite légitimité pour dire son jugement quant aux responsabilités exactes dans l'affaire de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth. Vouloir tenter une OPA sur elle, comme sur d'autres institutions, c'est nier, par avance, le droit à une transparence de la chose politique et économique, dont on imagine que l'establishment, notoirement corrompu, a tout à redouter.
En cherchant à renvoyer à ses chères études le juge Tarek Bitar, c'est tout le gouvernement Nagib Mikati qui se découvre pris en otage, un mois seulement après sa constitution, dans les conditions et les difficultés qu'on a peine à imaginer.
Les formations chiites ont, en effet, conditionné la présence de leurs ministres au départ du magistrat incriminé. Et, avec Mikati, c'est le président Michel Aoun qui se retrouve dos au mur, en rupture de ban avec ses alliés, Hassan Nasrallah et Nabih Berri, face à une rue qui bouillonne de douleurs et de colères indicibles. Est-il si difficile de transcender les calculs étroits et d'agir, ne serait-ce qu'une fois, en faveur de la sauvegarde du Liban, plus menacé que jamais, à sa frontière avec l'Etat hébreu et en son sein? Il faut espérer que non.

De Quoi j'me Mêle

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